RENCONTRE AVEC TACHKA
Il était une fois Natacha, une jeune chanteuse pleine
d’ambition, « créative, empathique, joyeuse et bizarrement associable,
parfois » d’origine danoise.
A son arrivée sur Lyon, il y a 6 ans, elle achète un piano,
se met à composer, puis participe à une scène ouverte au Ninkasi, et de fil en aiguille, rencontres après rencontres,
nous voici aujourd’hui une semaine après la sortie de son premier EP, Silent Opera.
Photographie Me & Edward |
« J’ai
l’habitude d’aller souvent travailler dans des restaurants à Copenhague l’été.
Une année, une des cuisinières qui était polonaise m’appelait Natachka.
Je cherchais un nom à cette époque donc « Natachka » s’est transformé
en « Tachka », et je l’ai gardé pour la musique. »
Des chansons très personnelles, illustrant chacune une
histoire, un univers dans lequel le texte tient une place primordiale.
Our Degeneration : Quels ont été tes débuts dans la chanson ?
Our Degeneration :
Aujourd’hui, quel genre de morceaux composes-tu ?
Tachka :
J’aime les histoires, ce qui fait recours à l’imagination. Le visuel d’un
morceau est très important pour moi. Je cherche le côté théâtral, un peu comme
dans Pierre et le Loup avec la clarinette, les instruments qui se
répondent.
Our Degeneration :
D’où te vient l’inspiration pour écrire ces histoires ?
Tachka : Sous la douche, cela me prend d’un coup
et je dois courir pour noter ça ! (rires) Plus sérieusement, je compose
quand je m’ennuie, du coup je recherche ce genre de moments pour jouer sans but
précis et réfléchir à ce que je fais.
Parfois, ça part du texte, ou de la mélodie (que ce soit à
la guitare ou au piano). Cela peut prendre entre 1h et … 2ans !
Our Degeneration :
Aux travers de tes textes, quel message cherches-tu à faire passer ?
Tachka : Je veux donner du sens à mes chansons,
qu’il y ait quelque chose à revendiquer mais sans tout mélanger. J’utilise
beaucoup l’ironie dans mes textes pour dénoncer tout en gardant une certaine
distance. Pour moi, la musique est un moyen de formuler les choses autrement en
donnant son avis personnel sur certains sujets. Par exemple dans Pumpkin Pie,
qui raconte l’histoire d’une ménagère dont l’unique but est de préparer des
tartes : cela peut dénoncer d’un côté la société de consommation, mais
surtout le manque d’intérêt des gens pour les choses qui les
entourent. On retrouve cette idée dans The Indians aussi.
Un tout nouvel EP, Silent
Opera, sorti jeudi 19 septembre, qui permet d’ajouter aux textes un
accompagnement musical riche.
« Je
voulais une pochette qui interpelle, que les gens se disent :
« Tiens, ça à l’air bizarre » et j’espère que l’effet est
réussi ! »
Our Degeneration :
Comment tu as vécu cette sortie d’EP, jeudi dernier ?
Tachka : J’ai porté le projet toute seule, ce
qui veut dire beaucoup de fatigue, de stress. Je me dis aussi que si ça ne
marche pas, ce ne peut être que de ma faute (rires) ! Un EP ça représente
forcément un certain travail mais tout s’est bien passé, dans les délais, sans
catastrophe, et maintenant je suis très heureuse de pouvoir enfin partager ça
avec les autres. J’ai eu beaucoup de chance de travailler avec les studios
Mikrokosm, cela s’est vraiment bien passé.
Our Degeneration :
Pourquoi « Silent Opera » ?
Tachka : Je voulais jouer sur les contrastes, en
mêlant les nombreux arrangements musicaux avec le silence, qui pour moi est
très important dans un morceau.
Our Degeneration :
La pochette de ton EP est originale, c’est toi qui l’as réalisée ?
Tachka : Oui je l’ai faite moi-même, d’abord
parce que je n’avais plus les moyens de payer quelqu’un, mais surtout parce que
je voulais que ça reste personnel pour taper juste. C’est parti d’un griffonnage
puis en un après-midi j’avais terminé ! C’est un coup de bol que ça soit
venu comme ça.
Our Degeneration :
Tu es donc assez polyvalente. D’autres arts t’inspirent pour ta musique ?
Tachka : Je suis persuadée que tous les arts se
rejoignent entre eux. J’ai été très inspirée par le livre que j’ai lu
récemment, Just Kids, dans lequel Patty Smith nous fait part de sa
création continuelle avec Robert, que ce soient des bijoux, des chansons, ou des
poèmes. Cela permet de se les représenter de manière différente et pour
moi ça montre que ce sont des artistes accomplis. D’où la pochette de l’album,
qui est un autre moyen de me représenter. A part ça, je fais quelques bijoux,
de la peinture, et du bricolage. Je suis assez créative, dans pleins de domaines,
mais je n’ai pas de talents fous. Je fais un peu de photo aussi, avec Me
& Edward (John, le photographe est un ami de longue date). Cela permet
d’illustrer ma musique.
Des concerts intimistes, pleins d’émotions.
Our Degeneration :
Comment te sens-tu sur scène ?
Tachka : Cela dépend un peu des scènes, mais en
général je suis assez stressée avant un concert, alors je prends du magnésium
(rires) ! Mais c’est un stress positif, il m’aide à trouver la rigueur
dont j’ai besoin sur scène. Après, je ne joue pas la carte du mystère, je suis
moi-même, ou presque. J’ai vraiment besoin de rentrer en contact avec public
car mes chansons sont très personnelles. Je n’aime pas jouer devant une salle
plongée dans le noir. En concert, les moments que j’apprécie le plus sont ceux
où j’entends un rire ou quand je vois quelqu’un sourire : et là, c’est
gagné ! Une fois, on m’a dit « Quand t’es sur scène t’as l’air
possédée ! », c’est vrai que je me lâche mais je ne suis pas non plus
complètement folle !
Our Degeneration :
Nous t’avons vu avec les Ladybug and the Wolf récemment à La Marquise : tu
étais seule sur scène, avec une guitare et un piano. As-tu des projets de
groupe ?
Tachka : J’ai joué avec pas mal de gens
différents depuis mes débuts, mais les projets n’aboutissent pas tous.
Maintenant, je sais un peu plus ce que je veux faire donc c’est plus simple de trouver
des musiciens avec qui travailler. Aujourd’hui, j’aimerais une formation fixe
avec une clarinette et une contrebasse pour rester intimiste tout en
enrichissant certaines chansons.
Our Degeneration :
Quel est ton avis sur la scène lyonnaise ?
Tachka : J’aime beaucoup la scène lyonnaise, il
y a des groupes géniaux comme Erotic Market. Je m’intéresse aussi aux groupes
que je rencontre sur scène comme Sarah Mikowski avec qui j’ai joué aux
Subsistances puis au Toï Toï. Depuis, je suis devenue une grande fan de ce
qu’ils font !
Our Degeneration :
Quelles sont tes scènes préférées à Lyon ?
Tachka : Le Toï Toï est une salle très chouette.
J’y ai joué plusieurs fois et j’aime beaucoup l’ambiance. J’espère jouer un
jour à l’Epicerie Moderne, qui est une salle exceptionnelle, de très bonne
qualité et avec une programmation vraiment sympa.
Our Degeneration :
Un artiste avec qui voudrais jouer ?
Une jeune chanteuse folk, un peu barrée, à Paris :
Marie-flore, elle est super classe ! Un groupe danois aussi, Under Byen.
Leur style est planant, et leurs sonorités se marieraient bien avec celles de
mes chansons.
Our
Degeneration : Un festival auquel tu voudrais participer ?
J’aime beaucoup le cadre et la bonne atmosphère de
Rock-en-Seine. Le festival Roskilde aussi, au Danemark, il est idéal pour
artistes émergents : ils ont vraiment l’art de créer une atmosphère
adaptée aux petits groupes malgré le lieu immense.
Les quelques
questions spéciales Our Degeneration :
- Ta dernière chanson écoutée : Bird In An Aeroplane d’Oh Land !
- Ton dernier album : C’est peut-être celui d’Erotic Market. Ah non, c’était avant, le dernier c’est Alt-J !
- Ton dernier film : C’était hier, Le Majordome, j’ai été déçue mais j’ai aussi vu Jeune et Jolie, que j’ai beaucoup apprécié.
- Ton dernier livre : (rires) Ca va faire peur peut-être, Bardo or not Bardo d’Antoine Volodine, qui raconte la réincarnation des Lamas (religion lamaïste).
- Un souvenir de concert : Le dernier en date, Sigur Ros à Fourvière : c’était la première fois que je pleurais pour un concert !
Retrouvez le nouvel EP de Tachka en attendant la sortie d’un
album, prévue peut-être pour mars prochain !
Ø
Pour l’écouter, c’est par ici : http://www.deezer.com/fr/search/tachka
Ø
Pour l’acheter, c’est par-là : http://tachka.bandcamp.com/
Lisa
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