C'est un samedi matin pluvieux qu'on a
rencontré Claire. Installées à la terrasse du Paddy's Corner nous n'avons pas vu le temps passer. Nous vous offrons ici le condensé de cette
petite discussion fort sympathique !
Claire : Je m'appelle
Claire, j'ai 15ans et je fais de la folk, enfin un mélange de folk
et de variété. Je suis seule avec ma guitare, je compose et je
reprends aussi des artistes que j'aime bien et qui me correspondent.
En fait je chante depuis toujours mais
ça fait un an que je sais que c'est ce que je veux faire plus
tard...
Our Degeneration :
Quand tu dis que tu chantes depuis toujours, c'est une passion que tu
as depuis toute petite ?
Claire :
En fait, avant de savoir parler je chantonnais déjà, je chantais
déjà juste et mes parents sentaient bien que j'avais un goût pour
le chant. Mais en étant petite je me disais que chanter c'était
bien à coté d'un métier mais que je ne voulais pas faire ça plus
tard. Je ne voulais pas dire « plus tard je voudrais être
chanteuse » parce que j'avais peur qu'on se moque de moi. Je
l'assume vraiment depuis un an.
Our Degeneration :
Ta passion pour le chant et la musique t'as sûrement conduite à
prendre des cours, quelle expérience musicale as-tu ?
Claire : J'ai fait du
solfège pendant huit ans à l'école de musique de Caluire au
Radiant. Mon instrument de base c'est le violoncelle. J'en fais
toujours un petit peu, mais c'est plus une option maintenant, ça
prend beaucoup moins de place dans ma vie que la guitare
Our Degeneration :
Pourquoi avoir choisi le violoncelle d'abord ?
Claire :A la base je
voulais faire du violon mais ma mère n'a pas voulu à cause du prof.
Du coup j'ai choisi le violoncelle. On peut en entendre sur mon EP
d'ailleurs. C'est moi qui en joue. On m'a plusieurs fois dit de
prendre des musiciens pour que ça soit plus complet sauf que ma
musique perdrait son charme. Il y a peu de gens qui chantent tout
seul, au bout d'un moment il y a forcément des musiciens qui
viennent se rajouter au projet. Je pourrais rajouter un
instrument...Sûrement le violoncelle parce que c'est mon instrument
mais ce serait dommage parce que le public me verrait chanter et
faire de la guitare et quelqu'un d'autre jouer du violoncelle...Alors
qu'à la base c'est moi qui en joue.
Our Degeneration : C'est vrai que ça enlèverai de la spontanéité, c'est ce qui fait ton charme. Tu es la toute seule, tu as le cran d'y aller. Les autres débarquent avec leur groupe, c'est plus rassurant d'un coté. C'est un risque que tu prends.
Pour ton EP Spring tu as enregistré où et avec qui ?
Claire : J'ai
enregistré dans un petit studio vers la Part Dieu, Audio Pigment.
J'ai fait deux jours avec eux. On a fait un jour et demi d'enregistrement et ensuite un après-midi entier au mixage. J'étais
là...Et à la fin de la journée j'en pouvais plus. On a
enregistré huit chansons.
Our Degeneration :
Pourquoi avoir choisi de l'appeler Spring ?
Claire : En fait,
j'avais une idée qui ne fonctionnait plus, c'était Rosebud
(éclosion) on s'en est rendu compte le soir où je devais envoyer mon
dossier, j'étais démoralisée, je me suis dit « mince mon EP
je vais l'appeler comment », je ne savais pas du tout ce que
j'allais faire. Je suis sortie dans mon jardin avec ma guitare,
c'était un jour où il faisait super beau et le printemps était un
peu omniprésent dans le jardin du coup je me suis dit que comme les
chansons avaient été enregistrées au printemps et que c'était mon premier EP c'était aussi le signe de l'éclosion,
puisque c'est là où tout naît. Donc ça allait bien avec le
contexte.
Our Degeneration : Tu as choisi de sortir ton EP en prenant comme nom de scène ton propre prénom. Pourquoi ?
Claire : En fait je
n'avais pas d'autre idée de nom que le mien, c'était assez évident
pour moi. Je me suis dit « qu'est ce que je vais aller faire
avec un pseudo », pourtant il y a des trucs sympas à faire
avec Claire...Clair/foncé, clair de lune, mais dans la scène
française il n'y a pas de Claire toute seule.
Our Degeneration :
De quoi est ce que tu t'inspires quand tu composes ? Comment est
ce que les idées te viennent ?
Claire : Je prends
un peu toujours les mêmes thèmes, mon inspiration n'est pas très
large, ça revient toujours aux relations humaines : l'amitié,
l'amour, les relations entre frères et sœurs, les séparations. Je
n'écris pas sur les guerres, même si j'aimerais bien, ce sujet là ne m'inspire pas. Pour composer les artistes ont souvent une méthode
personnelle « j'ai la mélodie et je plaque les accords après
ou l'inverse », moi quand je prends ma guitare, les deux
viennent en même temps, je commence à chanter et à jouer des
accords, la mélodie vient, ensuite soit les paroles viennent
spontanément en anglais ou français, soit, quand ça ne vient pas
tout de suite avec les rimes et tout le reste, je l'écris et ensuite
je la pose sur les accords.
Our Degeneration :
Les trois compos qui sont présentes sur ton EP : Mary, Love
Song et Older Sister sont toutes en anglais. C'est un choix
délibéré ? C'est plus facile pour toi d'écrire en anglais ?
Claire : Carrément,
l'anglais c'est une preuve de non courage, c'est plus facile de
s'adresser à un public français en anglais à mon âge parce que les
trucs qu'on veut dire, on peut pas les donner comme ça à cœur
ouvert. On ne veut pas forcément que les gens comprennent tout ce
qu'on dit, chaque mot qu'on dit, à part sur certaines chansons,
celles en français que j'ai composé par exemple. Par contre si les
paroles intéressent le public, ils peuvent me les demander je les
leur donnerai sans problème, mais sur le moment ça fait un peu peur
de voir la réaction des gens directement par rapport à des paroles
personnelles.
Our Degeneration :
Tu t'inspires uniquement de choses qui te sont arrivées ? De
tes propres expériences ?
Claire : Oui, c'est
des thèmes qui me tiennent à cœur, des choses que je ne dis pas
aux gens, même à mes proches. En les mettant en anglais ça me
permet de les dire.
Our Degeneration :
Sur ton EP et dans les autres titres que tu as enregistré, tu as
deux reprises : Adele
et Coeur de Pirate. Ces deux artistes t'influencent-elles quand tu
composes ?
Claire : Adèle, ne
m'influence pas, mais ses chansons correspondent à mon timbre de
voix, je n'ai aucun mal à les chanter, elles sont dans ma tessiture.
Pour Cœur de Pirate, c'est une énorme
influence même si elle chante en français. Je l'apprécie autant
pour sa personne que pour sa musique, cette reprise c'était
significatif, je trouve que c'est la plus belle de ses chansons,
c'est un hommage à ma période Cœur de Pirate.
Our Degeneration :
Tu écris en anglais mais tu as pour influence majeure une artiste
qui chante en français. Tu as d'autres groupes ou artistes qui
t'inspirent qui sont plus dans l'univers folk anglais ?
Claire : Quand
j'écris je ne me rends pas compte que j'écris comme tel ou tel
artiste mais dans mon subconscient je me suis inspirée de groupes
comme les Cramberries dont j'avais fait une reprise au Citron.
J'écoute beaucoup ce groupe et on le retrouve dans mes chansons.
Après j'aime bien Angus et Julia Stone qui jouent des ballades,
Cocoon aussi, j'écris peut-être en anglais mais je m'inspire plus
de chanteurs français. Par exemple Camelia Jordana, au niveau des
paroles et des musiques j'aime beaucoup son style. J'aime aussi des
chanteuses comme Lily Allen.
Our Degeneration :
Tu cites presque uniquement des groupes avec des voix féminines
(Cocoon et Angus et Julia Stone exceptés puisqu'ils sont deux à
chanter).Tu as toi même une voix assez unique, qui ne laisse pas
insensible. Comment est ce que tu réagis par rapport aux critiques
(positives ou négatives) des gens ?
Claire : Quand les
gens me font des compliments ça fait toujours plaisir, il y en a qui
me soutiennent vraiment, ça me fait chaud au cœur, il y en qui me
dise que j'irai loin. Quand on veut faire ça de sa vie et qu'il y a
des gens plus âgés, des professionnels qui te disent ça, c'est un
peu le but qui est atteint.
Pour les commentaires négatifs, il y en a sur le fait que mes chansons sont un peu cuculs, mais sur ma voix, il n'y a pas trop de commentaires négatifs. Après on aime ou on aime pas, mais ceux qui n'aiment pas respectent quand même, ils ne me disent pas que je chante mal mais plutôt qu'ils n'aiment pas mon style. Sur le fait que mes chansons sont cuculs, j'assume. En fait je me dis que j'ai 15 ans et que je ne peux pas faire de la grande écriture, j'ai pas 40 000 expériences à raconter, c'est assez limité, j'ai pas vécu 50 ans, mais je me dis qu'en grandissant j'aurai plus de choses à dire et ça deviendra moins cucul.
Pour les commentaires négatifs, il y en a sur le fait que mes chansons sont un peu cuculs, mais sur ma voix, il n'y a pas trop de commentaires négatifs. Après on aime ou on aime pas, mais ceux qui n'aiment pas respectent quand même, ils ne me disent pas que je chante mal mais plutôt qu'ils n'aiment pas mon style. Sur le fait que mes chansons sont cuculs, j'assume. En fait je me dis que j'ai 15 ans et que je ne peux pas faire de la grande écriture, j'ai pas 40 000 expériences à raconter, c'est assez limité, j'ai pas vécu 50 ans, mais je me dis qu'en grandissant j'aurai plus de choses à dire et ça deviendra moins cucul.
Our Degeneration :
Tu prends beaucoup de recul par rapport à tes chansons. Quand on
traduit tes paroles on se rend quand même compte qu'il y a bien pire
et que cucul n'est pas le mot approprié. Après il est vrai que dans
le style et dans les thèmes, tes chansons se ressemblent, c'est ce
qui créé ton style sur scène et en studio finalement. Ce que je
trouve assez énorme avec toi c'est que l'énergie intimiste que tu
transmets sur scène, tu arrives à l'exprimer dans tes
enregistrements ce qui n'est pas le cas de tous les jeunes groupes
qui enregistrent. Quand on est jeune, le live est plus facile
puisqu'il y a une réponse en face, en général tes potes sont dans
la salle. Peu de gens ont la capacité de transmettre la même
énergie dans leurs enregistrements. Il leur manque l'expérience du
studio. C'est cette expérience que tu recherches en multipliant les
projets ? Qu'est-ce que tu as prévu après la sortie de ton
EP ?
Claire : J'aimerais
bien, pendant les deux années lycée qui me reste, développer ma
passion, faire des concerts, me faire connaître et le but c'est qu'à
la fin, j'ai assez d'expérience pour me lancer en faisant un truc
pas trop prenant à coté genre une fac d'anglais. Je sais bien que
c'est pas facile et que je vais pas réussir comme ça d'un coup.
Donc si je ne réussis pas à percer, la musique sera toujours là dans
ma vie, mais je pourrai faire un autre métier.
Our Degeneration :
Tu te vois où dans 5ans ?
Claire : Attends ça fait que j'aurais 20 ans... J'aimerais bien ne plus être à Lyon, je ne peux pas rester dans mon petit cocon. Donc Paris...ou pas. Et j'espère qu'à 20 ans, soit je serais lancée soit je serais dans des études d'anglais avec ma musique en option.
Claire : Attends ça fait que j'aurais 20 ans... J'aimerais bien ne plus être à Lyon, je ne peux pas rester dans mon petit cocon. Donc Paris...ou pas. Et j'espère qu'à 20 ans, soit je serais lancée soit je serais dans des études d'anglais avec ma musique en option.
Our Degeneration :
Et dans tes projets immédiats, qu'est ce que tu as prévu ? La
fête de la musique par exemple ?
Claire : Je fais la fête de la musique à Bourg-en-Bresse, c'est un choix bizarre, tous mes copains m'ont dit « mais pourquoi tu vas faire la fête de la musique à Bourg-en-Bresse, c'est dans l'Ain ! » (rires). Je fais des concerts régulièrement dans Lyon et dans la banlieue, donc mes potes peuvent venir me voir quand ils le veulent. Comme la fête de la musique c'est un événements auquel beaucoup de gens assistent, je devais changer de ville... Je ne sais pas pourquoi mais je me suis inscrite à la fête de la musique là-bas. C'est bien, c'est pas loin de Lyon et en même temps ça change de département donc ça peut me faire connaître, je ne serai pas perdue là-bas je connais des gens. C'est la perspective de me faire connaître dans une autre ville qui me motive, si je veux percer il faut que je sorte de Lyon à un moment !
Claire : Je fais la fête de la musique à Bourg-en-Bresse, c'est un choix bizarre, tous mes copains m'ont dit « mais pourquoi tu vas faire la fête de la musique à Bourg-en-Bresse, c'est dans l'Ain ! » (rires). Je fais des concerts régulièrement dans Lyon et dans la banlieue, donc mes potes peuvent venir me voir quand ils le veulent. Comme la fête de la musique c'est un événements auquel beaucoup de gens assistent, je devais changer de ville... Je ne sais pas pourquoi mais je me suis inscrite à la fête de la musique là-bas. C'est bien, c'est pas loin de Lyon et en même temps ça change de département donc ça peut me faire connaître, je ne serai pas perdue là-bas je connais des gens. C'est la perspective de me faire connaître dans une autre ville qui me motive, si je veux percer il faut que je sorte de Lyon à un moment !
OD : La
dernière chanson que tu as écoutée ?
Claire : City Lights
Cry de armistice je ne peux pas m'en lasser, je l'ai écoutée en me
réveillant.
OD : Le dernier
album que tu as acheté ou téléchargé illégalement ?
Claire : L'EP de
armistice et l'EP de Ornette (ndlr : EP qu'on vous recommande
vivement!)
OD : Le dernier film
que tu as vu ?
Claire : Euh...Sur
la piste du Marsupilami... (rires)
OD : Le dernier
livre que tu as lu ?
Claire : On ne
badine pas avec l'amour (de Musset).
OD : Un souvenir de
concert qui t'as particulièrement marquée ?
Claire : Luce parce
que j'ai pu discuter avec elle après, elle ne se prenait pas la tête
c'était super sympa !
OD : Un de tes
concerts qui t'as plus marquée que les autres ?
Claire : Le premier
au Citron, avant mes concerts étaient assez intimistes et là c'était
plein. Tu étais là il me semble. C'est là que je me suis dit
vraiment que c'est ce que je voulais faire.
Propos recueillis par Mathilde
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