« Toujours la même chanson pour
me réveiller. « Ventura Highway « , d'America. Je
ne sais pas si je l'aime parce qu'elle porte mon nom ou pour le thème
de guitare. Cela fait huit ans que le CD est dans mon réveil. Il a
dû s'incruster. ». C'est en ce matin du 24 Mars 2008 que Sam
Ventura prend une grande décision. Il va reprendre le trading.
Refaire fortune. « Pas d'objectif fixé, mais une somme qui ne
laisse aucune place à la discussion, un massif « Ouah !
Mais c'est une fortune ! ». En spéculant sur les
marchés. C'est tout ce qu'il sait faire. Et une idée : « Si
je tombe, je ne me relèverai plus. Si je réussis, je recommencerai
à vivre ». Sa spécialisation, les bulles. Sa faiblesse, le
timing. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Deux fois,
il est parti à point. Et il a gagné. Beaucoup. Deux autres fois, il
a couru. Et il a tout perdu. La dernière fois, c'était en 1999.
Depuis, il n'a plus spéculé. Depuis huit ans. « Huit ans sans
la moindre dose ». Empruntant à une amie de jeunesse, il va se
relancer dans la course. La course à la fortune, la course contre le
temps.
L'histoire commence avec cette
décision, et le lecteur suit le personnage évoluer à travers son
journal intime. Beaucoup de réflexions, pas mal de références, et
un peu de chiffres. A travers ce livre, plus que de faire une
description du trading, Marc Fiorentino nous découvre un homme
lunatique, dépressif, mais qui a un espoir. Un esprit critique,
humour plutôt noir, mais assez réaliste sur la société française
et l'esprit humain. Il apporte une analyse de la crise des subprimes,
et des conclusions (« heureusement que l'extrême-gauche et les
syndicats n'y comprennent rien. Si ils savaient réellement ce qui se
passe, ils auraient de quoi faire un Mai 68, quarante ans après, en
plus violent. »). Il étudie la situation macroéconomique pour
choisir ses cibles : « en gros, on se demande où va le
monde ». Au fond, c'est simple : « Les États-Unis
vont se transformer. Pour vingt ans. La Chine va s'écrouler. Pour
dix ans. Allemagne va à nouveau dominer l'Europe pour vingt ans.
L’Angleterre va sombrer à nouveau dans la bière pour dix ans. La
France va dormir pour dix ans. Ça, c'est peut-être la seule chose
qui ne change pas. ».Dans ce journal, il diffuse petit à petit
son avis sur une multitude de sujets : des journaux (« J'ai
acheté tous les journaux. Sur la couverture, une grande photo du
couple Bruni-Sarkozy en visite chez la reine d'Angleterre. Le monde
entier part en sucette, et tout ce qui intéresse les gens c'est
l'ourlet de Carla Bruni. ») aux français (« Allons enfants de
la paresse, le jour du loir est arrivé. ») en passant par les
vins hors de prix qui sont « plus excitants que Clara Morgane
en pleine action ».
Ce roman peut se lire de deux
manières : soit en oubliant la partie finance, spéculation et
économie, et en gardant simplement la description des états
d'esprit du personnage, ou bien en se plongeant totalement dedans.
Mais l'auteur, compatissant des non-initiés, apporte un point de
pédagogie, ou une petite précision à la plupart des termes
techniques, afin que le lecteur ne soit pas perdu à essayer de
comprendre les contrats à termes ou les bulles immobilières.
L'histoire se partage entre Eva, son ancienne associée qui le
tourmente, sa volonté de faire fortune, une bulle sur le pétrole
qui le détruit peu à peu, autant financièrement que
psychologiquement, et une question qui revient souvent : « 21
Juin ou 21 Décembre ? » Un livre qui se lit facilement,
on se laisse emporter par cet «ex-winner néo-loser ». Un
livre à lire pour les vacances, de préférence assis dans le métro.
Silvio
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