Il en faut peu pour faire de la
folk. Ladybug and the Wolf sont deux et l'intensité n'en est pas
pour autant diminuée. La formule semble être la
bonne. Tout comme pour The Do, Cocoon, Princess Chelsea ou encore The Moldy Peaches, les voix s'entremêlent
subtilement et sculptent une mélodie aux formes délicates.
« On est que deux sur scène...et pour tout en
fait ! On est dans une bulle
ensemble. Il y a des trucs chimiques qui passent, on ne
se regarde pas souvent,il n'y a pas besoin ! ».
Sur scène, la configuration est
atypique : un décor forestier, une robe noire et des cils
excentriques pour la coccinelle.
« Notre nom
nous représente, nos personnalités sont assez identifiables
à ces deux animaux. Ça rappelle les grands
espaces, la forêt, les plaines, la montagne. On
aime pas être enfermés, c'est notre habitat naturel. ».
Un portique de feuilles auquel sont
pendus différents instruments dessine une auréole autour de Paloma
(chant, guitare, piano, percussions...xylophone) et la lumière
plonge la « fosse » de la Marquise dans une
ambiance feutrée. Le loup (Kevin : guitare, chant, piano,
harmonica) veille sur elle avec sa voix surprenante dans les graves
et remarquable lorsqu'elle s'envole.
Le public est assis, attentif.
La Marquise, 13 avril 2013 - Ladybug and the Wolf Crédit Photo : Hervé Aubert |
C'était le 13 avril, l'EP To
Raise a Miniature Garden sortait le 15.
Cet EP justement, parlons en !
De la folk, parfois pop, jamais seulement trois accords plaqués au
hasard. On applaudit les contre chants originaux, les voix qui
donnent envie de regarder dans le vide et de partir loin...en les
emmenant avec nous évidemment !
« On fait de la folk
indépendante, la comparaison avec Cocoon ça va, celle que tu fais
avec The Do : très bien, The Moldy Peaches, encore mieux !
Mais avec d'autres groupes qui ont juste une guitare et qui font de
la « folk »... il y en a tellement. Nous le but c'est de
travailler un peu plus la musique, faire des trucs plus underground
pas seulement un enchaînement d'accords majeurs. »
La Marquise c'est plutôt
underground non (rires) ?
« Non la Marquise
c'est underwater (rires) !On aime être proches des gens,
voir leurs visages, c'était aussi le cas à l'Isle
d'Abeau, ils étaient assis, posés dans leur
fauteuil, on se dit qu'on les berce, qu'on les calme. Après des
salles comme le Fil (St Étienne) dans lesquelles on a l'habitude
d'aller en tant que public...c'est génial, on se sent en confiance
et pourtant c'était la finale d'un tremplin : c'était aussi la
première fois qu'on avait un beau son, il y avait beaucoup de monde,
on se sentait poussés ! A l'estrade aussi c'était super
chouette, c'est un petit théâtre, il y a des balcons, c'est très
poétique, on a même refusé du monde !»
Poétique...C'est justement le mot
qui qualifie le mieux l'univers du duo et de To Raise a Miniature
Garden. Le piano d'And we die peut en témoigner. Les
envolées lyriques sont touchantes, en équilibre sur un fil à la
limite de se casser. Mais les deux piliers auxquels il est accroché
sont bien trop solides. The Valley qui ouvre l'EP est assez
sombre et pourtant la chanson dégage un certain optimisme. Son clip,
diffusé lors du concert de lancement de l'EP est très coloré mais
un clown au sourire noir et blanc apporte la touche d'obscurité qui
règne dans le morceau.
« Les histoires qu'on raconte
dans l'EP sont très différentes, elles parlent beaucoup des
rapports humains, les mauvais côtés des gens. The Valley parle de
tout ce qu'on peut faire dans la vie, autant des erreurs que des
belles choses, ça parle d'une vallée avec une maison abandonnée
dans laquelle il n'y a pas de fenêtres, pour ne pas qu'on puisse
voir le ciel qui est fâché à cause des erreurs qu'on a commises.
Les chansons sont inspirées de ce qu'on vit, de ce que je vois
[Paloma]. Des fois j'entends une histoire et même si je ne l'ai pas
vécue, j'ai envie de chanter dessus. »
Le résultat est étonnant,
l'univers est assez décalé, très onirique. On a l'impression
d'être dans un dessin animé dont les personnages ont grandi. Et
pourtant le final de l'EP, Under My Chair ne cesse de répéter
« We are children ». On pense immédiatement à The Do
avec leur chanson Playground Hustle « We
are not crazy ! We're not afraid of you grown-ups ! We'll
go ask the queen of this kingdom if you won't let us play with
screws and hammers ». Un dessin animé dont les
personnages ne veulent pas grandir ? Dans la vidéo, le duo
reste impassible face à un monde tout en action, parfois enfantin,
parfois effrayant, qui les met dans une boîte, dans un carton pour
être plus précis. Des images à la fois attendrissantes et
désarmantes.
Les Noces Funèbres, Tim Burton |
« Je suis fan de Tim Burton,
donc tout ce qui est onirique...[Kevin]
-Moi de David Lynch pour le côté
plus sombre. On aime aussi les couleurs, dans notre clip, il y a
beaucoup de couleurs, ça me fait penser à des films acidulés comme
Across the Universe. [Paloma] »
Le cocktail - acide + folk - est
original et fonctionne en live comme sur un canapé. Cependant des
chansons comme Moods (un de mes coups de cœur dans sa version
démo mais aussi sur l'EP) à la fois calme et pleine de
rebondissements et de belles résonances sur les refrains est moins
mise en valeur sur scène.
C'est tout le contraire pour Messy Girl (mon autre coup de cœur ; elle précède Moods
sur l'EP, l'enchaînement des deux est définitivement réussi) qui
est galvanisée par le « tambour » qui résonne dans la
Marquise et donne une dimension chamanique exaltante au concert,
transformant ainsi la coccinelle en une petite fée aux incantations
enchanteresses. Cela nous fait presque regretter l'absence de
percussions plus entraînantes sur certains morceaux.
La complémentarité des deux voix
est marquante, revenons donc un peu sur la genèse de Ladybug and the Wolf et son « osmose » :
« On
s'est rencontrés à St Étienne : on cherchait des musiciens
pour compléter nos projets personnels respectifs, donc chacun dans
notre groupe... et plutôt que de faire le groupe qu'on avait prévu
de faire à la base, on a décidé de faire un nouveau projet. Moi
j'étais en solo et Paloma était avec un guitariste, elle en
cherchait un autre. Donc en gros...chacun cherchait quelqu'un. En se
rencontrant on s'est rendu compte qu'on avait un univers commun donc
on a laissé tomber tout le reste.
-Moi j'ai
quitté mon guitariste et toi, tu as quitté...toi même »
Ladybug - Paloma Crédit photo : Hervé Aubert |
Leur univers commun était constitué
d'une multitude d'influences très différentes allant du jazz à
l'electro en passant évidemment par la folk (expérimentale ou
ancestrale) :
Kevin :
Sigur Ros...
Paloma :
Electric Guest...
Kevin :
Damien Saez...
Paloma :
Devendra Banhart, bon ok, c'est pas très electro, c'est folk electro
expérimentale...
Ce serait idéal de faire la
première partie de...
Kevin : Radiohead
Paloma : Ah ! Pas moi !
C'est bon à voir, mais je ne me sentirais pas de jouer en première
partie de Radiohead, je dirais... Six Organs of Admittance ou
Vetiver, ce sont des groupes de folk expérimentaux, c'est très
nature. Sinon Lady gaga évidemment... (rires) !
Kevin : Ray Lamontagne sinon...
Paloma : Ah ouais !!! On
se met d'accord la dessus, Ray Lamontagne !
Dans la scène lyonnaise, Ladybug
and the Wolf ont choisi pour leur première partie deux groupes de
choix et on les en remercie : Nazca (juste bluffant sur scène,
grosse claque, on espère les revoir très vite sur Our Degeneration)
et Joris (vraiment très sympa, deux excellents guitaristes pour un
très bon set!).
« On les aime beaucoup
[Nazca]. J'adore leurs costumes. Joris aussi c'est génial !
Récemment dans la scène locale, j'ai aussi aimé Tachka
[ndlr en concert le
23mai au festival qu'on adore :Changez d'air],
Charlie and the soap opera...et puis à une autre échelle :
Woodkid [chronique de son dernier album à retrouver ici]! »
Ladybug and the Wolf entend bien
défendre son EP un peu partout et s'insérer par la même occasion
dans la belle dynamique musicale qui anime la région ! Où est
ce qu'ils seront dans 2mois, un an, 5ans...Dix ans ?
« Au zénith...complètement
(rires) !!! Non, mieux, dans un sous-marin pour un concert
sous l'eau ! [Paloma]
-Sinon cet été on va aire des
festivals Nigériens. »
WHAT???!!!
« Oui, le Ligérien, c'est la
région de St Étienne, ça veut dire « de la Loire »,
donc ça c'est à court terme. Après à long terme, idéalement à
la fin de l'année : un album et aussi le Radiant à Caluire,
dans l'idéal des premières parties d'artistes renommés... ce
serait vraiment le pied ! »
The Wolf - Kevin Crédit photo : Hervé Aubert |
Sinon concrètement, ils seront en
1ère partie d'Alela Diane, le 10 Juillet à l'occasion du Festival
des 7 collines à St Étienne !
Question post-concert à la
Marquise : Comment avez vous vécu ce live ?
« On s'est sentis très
à l'aise, bien accueillis par le public qui était réceptif à
notre univers. Le fait d'avoir été précédés par
des artistes talentueux nous a mis tout de suite dedans ! En sortie
de scène nous étions satisfaits et le public n'a pas hésité à
venir nous solliciter, échanger, ce qu'on adore ! »
Les
questions traditionnelles Our Degeneration
La dernière chanson que vous avez
écoutée ?
Paloma : Lana Del Rey : BlueVelvet
Kevin : Paolo Nutini, le dernier
album.
Le dernier album que vous avez
acheté ou téléchargé (illégalement ou pas) ?
Paloma : Devendra Banhart, on me
l'a offert ça compte ?
Kevin : Damien Saez, pas le
dernier, le triple !
Le dernier film que vous avez vu ?
Paloma : Love Actually
[de Richard Curtis]...mais c'était nul alors BlancaNieves
[de Pablo Berger], il est génial !
Kevin: Harry Potter
et les Reliques de la Mort 1ere partie
[de David Yates] et au cinéma... A la merveille [de Terrence Malick].
Paloma : Les 20 premières minutes
sont incroyables, le reste c'est toujours la même chose : c'est
des clichés d'images : la fille avec sa robe de voile dans les
champs de blé avec le soleil derrière...
Le dernier livre que vous avez lu ?
Kevin : L'autobiographie de Johnny
Cash, magnifique !
Paloma : Un livre écrit par le
roi de Jordanie sur le conflit israélo-palestinien vu que je pars
bientôt en Jordanie.
Votre meilleur souvenir de concert
quand vous étiez dans le public ?
Kevin : On était allés voir Jil is lucky au Marché Gare...et il y avait Julien Pras en première
partie, pfffiou ! Nom de dieu !
Paloma : C'était bouleversant du
début à la fin, limite on avait envie de se casser après la
première partie...
Kevin : On a pas dit un mot, du
début à la fin !
Des choses à ajouter ?
Paloma et Kevin : Camembert !
Toutes les infos pour se procurer
leur EP sur leur page facebook : https://www.facebook.com/ladybugandthewolf?fref=ts
Mathilde
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