La Pie + JÜNE
14 mars 2012
Médiathèque de Vaise
Les premiers signes du printemps.
Chaleur pré estivale. Ciel translucide.
C'est à la médiathèque de Vaise,
avant les derniers rayons de soleil que deux trios folk de la section
musique actuelle du conservatoire se produisent. La Pie et Jüne. Il
ne servirait à rien de mentir. Si La Pie était un groupe
convaincant, Jüne a fait plus que convaincre. Les deux groupes
sont cependant différents et il n'est pas question de faire une
comparaison.
La Pie. Deux guitares plutôt
virtuoses, parfois une trompette (qui apporte un petit côté vieux
film noir et blanc en bord de mer...mais on s'égare), et une voix
soul ou reggae à souhait.
Des textes tour à tour en français ou
en anglais. Des rimes improbables et des paroles hippies écolos. Le
tout forme une somme assez homogène d'influences variées. On passe
de la soul, au jazz, au reggae, parfois au blues sans s'en rendre
compte. L'ensemble se tient, mais c'est la dernière chanson qui fera
décoller le concert. L'odeur du tabac. Cigarette. Cette belle voix
est enfin exploitée en profondeur. Une petite détonation de
couleurs pour une fin réussie.
Jüne s'installe. Look fleuri très
frais, un peu vintage sur les bords. Tout est dans le naturel. Les
styles différents de ces trois demoiselles créent un assortiment
harmonieux. Si je vous décris tout cela, ce n'est pas parce que j'ai
décidé de devenir spécialiste de la mode (je laisse ce sujet à
des personnes plus compétentes que moi), mais parce que ces filles
ressemblent à leur musique.
Un bol d'air frais qui finit de nous
convaincre que c'est le printemps...Je disais donc, une musique
fleurie, fraîche et naturelle.
Formation inhabituelle donc forcément
originale : une guitariste (la réincarnation de Lou Doillon ?
Je crains de ne pas être la première à le dire) pour le folk, une
violoncelliste pour le swing, le côté pop de chambre, le rythme et
un petit bijou de voix qui fait (presque tout) le reste. C'est comme
la cerise sur le gâteau.
Mais ce qui fait Jüne, on le sent,
c'est leur joie de vivre communicative, elles ont le sourire
contagieux.
Leurs arrangements sont tout simplement
bluffants et leurs chansons toujours surprenantes. Elles empruntent
des chemins inconnus jusqu'ici. Bien sur on pourrait les comparer à
d'autres. Les premières qui me viennent à l'esprit sont les Puppini
Sisters, trio de pin up des 40's modernes aux voix enchanteresses. On
pourrait aussi citer Camille pour la complémentarité des voix
(c'est impressionnant comme la deuxième met en valeur la première
sans pour autant rester dans l'ombre et verser dans la banalité d'un
contre chant à la tierce). Elles font également penser à Brigitte
évidemment, pour le style. Mais aussi Revolver qui, comme ses
membres aiment le dire fait de la pop de chambre (un mélange de voix
entre paroles et vocalises popisées, un violoncelle, des guitares
folk, Jüne au masculin). Il y parfois quelques petits airs de The
Two, en effet les deux chanteuses boxent dans la catégorie « voix
magiques qui peut faire n'importe quoi en restant juste et belle » :
graves, aigus, chuchotements, montées, descentes, tout paraît si
simple. Celle de Laura, la chanteuse de Jüne est à la fois
enfantine et pleine de profondeur, jeune, joueuse, légère mais
grave. Innocent Soul. Rageant non ?
On a beau comparer Jüne à des noms
connus, elles ont quand même le petit « je ne sais quoi »
qui fait tout. Peut être est-ce le charisme de Laura sur scène ou
alors les petits pas de danse de Tanais, la violoncelliste, ou encore
le côté Patti Smith de la guitariste Léa (ok, toute à l'heure
c'était Lou Doillon, je n'arrive pas à me décider).
Pas facile de croire qu'autant de
talent se cache dans ces trois jeunes donzelles. Leur set est comme
un album qu'on écouterait en boucle, le genre de musique qui ne
lasse pas.
Difficile de trouver des points
faibles, je n'en ai même pas l'envie. Si les petits « foirages
scéniques » (que personne n'a entendu) s'effaceront avec le
temps et les scènes, le reste était irréprochable. Mais pourquoi
s'évertuer à chercher la petite bête au lieu de simplement dire
que j'ai aimé et vous conseiller d'aller les voir au plus vite ?
J'attendrais de les revoir en concert et d'écouter plus en détail
des enregistrements pour analyser en détail cette musique si
rafraîchissante, trouver un petit défaut pour finir par aimer
encore plus.
JÜNE IS HYPE !
Mathilde
A écouter : 1993 de JÜNE, Mr Sandman des Puppini Sisters, Ma Benz de Brigitte ou Coeur de Chewing Gum, Balulalow des Revolver, Everyday des Two.
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