Au cours d'une escapade parisienne,
on a retrouvé Valentine et Baptiste du groupe Unibox au Studio Bleu
10ème. Interview à l'image du premier EP du groupe sorti en
janvier : légère et chaleureuse.
Unibox, à leurs débuts, c'est une
histoire d'insomnie : « Je ne dormais pas beaucoup
la nuit et pour m'occuper, je composais beaucoup avec
mon ordinateur. »
(Valentine).
D’où ce
murmure incessant qui berce l'EP :
« J'enregistrais
la nuit et il ne fallait pas que je réveille mon frère, donc je
suis partie la dessus et puis j'ai fait écouter
pour sortir de cette bulle insomniaque et les retours ont été
plutôt intéressants, j'arrivais tout d'un coup à faire entrer les
gens dans ma bulle, j'arrivais à capter les gens
différemment. Je trouve cette façon de parler très
intéressante » (Valentine)
A partir de ce moment, la bulle
s'est agrandie pour devenir une joyeuse « fanfare acoustique »
de huit musiciens, pour se rétrécir à nouveau un an plus tard et
former une « boîte ».
« A l'origine,
le nom vient d'un tag dans le métro, après le concept
de boîte, c'est rigolo on peut mettre plein de choses à
l'intérieur, et puis ce n'est qu'une seule boîte, on retrouve notre
cocon, notre bulle... sauf que c'est une bulle carrée »
(Valentine)
« Et ça il y a
peu de gens qui arrivent le faire... et puis c'est dans
l'air du temps, les box (rires) » (Baptiste)
Une bulle carrée à six faces
donc : Valentine (claviers et voix), Baptiste (batterie,
dépannage, mandoline...), Loïc (guitare), Théo (basse), Adeline et
Alice (auteures des textes).
« On a réduit l'ampleur pour
être beaucoup plus fort en intensité, proposer des sons beaucoup
plus travaillés » (Valentine)
« A quatre
tu as beaucoup plus de latitude pour bosser les sons »
(Baptiste)
Un changement n'arrive jamais seul,
le groupe passe ainsi de l'anglais au français, « Parce
qu'on est pour la langue française (rires). »
(Valentine)
« C'est un peu
la facilité l'anglais...et puis être meilleur que les
anglais sur de l'anglais c'est pas évident. » (Baptiste).
Mais de quels anglais parlons-nous
au juste ? «Il y a Neil Young, JJ Cale qui peuvent se rapprocher de nous dans les
sons rythmiques qu'on recherche à la batterie ou à la basse, des sons
très mats, très doux. Et puis après il y a les standards : Beatles et
tout ça...Mais si on parle de français, il y a un artiste que j'aime
beaucoup en ce moment c'est Bertrand Belin, c'est le type de son que
l'on recherche, il y aussi LE groupe à la mode en ce moment à Paris,
FAUVE.
Unibox créé son univers, un
univers de mots qui nous évoque entre autres Camille, Jane
Birkin, Gainsbourg (le père mais aussi et surtout la fille),
Mc Solaar : « Je suis plus MC Solaar
que Grand corps malade que je n'écoute pas trop. »
(Valentine). Des chansons comme Caroline non ? « C'est
marrant que tu en parles parce que c'est une reprise
qu'on est en train de bosser en ce moment. »
Les mots ce sont Adeline et Alice
qui les écrivent : « On leur envoie
les instrus avant, on décide des sujets, des couleurs, du style. On
choisit l'auteure en fonction de la prod (elles
écrivent séparément), ensuite on fait des allers-retours,
elles nous expliquent comment elles ont conçu la chanson pour que
l'intensité soit la même. On a du vécu en commun, c'est plus
facile, elles connaissent ma sensibilité, elles savent comment je
vais toucher les gens avec. » (Valentine)
La singularité d'Unibox réside
avant tout dans le murmure de la voix. Oscillant entre slam et chant,
il se pose toujours légèrement sur des arrangements épurés,
« très aériens ». Et il sonne juste, chaque syllabe
résonne.
« MC Solaar
fait très attention au flow, je suis très sensible à
ce genre de choses, pour ça j'ai beaucoup travaillé
avec Baptiste, Loïc le guitariste et notre ingé'
son. C'est très dur d'avoir un ton juste. »
(Valentine)
« La manière
dont elle place les mots est assez instinctive, après on a travaillé
en studio quand on a enregistré cet hiver, pour équilibrer sur la
métrique de la musique. Quand il y a plus de chant, la mélodie
conditionne le placement des mots, là tout doit passer par le
rythme, c'est une autre manière d'aborder les choses. »
(Baptiste)
A la première écoute, on est dans
l'attente, on pense que la voix va s'emballer. Et arrivé à la
dernière note, on comprend qu'on est conditionné par une certaine
vision de la musique qui exige une voix chantée lorsqu'on entend une
instrumentation pop folk. Alors on réécoute et on trouve la mélodie
que la voix suggère, le rythme. Et au fur et à mesure de l'écoute,
on commence à percevoir une foule de petits détails...
« On
travaille beaucoup sur la petite touche, c'est ce que je trouve super
intéressant dans ce qu'on a fait avec l'ingénieur du son, on a
passé des heures à travailler le son (et à boire des coups... ),
sur les petits détails qui ne s'entendent pas forcément à la
première écoute. Un morceau pour le terminer ça nous prend
des mois, il passe par plusieurs stades.» (Baptiste)
On entend parfois un piano façon
Yann Tiersen (sur La fille
de l'air, Suis
moi...même les paroles de Les grains rappelle Amélie
Poulain), des rythmes jazzy, mais aussi des petits moments électros
(De toi à moi).
« Sur les
prochains morceaux, l'idée c'est de mettre un peu plus
de boucles électros. » (Baptiste)
« Des petites
touches, des petites paillettes, on est pas très expansifs,
on est dans l'énergie retenue. » (Valentine)
Ce sont ces petites paillettes qui
font la magie de l'EP, musicalement carré, poétiquement rond. Le
son est chaleureux. « On veut que les gens se
sentent chez eux ». Quand on leur demande de décrire
leur son ou lorsqu'on lit leur biographie, ce sont les mots
« boisé », « organique » qui reviennent. On
retrouve ce même bois aux couleurs chaudes sur
la pochette.
« Le terme organique vient du
studio, c'est pour l'opposer aux sons numérique... Tu vois le
son des marimbas ? C'est boisé, c'est du vrai son... D'ailleurs
il faudrait qu'on ait des marimbas sur le prochain morceau,
après la mandoline ça fera bien... C'est du son plus
proche de l'humain.» (Baptiste)
« On a
enregistré dans une vieille maison avec un vieux parquet, avec des
poutres, et le son avait une couleur très particulière, c'était le
mot, on cherche un son chaud. » (Valentine)
« Donc pour
résumer, vous faîtes de la musique BIO... » (Our
Degeneration)
« Ah ! C'est un
super concept ça, un album au bilan carbone
très faible. » (Valentine
« Musique
équitable, un EP acheté, un paquet de café offert ! »
(Our Degeneration)
Unibox est donc un EP
à écouter tranquillement pour s'imprégner des sons, des couleurs
et des images que la musique amène. Mais la perspective du
live titille notre curiosité...
« On veut
d'abord que le public s'approprie la musique personnellement et qu'il
la redécouvre d'une autre manière sur scène. Le choix de la
salle est très important, il faut que le son soit bon pour murmurer,
on cherche un coin où c'est tranquille. On
réfléchit à un concept de concert cosy, les concerts en
appartement, où les gens sont vraiment assis dans leur canap' !
» (Valentine)
« Sinon on va
installer des canapés dans les salles de concert (rires) ! Il
faut arriver à créer un cocon sur scène mais avec assez d'énergie,
pas forcément pour que les gens dansent mais pour créer une
ambiance. » (Baptiste)
Dans les mois qui viennent, Unibox
entend bien défendre son EP. (Peut être un passage par Lyon...?)
« Il faut refaire de la scène,
aller voir les gens ! » (Baptiste)
« C'est là que la musique se
passe ! On attend de voir les retours et puis on aime bien
tester les chansons sur scène. » (Valentine)
Et pour ce qui est des futurs
enregistrements, ça a également l'air d'être bien parti !
« On souhaite partir soit sur
un deuxième EP, soit sur un album. Le
premier EP, l'objectif c'était d'avoir un objet,
maintenant le projet ne demande qu'à évoluer !
On aimerait construire un vrai visuel. Et puis on a les
compos pour repartir sur un... double album best of (rires) !»
(Baptiste)
« C'est fou, Baptiste
arrive toutes les semaines avec une nouvelle compo... »
(Valentine)
« Moi la
perspective de retourner en studio (soupir de
contentement)...c'est Disney Land un studio ! »
(Baptiste)
Les questions
traditionnelles Our Degeneration
La dernière chanson que vous
avez écoutée ?
Valentine : Saycet
Baptiste : T-rex, Ride a white swan
Le dernier album que vous avez
acheté ou téléchargé (illégalement...ou pas) ?
Baptiste : Alt-J, An Awesome Wave
Valentine : La BO d'un
documentaire.
Le dernier film que vous avez
vu :
Baptiste : Argo de Ben Affleck
Le dernier livre que vous avez lu ?
Valentine : Une BD :
Joséphine de Pénélope Bagieu
Un souvenir de concert ?
Baptiste : Paul McCartney il y a
un an à Bercy.
Valentine : Un concert Noomiz je
pense.
Noomiz : http://www.noomiz.com/unibox
Mathilde
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