Live report - Chronique de la future domination féminine
Twin Arrows + Jina au Trokson
15/12/12
La semaine dernière, Télérama titrait « Le déclin de
l'empire masculin ». Belle coïncidence puisqu'il n'y a pas
moins d'une semaine exactement, le Trokson a été littéralement envahi par
Jina et Twin Arrows : deux groupes menés par deux chanteuses
hyper charismatiques.
L'une, la voix déchirée, le regard emprunt de désinvolture et d'un
« je m'en foutisme » provocant, détruit tout sur son
passage. Nos oreilles, à la limite, ce n'est pas grave...ça en vaut
largement la peine ! Jina, est une détonation, dès les
premières notes, elle nous prend à la gorge, impossible de ne pas
être aimanté.
Si les musiciens sont plutôt discrets dans l'attitude (il faut dire
que bouger dans 50cm² ce n'est pas très évident), ils ne le sont
pas au niveau des décibels. C'est d'ailleurs parfois étonnant de
voir la souffrance au niveau des tympans se transformer en pur
plaisir. Jina donne un sens musical à l'expression « faire du
bruit ». Dommage que les versions studio soient rares, on aurait bien prolongé le plaisir et réécouté à volonté le set entier!
On note quelques influences pop mais c'est le cri des chanteuses de
rock (parfois grunge bien trempé) qui a résonné dans la cave du
Trokson (cri qui rappelle celui de Fiona Apple, chanson de la semaine #39... impressionnant d'ailleurs comme les adjectifs qui s'appliquent à
l'une s'appliquent à l'autre!).
Néanmoins c'est plutôt agréable
quand ça se calme, enfin calme... tout est relatif ! L'intensité n'en est que décuplée et les ballades, souvent assez
sombres, sont remplies d'émotions.
On en ressort le cœur battant et
les oreilles bourdonnantes !
L'autre chanteuse, c'est Éléonore des Twin Arrows. Voix grave,
murmures impatients et mélodies saccadées suspendent chaque chanson
dans la saturation électrique de la cave.
Plus exubérant, plus parisien aussi, c'est pourtant de l'autre côté
de l'Atlantique que le groupe nous emmène, à des milliers de
kilomètres de la capitale.
Trempés de sueur, les Twin Arrows nous
trimbalent entre anciennes (White room, Sleepwalker's burn
et Soup of rocks sont de purs instants rock and roll)
et nouvelles chansons d'un album qu'on attend, fébrile !
L'ambiance est sous pression et les petites envolées psychédéliques
et punks n'en sont que plus jubilatoires.
Peut être était-je
simplement de bonne humeur ce jour là pour ne trouver que peu de
défauts au concert, ou peut être les groupes étaient-ils simplement très
bons. A méditer.
Le public (masculin et féminin) était béat, vous ne serez donc pas
surpris en apprenant que la chanson de la semaine #41, Injured Night,
s'est placée en à peine une semaine 10ème de nos articles les plus
visités et 1ère des chansons de la semaine les plus populaires.
Alors va-t-on vraiment vers le déclin de l'empire masculin dans le
monde du rock ? Les filles se font pourtant encore plus rares
sur la scène que leurs congénères masculins, la preuve, samedi
dernier : 3 filles contre 6 mecs. Et encore...ce sont des
exceptions puisque d'habitude, les quotas sont encore plus
déséquilibrés.
Dommage car souvent, une présence féminine apporte la sensualité
et l'humilité qui manquent chez les boys band.
Il semblerait
cependant que le cliché de la fille, source de conflits et cause de la
séparation des groupes, se soit transformé en gage de qualité.
En attendant, ce qui est sur, c'est que le rock français vu depuis la province, il ne se porte pas trop mal!
Mathilde
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