The Golden Age
03/2013
« Je vois
longtemps la mélancolique lessive d'or du couchant.
Ce ne peut être que la
fin du monde, en avançant. » Arthur Rimbaud Enfance
IV
La fin… C’est bien
de cela dont il est question, dès le début de l’album Woodkid
nous plonge dans sa pensine nous offrant un véritable voyage dans
son imaginaire d’enfant. L’enfance, royaume d’insouciance où
Rimbaud croise Woodkid. « Que les oiseaux et les sources sont
loin ! » semble également clamer ce dernier en parlant de son
« Golden age ». Le temps passe cependant aussi
bien pour le poète que pour l’artiste ; il avance donc,
inéluctablement, mais ici, le front du petit valet touche le ciel,
transporté par ses instruments.
Nostalgique du passé à
jamais perdu Yoann Lemoine nous entraîne dans son univers fantasmé.
Un drôle de monde en réalité : l’enfant vit dans son piano,
agrémente son paysage de touches noires et blanches. Dans son piano
il y a des marteaux qui battent les cordes et écrasent les ennemis.
Le temps passe au ralenti, instant de grâce où l’on est porté
par la profondeur de sa douce voix grave ; avec en sourdine, la
violence innocente de l’enfant jouant aux petits soldats. Les
percussions rythment la cadence se faisant tantôt tambours de guerre
(Iron) ou mitraillettes poursuivant le jeune garçon (Run Boy
Run). Violence ingénue dans les yeux d’un enfant, les cuivres se
déchaînent dans le tumulte de la bataille, l’acier croise le fer
avec le bois, salués par le tocsin, ce ne peut décidemment qu’être
la fin du monde, en avançant. Cette bataille, Yoann Lemoine la livre
contre lui-même, ou plutôt contre cet indicible ennemi qu’est le
temps ; cet enfant auquel il s’adresse n’est autre que lui,
et cet album, un adieu à son passé, une dernière révolte.
C’est
donc dans cette atmosphère de fin que Yoann Lemoine a choisi de nous
immerger, la fin de l’enfance, la fin d’un monde, ou le
début d’une épopée?
Premier
album de celui qui se fait appeler Woodkid, mais qui n’en est
cependant pas à ses premiers pas : son premier EP avait défrayé
la chronique, porté par (ou portant ?) la saga des
Assassins et son héro Ezio Auditore qu’il met en scène à la
perfection. Il incarne cette puissance dissimulée et cette grâce
majestueuse qui fait le credo de ces hommes de l’ombre.
Passionné autant par
sa musique que par la façon de la mettre en scène, le jeune
Français signe ici un album d’une grande classe, porteur de belles
promesses d’avenir.
L’age d’or est-il
vraiment derrière ?
ELIOT
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