Comment exprimer cette sensation de
plénitude qui fait qu'on ressort des étoiles dans les yeux après
2h40 d'explosions d'images ?
Laurence Anyways exsude la liberté
autant dans la mise en scène que dans l'histoire de Laurence, homme
qui veut être femme, et de tous les personnages qui l'accompagnent
dans sa métamorphose.
Le film est un spectacle complet :
la musique (toujours aussi éclectique que dans les films précédents)
accompagne les scènes les plus théâtrales. A se demander même si
par moment, le film n'est pas un clip vidéo, concentré d'images
cinématographiquement incorrectes.
L’esthétisme est travaillé à la
perfection, les plans au ralentis sont toujours aussi spectaculaires.
Le spectateur est subjugué par
l'univers vintage/kitsch poussé à l'excès (rencontre avec les
vieilles chanteuses) mais aussi par les couleurs qui illuminent tous
les détails du film.
Laurence, professeur de littérature en
fac, trente ans, essaye de vivre mieux que les autres avec sa compagne,
Fred en contestant les codes de la société. Jusqu'au jour où il
décide de suivre son instinct et de devenir femme. Il bouleverse
alors son couple, sa mère, son travail ; sa vie, et devient
celle qu'il devait être. Métamorphosé en trans' façon Almodovar,
Laurence reste Laurence : Laurence Anyways.
C'est la conquête de son nouveau
« elle » et la reconquête de Fred qui commence.
Plus que le transsexualisme, l'amour et
ses difficultés est le centre du film.
Les acteurs sont formidables, Melvil
Poupaud...est très belle, Suzanne Clément est électrique dans son
désespoir, Monia Chokri hilarante dans son rôle de lesbienne punk
qui essaye d'avoir le monopole de la folie et Nathalie Baye très
convaincante dans son rôle de mère.
Mathilde
Après J’ai tué ma mère et Les amours imaginaires, Xavier
Dolan frappe encore. En plein cœur. On retrouve tout ce qui fait la singularité
du jeune cinéaste : ralentis, gros plans insignifiants, musique électrisante, costumes
somptueux. Cette fois-ci, on est subjugués. Les yeux rivés sur l’écran. Comme
dans ses films précédents, la musique est indissociable des images. Ici,
s’enchevêtrent Beethoven et Vivaldi, Depeche Mode et The Cure, Fever Ray, Duran
Duran… La limite entre clip et film se brouille alors, et de
micro-scènes semblent s’insérer dans l’intrigue principale. Dolan a su mêler
adroitement images et réflexion, instaurant un équilibre rassurant, le parti
pris esthétique n’obscurcissant aucunement la trame. Melvil Poupaud est
fascinant et se fond dans son rôle avec une aisance déconcertante. Avec Fred, interprétée par Suzanne Clément, déjà remarquable dans le rôle d’une prof de français dans J’ai tué ma
mère, Laurence forme un couple tranchant, spontané. Les rires fusent, l’énergie
déborde, il y a dix ans. Puis les regards. Des autres. Laurence décide de devenir une femme et sa
transformation sera suivie de près par son entourage. Sa femme, sa mère. Ses
collègues, ses élèves. Sa traversée du lycée et sa silhouette glissant sur le
sol ; les regards méprisants-étonnés-moqueurs qui se posent sur sa nuque. Rien n’est laissé au hasard, le moindre
bruissement, le moindre froissement d’étoffe apparaît comme savamment étudié,
mis en scène, parfois jusqu'à outrance.
Laurence évolue, se métamorphose, l'amour aussi. Long, le film n'en demeure pas moins captivant, tant les dialogues sont tranchants et les acteurs époustouflants.
Xavier Dolan confirme, une fois de plus, son talent. De quoi
son prochain long-métrage aura-t-il l’air ? Renouvellera-t-il les thèmes qui lui sont
chers ? Car
Laurence Anyways semble clore un cycle, et être à l’aube d’un nouveau départ,
d’une mutation.
Léa
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