Parlons de la quiétude et de la mélancolie
qui naissent alors même que l'histoire nous est étrangère. S'il
fallait décrire cette musique, il faudrait user d'images, de
couleurs car les mots manquent.
Quand je l'entends, je me
représente un tableau de Monet, sa collection d'estampes, ses ponts
japonais et les nénuphars sur les canaux qu'ils enjambent ;
tout cela pour le côté asiatique mais pas seulement. C'est aussi pour
l'impressionnisme et toutes ces petites taches et détails qui
forment l'oeuvre, son tout. Les paysages sont calmes, paisibles en apparence
alors qu'ils regorgent d'une explosion de couleurs. L'harmonie est la
même dans la chanson.
La voix de Joe Newman jongle avec les
émois, sur le fil, prête à se briser dans les aiguës,
virevoltante sur les Oh, parfois enrhumée, toujours surréaliste.
Les envolées lyriques, accompagnées au violoncelle nous précipitent
dans un vide onirique jusqu'à la brisure finale (2:32) qui conduit
au retour du silence quelques minutes plus tard : Do not spray
into eyes, I have sprayed you into my eyes.
Embellissons
maintenant le morceau de son sens.
C'est une beauté à la fois triste et révoltante que l'histoire
de Robert Capa et Gerda Taro, photographes de guerre, héros
de leur profession.
Les seuls clichés du débarquement sont de Capa lui qui
avait décidé que débarquer sur Omaha Beach sous les balles allemandes
pour couvrir la guerre faisait partie de son job :« For
a war correspondent, to miss an invasion is like refusing a date with
Lana Turner. »
Dans
la chanson c'est
à sa femme, Taro, morte en couvrant la guerre d'Espagne en 1937, que
Capa s'adresse
à travers la voix de
Joe Newman, alors
qu'il est lui même est à l'agonie après avoir marché sur une
mine. Mai 1954. Guerre d'Indochine. 3:10pm.
3,1415 : Π, nombre irrationnel et théorie du chaos s'emmêlent.
L'obsession
de photographier l'homme au plus près du danger, en duel avec la
mort l'aura mené à sa perte. « If
your pictures aren’t good enough, you aren’t close enough.»disaient-ils
lui et Taro.
D'une certaine manière, c'est avec les mots que la
chanson photographie la mort de Capa. La
poésie remplace photoshop. Sans cacher le moins du monde les
horreurs de la guerre, elle magnifie l'amour qui unissait les deux
photographes : Capa en trouvant la mort, retrouve Taro, comme si
toute son exaltation en
photographiant la guerre,
sa pulsion lorsqu'il quitte la Jeep pour aller sur le terrain des
soldats, l'avaient conduit à ce moment ultime : To
Capa, to Capa, Capa dark after nothing. Re-united with his leg and
with you, Taro.
Merci
à Nicolas !
Mathilde
Paroles : Indochina,
Capa jumps Jeep, two feet creep up the road To
photo, to record meat lumps and war They
advance as does his chance – very yellow white flash A
violent wrench grips mass, rips light, tears limbs like rags Burst
so high finally Capa lands Mine
is a watery pit. Painless with immense distance From
medic from colleague, friend, enemy, foe, him five yards from his
leg, from you Taro Do
not spray into eyes – I have sprayed you into my eyes 3:10
pm, Capa pends death, quivers, last rattles, last chokes All
colours and cares glaze to grey, shrivelled and stricken to dots Left
hand grasps what the body grasps not – le photographe est
mort 3.1415,
alive no longer my amour, faded for home May of '54 Doors
open like arms my love. Painless with a great closeness To
Capa, to Capa Capa dark after nothing Re-united
with his leg and with you, Taro Do
not spray into eyes – I have sprayed you into my eyes
Francis Richert est programmateur à
Changez d'air, responsable du département Musiques Actuelles
amplifiées au Conservatoire de Lyon, intervenant scénique pour les
découvertes du Printemps de Bourges (région Rhône-Alpes),
musicien professionnel et... La liste serait longue si on devait la
terminer.
Autant vous dire qu'on avait beaucoup
de questions à lui poser.
Partie 1 : CHANGEZ D'AIR
L'année dernière Our Degeneration
avait assisté à la soirée Fake Oddity + Frederic Bobin + Alex
Beaupain (article live report ici). L'ambiance et le public éclectique nous avait charmées.
Cette année on y retourne, mais cette fois-ci, on fait les choses
bien :
Petite histoire du festival :
des opportunités, une belle prise de risque et une motivation
infaillible:
Francis : Je
travaillais dans la commune de St Genis les Ollières : j'étais
musicien intervenant avec les enfants. La mairie m'a demandé
d'organiser un événement. La première année, j'ai fait un
événement jeune public. La deuxième année l'adjoint aux
ressources humaines m'a demandé d'en refaire un "pour les
jeunes".
Je
n'étais pas encore musicien professionnel à l'époque, c'était il
y a 13ans. J'ai organisé ce festival de manière professionnelle.
J'avais 25ans... Tu n'as pas du tout la même motivation à cet âge
là qu'à 40ans, l’énergie et l'envie nécessaires, le courage
pour déplacer des montagnes et la folie pour le faire. Une
spontanéité et une naïveté essentielle pour prendre des risques.
Du
coup la première année on a eu une belle programmation :
Sanseverino et Les Trapettistes, la salle étant pleine, les élus de
la commune ont vu l'importance que pouvait représenter un tel
événement en une seule édition, ils ont relancé l'année d'après.
On a programmé Renan Luce et Prohom (qui travaille aujourd’hui
aussi en tant qu’intervenant scène pour les découvertes
Printemps de Bourges Rhône-Alpes avec moi).
Au
début, on avait peu de budget mais comme le festival a plutôt très
bien marché et que les St Genois se sont impliqués dans le projet,
ça a fonctionné. Je travaillais avec les enfants donc j'avais déjà
un lien avec les parents, on a vite eu du public et on a très vite
fidélisé ce public. La mairie m'a ensuite proposé de devenir
chargé de mission, je n'étais plus intervenant mais j'ai continué
le festival.
Le
public a été surpris de voir que les artistes programmés au
festival avait par la suite une médiatisation assez conséquente.
Chaque année, nous avons réussi à programmer des artistes qui, par
la suite étaient relayés par la presse et ont rencontré un succès
national (Sansévérino, Renan Luce, Prohom, Brigitte, Rover, Alex
Beaupain etc.)
C'est
tout l'enjeu pour un programmateur d'un petit lieu : tu es
obligé de trouver les artistes avant que leur réputation explose.
Il
faut aussi qu'ils aient une actualité ou alors qu'ils soient en
tournée. Et ça, avec les soucis qu'il y a dans l'industrie du
disque, c'est de plus en plus rare. Actualité, ça veut aussi dire
avoir un suivi médiatique suffisant pour qu'en plus des fidèles, il
y ait un public qui suit l'artiste. La complexité de remplir une
salle de 350 places même à 10 minutes de Lyon, je la ressens chaque
année !
Bertrand Belin - Samedi 25 mai - Changez d'Air
Les arcanes de la profession :
Sur
un événement ponctuel, il faut penser la programmation assez vite
car les options de concert dans les salles lyonnaises se prennent
rapidement. Quand tu prévois à long terme, tu prends des risques
alors il faut suivre l’actualité mais aussi parier sur le futur
succès d'un groupe. La programmation c'est tout le temps, parfois on
commence déjà à se demander ce qu'un artiste donnera un ou deux
ans avant de le programmer à Changez d'Air. Bertrand Belin par
exemple, ça fait dix ans que nous voulons le programmer. [ndlr :
Ce dernier sera également enpremière partie de Nick
Cave aux Nuits de Fourvière. Tout comme Théodore, Paul &
Gabriel seronten première partie de Claire Diterzi
et de Barabara Carlotti] On est en très bon termes avec
les Nuits de Fourvière et chaque année ils lèvent l'exclusivité
pour qu'un artiste en première partie la bas soit l'une de nos têtes
d'affiches.
La
difficulté du festival, c'est qu''il n'est pas à Lyon même : c'est
difficile pour un producteur de prendre le risque de faire une date
en périphérie. C'est le business, mais c'est dommage de parfois
être dans des prérogatives d'argent et pas artistiques.
Théodore, Paul & Gabriel - Vendredi 24 mai - Changez d'air
Après,
je suis musicien professionnel et je tourne donc je croise pleins de
groupes sur ma route. Au delà des qualités artistiques, j'essaye de
voir les qualités scéniques, des artistes qui savent communiquer
avec le public et mettre une ambiance particulière, c'est ça qu'on
recherche ! Comme on connaît les groupes ET le public, c'est
plus facile de choisir.
Notre
projet culturel consiste à coller à la volonté du public, à celle
des élus et aux exigences du lieu. On ne peut pas faire un concert
de dub à St Genis, par contre de la chanson française, on peut, le
festival est ancré dans ce style. Ça ne veut pas dire qu'on reste
constamment dans ce style là, la preuve, depuis quatre ou cinq ans
on s'est ouvert sur d'autres esthétiques parce qu'on a réussi à
fidéliser notre public !
La programmation 2013, une cohérence
surprenante...mais charmante !
Mermonte - Jeudi 23 mai
Le mot de Our Degeneration :
Neuf groupes, neuf univers différents et pourtant on retrouve les
mêmes ingrédients dans la programmation de cette année
(éclectisme, cohérence et curiosité) que dans celle de l'année
dernière qui nous avait enchantées.
Pop, chanson, folk, rock et même
rap : le menu est alléchant. On ne sait que vous conseiller
puisqu'on a nous même envie de tout goûter !
Tachka - Jeudi 23 mai
La soirée du jeudi commencera avec
la douce folk de Tachka, jeune lyonnaise d'origine danoise à la voix
sucrée. La pop grandiloquente de Mermonte (dix musiciens sur scène)
fera la transition entre l'anglais de Tachka et le français de
Karimouche. En effet, le groupe rennais est bilingue. On finira
joyeusement la soirée avec la pétillante Karimouche et ses folles
histoires. La musique oscillera entre le hip hop, la chanson
française classique, le slam, le jazz et le rap...
Erwan Pinard - Vendredi 24 mai
Le vendredi, deux énergumènes de
la chanson française/lyonnaise ouvriront le bal : Fred Radix,
puis Erwan Pinard. Leurs textes sont décalés, drôles et touchants.
Suivront les trois jeunes filles de Théodore Paul & Gabriel
qu'on ne présente plus mais qu'on aime comme au premier jour de la
sortie de leur album !
Le samedi soir est définitivement
un tout. Trois artistes interchangeables mais indispensables !
Yann Destal - Samedi 25 mai
Denis Rivet revient des Inouïs du
Printemps de Bourges avec ses chansons singulières qui parlent de
lui, de nous, de vous. Yann Destal sera plus pop, avec sa voix
enchanteresse et ses arrangements plus électriques. Pour terminer en
beauté, un dandy parisien : Bertrand Belin et sa voix plus
vieille que lui. Sa poésie mélancolique rappelle un artiste de
l'édition 2012 : Alex Beaupain.
On espère donc, à vrai dire on
n'en doute pas, que le résultat sera aussi marquant que celui de
l'année 2012.
Karimouche - Jeudi 23 mai
Francis : On
a choisi des artistes en voulant faire des plateaux cohérents. Mais
il y a aussi le problème de la disponibilité des artistes.
Karimouche joue a Paris le vendredi, on tenait à la programmer, on a
tenu bon, du coup on a basculé Théodore, Paul & Gabriel le
vendredi. Le plateau n'était plus celui prévu au départ mais la
programmation reste cohérente sur les trois jours, pour l'ensemble
du festival. Le public suit, il comprend qu'il y a une logique !
La programmation se fait par coup de cœur mais on doit aussi prendre
en compte des facteurs liés au possibilités des artistes.
Fred Radix - Vendredi 24 mai
Pour
2013 on avait pensé à beaucoup d'artistes : Bertrand Belin,
Mathieu Boogaerts, Denis Rivet, FAUVE, Mermonte, Marie Pierre Arthur,
Karimouche, St Vincent, Théodore, Paul & Gabriel, Fred Radix,
Erwan Pinard, Tachka, Yann Destal.
Certains seront sur la scène du
festival cette année, d'autres le seront ailleurs. C'est le jeu de
la programmation d'un événement ponctuel et en périphérie.
Francis :Ça
fait dix ans que je suis responsable du département musiques
actuelles amplifiées / chanson. Ça correspond tout
simplement au rock et à la chanson en passant par
l'electro...
C'est
sous forme d’accompagnement de projets artistiques. Un projet
artistique c'est un groupe ou une personne qui écrit ses propres
chansons et qui veut en faire quelque chose : les défendre sur
scène ou sur disque. Notre travail consiste à les aider à mettre
en forme leur projet, au niveau artistique (musicale, écriture) et
stratégique (faire connaître le projet). On propose des répétitions
accompagnées, au moins une résidence par an, du studio (un ou deux
titres enregistrés dans l'année), des concerts (quatre ou cinq par
an dans des lieux partenaires) et des rencontres avec des
professionnels.
La
mission principale du conservatoire c'est aussi d'enseigner la
technique et la théorie de la musique, alors en plus du projet
artistique qui est le cœur de notre métier, on forme les groupes
aux techniques instrumentales et à la MAO.
La
difficulté est de faire rentrer ces schémas de travail dans
l'institution du conservatoire, non pas à l'échelle locale (Lyon),
mais au niveau institutionnel national. La complexité est de faire
comprendre qu'on n'est plus dans un schéma classique de répertoire
mais sur un schéma d’accompagnement et de compréhension des
logiques qui constituent celles des musiques actuelles.
Ceux
qui ont le plus de mal à accepter l'évolution, ce sont les groupes
qui ne frappent pas spontanément à notre porte, ils y frappent
parce que ceux qui constituent l'équipe, c'est à dire Julien,
Jérôme et Gilles...et moi, nous sommes très identifiés dans le
réseau musiques actuelles. Comme nous sommes issus de ce milieu nous
avons une crédibilité et une légitimité qui fait que les groupes
viennent, ce qui n'est pas le cas dans d'autres conservatoires.
Bonus : PRINTEMPS DE BOURGES – TOURNÉES - DÉCOUVERTES
Denis rivet - Samedi 25 mai - Changez d'Air
Francis : Je
suis aussi intervenant scène à Tagada Tsoin Tsoin , l'antenne
Rhône-Alpes du Printemps de Bourges et pour les artistes qui me le
demandent. Pour le travail avec un artiste, c'est souvent sous forme
de résidence de quelques jours dans une salle de spectacle où l'on
travaille le son, l'aspect scénique, les arrangements,
l'interprétation, bref, être artiste c'est un métier.
Sinon
je suis musicien professionnel depuis cinq ans et je travaille avec
les artistes qui m'appellent. J'ai collaboré avec Carmen Maria Vega,
Buridane, Mauss, Ronan Siri ou encore Johnny Maalouf...
Les questions
traditionnelles Our Degeneration
La dernière chanson que tu as
écoutée ?
Hotel California des Eagles en
acoustique.
Le dernier album que tu as acheté
ou téléchargé (illégalement ou pas) ?
Je n'achète plus d'album depuis
longtemps...
En revenant de Bourges j'ai beaucoup écouté Wolves and Moons et Darko.
En ce moment j'écoute Bertrand
Belin et Denis Rivet en boucle, d'abord pour des raisons professionnelles : je travaille avec Denis, mais pas uniquement, c'est aussi par plaisir : en
week end, en partant avec mes filles il y avait Denis Rivet dans la
voiture.
Sinon j'aime toujours autant Blond Redhead et... Radiohead, c'est
récurrent
Le dernier film que tu as vu ?
Amour de Mickael Haneke, ça parle de la vieillesse, de l'amour
inconditionnel. Je ne sais plus qui dit « Le seul amour qui est
gratuit c'est celui qu'on donne à ses enfants ». Dans Amour,
Trintignant fait la même chose avec sa femme, c'est un amour
tellement gratuit qu'il la conduit à la mort. Par contre c'est lent, mou et un peu trop intellectuel à mon goût mais la
démonstration qu'Haneke fait est magnifique.
Sinon j'ai vu Les Croods
avec mes filles !
Le dernier livre que tu as lu ?
Jim Harrison, Une OdysséeAméricaine. C'est génial mais c'est pareil
qu'Amour, c'est une éloge de la
lenteur. Il faut prendre le temps de vivre et ne pas courir après le
temps. Un paysan se fait quitter par sa femme à 60ans, il vend sa
ferme et avec l'argent il traverse l’Amérique en visitant des gens
qu'il connaît. Il profite de la vie sans qu'elle soit une vie rapide
à la Jim Morrison ou à la Hendrix qui se détruisent en
trente ans, c'est le contraire des musiques actuelles, le personnage sait qu'il
lui reste vingt ans à vivre et on sent qu'il veut en profiter
jusqu'au bout et prendre le temps de savourer chaque instant.
Ton meilleur souvenir de concert
quand tu étais dans le public ?
Le meilleur concert que j'ai
vu...c'était une place offerte. La chance qu'on a en étant dans le
milieu de la musique, c'est qu'on ne paye plus, ou très rarement : ça
m'arrive dans des touts petits lieux parce que j'ai envie de faire
vivre l'artiste ou dans pour des grosses production pour lesquelles je n'ai pas d'invitations.
C'était Chris Isaac à la salle trois
mille, pour la fête des pères. La mère de mes filles me l'a
offert,
je suis arrivé en pensant que ça
allait être un show à l'américaine...Premier titre show à
l'américaine, deuxième show à l'américaine, troisième
titre...BIM : il a retourné la salle, il joue avec un côté
kitsch mais il a une superbe autodérision, Elvis le faisait très
bien, avec son costume à paillettes.
En plus de ça il y a du fond : ses titres c'est toute une génération, il a amené quelque chose à la
musique et vingt ans après il garde cette fraîcheur parce qu'il a
une autodérision monstrueuse. C'était un des meilleurs concerts de ma vie, parce que
c'était lié à un contexte !
J'ai vu The Hives, il y a trois-quatre
mois au Transbordeur, c'était la folie, il fallait absolument aller
voir The Hives,. Donc j'ai été voir The Hives. Alors ils communiquent avec le public mais c'est tellement un show huilé et
calibré pour que ça marche partout dans le monde, peu importe la
culture du lieu... Il n'y a pas d'émotions, ça ne me touche pas, c'est juste de l'énergie. Si t'as bu
une dizaine de bière et que tu es bien chaud, tu vas aller t'éclater
dans la fosse et c'est super.
Les groupes qui
font moins attention au business et qui sont plus dans l'artistique
ça se sent directement. Un groupe qui a dévié parce que la machine
s'emballe et parce qu'on y voit un potentiel international, ça ne
touche pas. Il y en a qui le font avec plus de spontanéité et de
naïveté, mais c'est moins médiatisé, il se passe quelque chose.
Les majors signent pour du buzz...La durée de vie d'un artiste
maintenant c'est trois ou quatre ans, sauf exception : des majors signent parfois
sur une carrière, mais de moins en moins.
Loin
d'être le meilleur long métrage de Pedro Almodovar, Les Amants
Passagers reste une réussite totale. Son atout principal : le
rire. On sent que le réalisateur s'est fait plaisir, sans se prendre
au sérieux et en se moquant un petit peu des spectateurs. Une
comédie est toujours plus appréciable lorsqu'elle est bien
réalisée, magnifiquement bien jouée et quand
elle
s'éloigne des clichés romantiques/pathétiques/ridicules. Les
acteurs sont flamboyants, mention spéciale pour les trois stewards,
grandes folles dévergondées qui offrent au film l'une de ses plus
belles scènes : la danse.
La musique d'ouverture, La lettre à Élise de Beethoven hispanisée
annonce
le ton : un film folklorique dans la lignée de Femmes au bord
de la crise de nerf ou
d'autres comédies d'Almodovar qui s'amuse à s'auto citer en faisant
référence à
ces propres films dès
qu'il le peut.
C'est
The look deMetronomy,
qui est en fond sonore pour les dernières minutes du film :
bain de mousse, coming out à la pelle et bien sur, comme tout au
long de l'histoire : du sexe à gogo !
Mais peut être faudrait-il dire deux mots de l'histoire :
Une
panne technique pousse les pilotes du vol 2549 de la compagnie
Península
à annuler l’atterrissage au Mexique et à tourner dans le ciel
d'Espagne en attendant qu'une piste soit libre pour effectuer une
manœuvre qui risque de coûter la vie aux passagers. Les stewards et
les pilotes, tous plus ou moins homosexuels, attachants et hilarants,
essayent donc d'offrir aux passagers de la classe d'affaire (la
classe éco est droguée et endormie pour l'occasion) un vol le plus
agréable possible.
Une
star du bondage paranoïaque (Cecilia Roth absolument grandiose), une
pucelle trentenaire
et sensitive
(Lola Duenas), un couple de jeune marié, un mexicain mystérieux, un
Don Juan et
un
homme d'affaire poursuivi par la justice et abandonné par sa fille
occupent les siège de la business class. Cocktail explosif :
L'Agua de Valencia, aphrodisiaque des années 70 auquel est ajoutée
une bonne dose de drogue (mescalina)
et d'euphorie, est servie aux passagers, aux stewards ET aux pilotes.
Alcool, drogue et autel de prière bouddhiste kitsch sont les seuls
accessoires au milieu d'un avion minimisé mais chatoyant et de
costumes simples aux couleurs hispaniques.
L'Amérique est un autre monde. Trop de trop tue le trop. Harmony
Korine tue tout.
Il tue le mythe du Spring Break et celui des jeunes filles immaculées
de Disney Chanel. Elles ne sont même pas belles, dévaluées et
résumées à des chiffres : James Franco (meilleur acteur du
film, belle performance) les achète en les faisant sortir de prison,
Disney les achète pour vendre ses Teen movies. Au contraire, Korine
les sous paye, les sous traite. Dans une interview, Selena Gomez dit
avoir travaillé dans des conditions aux antipodes des tournages de
Disney : bouffe dégueu, pas de loge personnelle...Et oui ma
jolie, le cinéma Trash indépendant américain (terme
discutable...vu le budget du film et la campagne publicitaire sur les
bus de Paris, on peut remettre en question le mot indépendant) paye
moins que jouer dans...on ne sait pas trop quoi d'ailleurs.
Les seuls moments pendant lesquels les quatre héroïnes, cocaïnées
de pacotille, sont belles et touchantes, c'est lorsqu'elles craquent,
lorsqu'elles trouvent ça trop dur, que c'est trop, trop trash pour
leur CV. Seules Brit (Ashley Benson, sûrement la meilleure actrice
des quatre avec Rachel Korine) et Candy (Vanessa Hudgens) vont
jusqu'au bout. Harmony Korine pousse le vice à son maximum, la
dernière scène a quelque chose de tragique après tant d'actions.
Sauf que le spectateur est déjà sorti du film quand Cotty (Rachel
Korine) prend le bus. 1H32 c'est presque trop pour un concentré
d'image acidulées, maillots de bain couleurs stabilos, boostés par
des musique barbares et des drogues plus ou moins légères.
Au final on ne sait pas qui de la perplexité ou de l'insensibilité
totale l'emporte après un tel bombardements d'American dream devenu
bad trip total.
En sortant du cinéma, un seul sentiment m'habite : la
perplexité.
Trop d'effets visuels, pas assez d'émotions disent les critiques.
Non. Perplexité. Les effets visuels sont très beaux, surréalistes,
assez Nouvelle Vague mais avec les moyens qu'offre le XXIème siècle.
Alors n'est-ce pas plutôt ça la question : Le film ne
reflète-t-il pas plus la désespérance et l'absurdité de nos jours
plutôt que celle de l'époque de Jean Sol Partre, du jazz et autres
fantaisies ? Les émotions sont là mais ne provoquent pas de
réaction exagérées chez le spectateur. Le casting est alléchant,
trop peut être, mais les acteurs s'adaptent au film, au livre, à
Michel Gondry. L'univers est poétique, les dialogues automatiques,
tout comme les personnages derrière les machines à écrire, fil
rouge d'une histoire en décomposition.
L'adaptation de la période (je n'ai pas la prétention de dire
l'adaptation du livre ne l'ayant pas lu) est réussie dans le sens où
l'observation de la société est transposée et efficace, même plus
de 50ans après la parution du roman (le regard critique sur la
religion ou le thème du temps qui passe inéluctablement dont on ne
se lasse presque pas par exemple). Et enfin l'amour de Colin et
Chloé, intemporel, imparfait, tour à tour superficiel ou à l'état
pur, reste touchant jusqu'au rétrécissement ultime de leur
appartement, de leur vie.
Chronique revisitée à paraître après la lecture de l’Écume des
jours de Boris Vian.
La série qui peut ruiner votre vie sociale, votre travail ou au
contraire vous permettre de combler votre absence de vie sociale et
de faire des pauses lors d'intenses révisions !
Alicia Florrick est la femme de Peter Florrick, procureur du comté
de Cook (Chicago, Illinois). Ce dernier, plus ou moins piégé par
ses adversaires, l'a trompé avec une prostituée. Tout comme Hillary
Clinton, Alicia soutient son mari malgré les preuves irréfutables.
Mais, femme au foyer depuis 13ans, elle décide de reprendre sa
carrière d'avocate pendant que son mari purge sa peine afin de
subvenir aux besoins de ses deux adolescents. Elle rejoint ainsi
Lockart, Gardner & Stern, cabinet de son ancien camarade de
Georgetown et ancien amour de jeunesse Will Gardner. En compétition
avec Cary, jeune (beau) premier tout juste sorti de la fac de droit,
elle défend ses clients et s'implique personnellement et
émotionnellement dans chacune des affaires...
Bref, je pourrais vous raconter les 4 saisons, mais ça ne serait pas
drôle, ça gâcherait le suspens. The Good Wife a quelque chose de
spécial, des acteurs talentueux (Julianna Marguiles (Urgences),
Chris Noth (Sex and the City), Matt Czuchry, Archie Panjabi dans le
rôle de la troublante enquêtrice du cabinet, personnage le plus
mystérieux et magnétique de la série... et tous les autres).
Mais The Good Wife permet aussi d'apprendre et de comprendre la
justice (au combien incompréhensible) américaine mais aussi
d’appréhender des sujets d'actualité (2 mois de décalage entre
le tournage et la sortie de l'épisode) avec une approche différente.
Elle permet également de comprendre la société américaine
puisqu'en plus de couvrir le domaine de la justice, la série parle
aussi de politique, de campagne électorale mais aussi de thèmes
comme la religion (l'héroïne est athée, contrairement à la
majorité des américains et à son mari).
On est pris dans le tourbillon des procès, des campagnes
électorales, des histoires d'amour (inévitables). C'est la série
qui a réunit, pour la première fois depuis longtemps, toute la
famille sur le canapé de 20h à minuit... On se met alors à rêver
de « civil court » dans lesquelles les personnages crient
« OBJECTION your honor ! ».
Wes Anderson prouve avec ce conte extravagant que l'amour est
possible à tout âge, qu'il peut être déraisonnable, passionnel et
désespéré même quand on a 12ans. Sam et Suzy, deux enfants un peu
déséquilibrés s'aiment et fuguent à travers une île ou deux de
la Nouvelle Angleterre.
AVIS A LA POPULATION : Deux enfants disparus : Sam est
orphelin, scout et peintre à ses heures perdues. Il porte un
uniforme scout, un chapeau auquel est accrochée une queue d'animal à
fourrure. Suzy porte une robe rose, des chaussettes montantes
blanches, une valise jaune remplie de livres volés à la
bibliothèque et un panier dans lequel repose un petit chat. Ils sont
armés et potentiellement dangereux !
L'univers d'Anderson est fascinant, plein de détails farfelus. Les
décors sont magiques et donnent envie de retourner en enfance, de
partir en camp et d'habiter la grande maison de la famille Bishop
(Bill Murray, père excentrique et Frances McDormand, mère infidèle
et légèrement névrosée sont excellents). Les deux jeunes acteurs
sont remarquables, ils sont à la fois très naïfs et tellement
adultes dans leurs discours. Souvent les rôles sont inversés, les
enfants agissent comme les parents et ces derniers se chamaillent
comme s'ils avaient à nouveau 12ans.
On note également la présence rassurante de Bruce Willis en
Capitaine Sharp, ce n'est pas un rôle de sauveur du monde mais
presque...
Encore un film qui rend heureux. Starbuck, surnom de David Wozniak
lorsqu'il était donneur régulier dans une banque de sperme
canadienne, apprend qu'il est père de 533 enfants dont 142 qui
veulent connaître son identité. Tout d'abord réticent à l'idée
de les connaître (sa copine est enceinte, il va être vraiment
père), il ne peut résister à la tentation d'ouvrir l'enveloppe qui
contient les profils de ses enfants. Devenu leur ange gardien, ils
les suit jusque dans les réunions pendants lesquelles ils préparent
le procès qui les opposera puisque david refuse de dévoiler son
identité, même au nom du droit fondamental que revendiquent ses
enfants : savoir d'où ils viennent.
Père d'un footballeur professionnel, d'un musicien du métro, d'une
toxicomane dépressive, d'un jeune handicapé, d'un gothique
dérangé...(On ne saurait les énumérer tous) le réalisateur
dresse un portrait touchant de chacun d'eux. Le rapport au père
n'est pas décortiqué mais simplement montré tel qu'il est, pas
indispensable pour certains, vitale pour d'autres.
On sourit, on rit, on pleure presque. C'est un film d'amour, pas
entre un homme et une femme (ni entre deux femmes ni entre deux
hommes d'ailleurs) mais entre un père et ses enfants, entre les
enfants eux mêmes (sans inceste hein!). Une belle leçon de vie, un
bon moment à passer et surtout une bonne humeur assurée.
WOODY ALLEN
Prends
l'oseille et tire toi de Woody Allen 1972 ****
Une bonne et franche rigolade, tout simplement. On retrouve Woody
Allen à ses débuts, pourtant, le générique était déjà le même
qu'il y a quelques années, quand il jouait encore dans ses films :
film DE Woody Allen, AVEC Woody Allen, écrit PAR Woody
Allen...Passons. Virgil
est un voleur, il a fait de la prison, plusieurs fois même. Mais il
fait 1m65
et possède la carrure d'un violoncelliste maladif. Amoureux
d'une blanchisseuse trop belle pour lui, la chance lui sourit enfin,
après plusieurs braquages ratés, quand elle accepte de l'épouser,
de l'attendre quand il va en prison, de lui faire à manger (très
mal d'ailleurs) et un enfant.
Plusieurs braquages s'enchaînent ainsi que plusieurs fuites de
prison, plusieurs poursuite à travers les États-Unis. Il est classé
ennemi public et devient un héros populaire : M. Tout le monde,
l'homme le plus discret et le moins susceptible d'être suspecté est
un bandit...de pacotille !
L'humour est au rendez vous, le ridicule du héros est à mourir de
rire, il est à la fois hilarant et attachant.
Match Point de
Woody Allen 2005 ***(*)
Un Woody Allen tiré aux quatre épingles : costumes et décors
de la haute société anglaise. Tenue de tennis immaculée, couples
de belles personnes (Scarlett Johansson, Emily Mortimer, Matthew
Goode et Honathan Rhys-Meyers), richesse, réussite ; tout un
amalgame pour cacher, pour justifier même, un crime d'intérêts
déguisé en crime passionnel. Intrigue alambiquée assez ordinaire
pour un Woody Allen décidément en forme. L’ambiguïté du héros
est troublante, la tension est palpable tout au long du film. On est
tenu en haleine.
INCLASSABLES
La
Jeune fille à la perle de Peter Webber 2003 ****
Scarlet Johansson incarne à
merveille la Joconde du nord aussi appelée la jeune fille au turban
ou encore la jeune fille à la perle de l'illustre peintre Johannes
Vermeer.
Les décors façon 17ème siècle
sont très réalistes alors que l'histoire elle, ne l'est pas. Elle
est adaptée du roman de Tracy Chevalier, pure fiction. Et pourtant
c'est un beau conte, celui d'une servante sensible à l'art du maître
et aux couleurs des nuages. Victime de sa beauté auprès des riches
mécènes de Vermeer, auprès du touchant boucher dont elle
s'amourache mais également auprès du peintre lui même (Colin
Firth) fasciné par son modèle. Ce sont les images reconstruisant
les tableaux qui sont les plus impressionnantes de par leur
ressemblance avec les originaux. Les couleurs de la peinture sont
transportées sur l'écran, rendant ainsi visible des œuvres
dispersées dans la plus prestigieux musées d'Europe.
The Importance
of Being Earnest d'Anthony Asquith 1952 **
Comédie du grand Oscar Wilde adaptée au cinéma... ou plutôt pièce
de théâtre dans un décor authentique, filmée par une caméra. En
effet le jeu des acteurs est très différent de celui de
l'adaptation la plus récente (avec
Colin Firth), très old birtish. On rit mais plus grâce à
l'écriture que grâce à la mise en scène.
BLOCKBUSTERS
Avatar de James
Cameron 2009 ***
Quoi de mieux pour inaugurer une télé 3D qu'Avatar et Bilbo le
Hobbit ?
Moins spectaculaire qu'au cinéma l'histoire de Jake
Sully reste captivante et touchante. Les paysages sont à couper le
souffle et les cérémonies des Na'vi sont ensorcelantes, on a
presque envie d'y être, de communier pour la résurrection de Grace
dans son Avatar. C'est dans ces moments où lors des vols à dos de
dragons aux noms bizarres que la 3D se révèle être
indispensable...
The Hobbit, An
Unexpected Journey de Peter Jackson 2012 ***
Premier d'une série de trois, un voyage inattendu permet aux fans du
Seigneur des Anneaux un peu de changement sans pour autant être
dépaysé. Le film est bourré de références à la fameuse saga.
Gollum est toujours aussi effrayant, écœurant et...attendrissant.
Le roi des Gobelins est juste immonde, on attend qu'une chose :
que les nains lui découpent son quadruple menton plein de verrues.
Les Orques sont encore plus laids qu'avant et malheureusement plus
intelligents. La quête des petits hommes (nains et hobbit confondus)
et du magicien culte (Gandalf) n'est pas aussi entraînante que celle
de la Communauté de l'Anneau, mais elle a l'avantage de renouveler
le stock de citations à sortir en cas de prise d'otage par des
Trolls.
Star Wars
Épisode IV - A New Hope de George Lucas 1977 ***(*)
Effets spéciaux vintage et ambiance bon enfant font qu'en voyant
Star Wars pour la première fois à 18ans, on se sent à la fois un
peu vieux et à la fois rajeunir... Le plus ancien de la série n'a,
selon les connaisseurs, presque rien perdu de son charme. Pour les
novices, il est plus difficile de ne pas sourire devant la
prévisibilité des événements. On peut essayer d'y voir un
message, une ode au bien qui se bat contre le mal, mais c'est un peu
simpliste. Alors autant mettre l'intellectuel de côté et apprécier
le film comme on l'aurait fait si on l'avait vu plus jeune.
POURQUOI OUR DEGENERATION VOTE
SALMON FISHERS SUR LES INROCKSLAB :
Parce qu'on aime la chaleur des
morceaux, leur esprit, leur public intergénérationnel et
l'ambiance pop-tribale des grands espaces !
Parce que l'EP qui sort en septembre et
qu'ils promèneront sur scène d'ici là est vraiment...très bon !
On vous en contera plus le moment venu,
mais qu'est ce qu'on aimerait vous en parler, vous chuchoter tout ce
qu'on y entend... On préfère vous rendre jaloux en vous disant
qu'on l'a écouté et que vous avez intérêt à les porter sur la
scène du Transbordeur pour en juger !
Parce qu'un jour d'août, après une
interview haute en couleurs, les Salmon Fishers ont comparé notre
entretien avec celui qu'ils avaient eu avec les Inrockuptibles. C'est
donc avec joie et sincérité qu'on essaye d'égaler leur
compliment !
Parce qu'ils sont des habitués sur Our
Degeneration :
On
a profité de leur sélection sur les InRockslab pour aller leur
poser quelques questions...
Le Printemps de Bourges, c'était
comment ?
C'était rock'n roll ! Mais au soleil, avec un bon
public. On a passé un bon moment sur scène.
Racontez nous un petit peu l'enregistrement de
l'EP.
L'enregistrement lui-même s'est fait en septembre 2012 et
en deux parties : cinq jours de pré-production et cinq jours
d'arrangements et d'enregistrements définitifs. Nous travaillions à
la composition des morceaux depuis presque 6 mois! Arrivés en
pré-prod avec quelques maquettes faites maison lors d'une résidence
isolée au fin fond de l'Ardèche, on a d'abord sélectionné les 5
morceaux à travailler et à enregistrer.
La session à Mikrokosm
s'est très bien passée, les deux semaines de battement entre la
pré-prod et l'enregistrement, qui ont été bénéfiques pour
prendre du recul et réfléchir aux arrangements des morceaux. On a
essayé de fournir nos meilleurs idées dans cet EP et nous avons eu
d'excellentes conditions de travail pour cela à Mikrokosm.
Où est ce qu'on pourra voir les Salmon Fishers dans les
prochains mois ?
D'abord le 1er juin à Fareins (dans l'Ain),
au festival DVPM.
Au Transbordeur, on l'espère, avec les Inrocks,
le 27 juin (grâce à vos votes !) !
Sinon, on vous dit "à
la rentrée!"
Sortie d'EP en septembre, sortie de la première chanson le 10
juin... Quels sont les autres projets de Salmon Fishers ?
L'EP
sort, mais surtout, chaque titre sera illustré par un clip. Ces
clips pourront se voir en un tout ou individuellement, comme l'EP
peut s'écouter par titres ou globalement. Le but est de faire
voyager le spectateur dans des univers très différents, mais en
gardant une identité commune, de faire sortir des émotions aussi
variées que celles que l'on peut avoir tout au long d'une vie. On
vous en dit pas plus pour le moment !
Les Inrockslab, ça représente quoi pour vous ? Pourquoi est
ce qu'il faut voter Salmon Fishers ?
Pour nous, c'est un moyen
d’accroître notre visibilité professionnelle auprès d'un réseau
reconnu, à un moment où on lance notre carrière avec un nouvel EP
que l'on revendique pleinement, que l'on va pousser nationalement.
C'est le meilleur moyen d'avoir un maximum de regards braqués sur
notre projet.
C'est une grande chance d'être sélectionné et de
se retrouver au milieu d'un tremplin avec des groupes de la région
de ce niveau! Nous avons nous-même découvert des formations de Lyon
que nous ne connaissions pas et qui décoiffent!
Un message pour les gens qui vont voter pour vous ?
Hm...
Mangez, écoutez, observez du saumon? C'est bon pour votre santé!
Il
y a des jours où ouvrir sa boîte aux lettres revient à ouvrir un
coffre rempli de trésors. Le trésor en question c'est l'album
Yellow Leaves de June & Lula qui sort dans11jours exactement !
Une
bouffée d'air qui donne envie de se réveiller de bonne humeur le
matin et d'aller faire un tour dehors... Sauf qu'il pleut, alors au
lieu d'aller gambader, on écoute un petit peu plus en détail la
folk-bluesy bondissante de June & Lula.
C'est
le deuxième album des demoiselles ; moins acoustiques, plus
arrangés, les morceaux se teintent d'une couleur plus pop sans
perdre une goutte de légèreté.
Les
deux voix féminines s'entrecroisent pour rendre le vieux blues et la
folk 60's/70's plus aériens, plus modernes. Souvent mêlées, plus
rarement elles se répondent (Old Man Town), la
complémentarité toujours au maximum. Tour
à tour caressantes, mordantes, parfois énervées ou riantes, elles
nous emmènent d'histoire en histoire. Celles de personnages
singuliers : clown, vagabonds, Suzanne, Roms. Femme ou homme,
peu importe. Ils
sont tourmentés, malmenés mais avec tant d'ingénuité qu'une
chaleur optimiste se dégage de l'ensemble.
Les
modulations font sourire, on passe du majeur au mineur le
temps d'un soupir. La pochette est noire mais les deux jeunes filles
sont lumineuses!
Brigitte ;
Théodore, Paul et Gabriel ; June &
Lula... autant de prénoms qui redonnent leurs lettres de
noblesse à la pop et à la folk française.
Sailor
et Lula (David Lynch)...
et pourquoi pas Rita et Betty de Mulholland
Drive ? DailyElle
rapprochait bien le
clip de Revert to The Wildde
L'amour pour tous, thème qui tient aux cœurs de Céline et Tressy
(June et Lula) depuis leur premier album (Mygirl,
Lonely guys blues).
Sur
Yellow Leaves,
Céline et Tressy se sont entourées de quelques invités de marque :
Sanseverino
à la guitare sur
la très joyeuse Clap your hands.
Celle-ci rafraîchit
l'ambiance après quelques chansons plus noires (les
ballades parfois
engagées : Naked
woman très
électrique et
mélancolique, Silent
man, Interlude de
Suzanne et Billy).
Sont
aussi présents Freddy
Koella et Dick Annegarn dont la voix sur Billy
ressemble à celle, très touchante, d'Antony
and the Jonhsons. La
chanson parle des Roms mais paradoxalement, elle ressemble plus à un
vieux blues de western. Quant à No more
dont Dick Annegarn fait les chœurs, elle jongle avec le jazz, le
gospel et le swing. S'ensuit immédiatement après : Flying
Hat, dans la même lignée
jazzy avec son rythme
syncopé et sa clarinette. Elle
éclaire une fin d'album assez sombre dans les thèmes abordés,
habitée par la mort (Near the stars,
Final de Suzanne,
The moon talked through the wind),
l'automne (Yellow leaves,
berceuse éponyme très touchante). Pourtant,
une fois l'écho des
dernières notes disparu,
pas de tristesse, juste un
petit espoir amené
par deux voix complices.
1965,
le guitariste des Who compose My Generation : « I
hope I die before I get old ». 20ans et déjà la peur de
vieillir dans le ventre. Et pourtant, dans ce tube bluesy, avec
sa batterie effrénée, son bégaiement compulsif, ses
questions/réponses entre basse et guitare, il y a un énorme
élan d'optimisme, une insouciance communicative.
C'est dans cet esprit que nous avons
créé Our Degeneration : moins de 20ans, génération internet
2.0, l'envie de dire à tout le monde ce qu'on aime, de partager,
encore et toujours.
"My g-g-g-generation", le bégaiement fait son effet, le public reprend en cœur : On entend Degeneration!
Et puis il y avait le souvenir de cet
art dégénéré, celui qui était condamné par le régime nazi,
chassé par la force d'un pays tellement aveuglé qu'il n'osait plus trouver la beauté là où elle était la plus intense :
chez Picasso, Chagall, Kandinsky, Klee, Bartok, Schöneberg, Billy
Wilder et chez tellement d'autres encore !
Mais revenons à notre chanson de
départ...
Séparées de celle-ci par presque
50ans d'histoire(s), on s'éloignait déjà un petit peu de notre
temps alors même que notre nom n'était pas clairement défini.
Puis, en écoutant The Who en boucle, on s'est très vite rendu compte qu'on ne voulait pas seulement écrire sur UNE génération (la nôtre) mais sur TOUTES les générations :
en partant de nos grands parents (parfois de nos arrières grands
parents) pour aller jusqu'à nos petites sœurs. Sans distinction, sans
classement et en n'hésitant jamais à les mêler, sans avoir peur
des contrastes et de l’éclectisme de nos goûts.
Bob Dylan, Freud, Stephen King et Sartre dans le même article, c'est
possible (c'est ici) !
Ne pas parler uniquement de l'actualité culturelle immédiate
(risque d'internet) mais toujours écrire avec légèreté et
modernité peu importe l'âge du sujet... C'est un petit peu ça le
but suprême!
My Degeneration (premier nom) est très vite devenu Our
Degeneration pour la simple (et sûrement bonne) raison que nous
étions deux et que vous êtes beaucoup, de plus en plus même! Alors MERCI!
Il en faut peu pour faire de la
folk. Ladybug and the Wolf sont deux et l'intensité n'en est pas
pour autant diminuée. La formule semble être la
bonne. Tout comme pourThe Do, Cocoon, Princess Chelsea ou encore The Moldy Peaches, les voix s'entremêlent
subtilement et sculptent une mélodie aux formes délicates.« On est que deux sur scène...et pour tout en
fait ! On est dans une bulle
ensemble. Il y a des trucs chimiques qui passent, on ne
se regarde pas souvent,il n'y a pas besoin ! ».
Sur scène, la configuration est
atypique : un décor forestier, une robe noire et des cils
excentriques pour la coccinelle.
« Notre nom
nous représente, nos personnalités sont assez identifiables
à ces deux animaux. Ça rappelle les grands
espaces, la forêt, les plaines, la montagne. On
aime pas être enfermés, c'est notre habitat naturel. ».
Un portique de feuilles auquel sont
pendus différents instruments dessine une auréole autour de Paloma
(chant, guitare, piano, percussions...xylophone) et la lumière
plonge la « fosse » de la Marquise dans une
ambiance feutrée. Le loup (Kevin : guitare, chant, piano,
harmonica) veille sur elle avec sa voix surprenante dans les graves
et remarquable lorsqu'elle s'envole.
Le public est assis, attentif.
La Marquise, 13 avril 2013 - Ladybug and the Wolf
Crédit Photo : Hervé Aubert
C'était le 13 avril, l'EP To
Raise a Miniature Garden sortait le 15.
Cet EP justement, parlons en !
De la folk, parfois pop, jamais seulement trois accords plaqués au
hasard. On applaudit les contre chants originaux, les voix qui
donnent envie de regarder dans le vide et de partir loin...en les
emmenant avec nous évidemment !
« On fait de la folk
indépendante, la comparaison avec Cocoon ça va, celle que tu fais
avec The Do : très bien, The Moldy Peaches, encore mieux !
Mais avec d'autres groupes qui ont juste une guitare et qui font de
la « folk »... il y en a tellement. Nous le but c'est de
travailler un peu plus la musique, faire des trucs plus underground
pas seulement un enchaînement d'accords majeurs. »
« Non la Marquise
c'est underwater (rires) !On aime être proches des gens,
voir leurs visages, c'était aussi le cas à l'Isle
d'Abeau, ils étaient assis, posés dans leur
fauteuil, on se dit qu'on les berce, qu'on les calme. Après des
salles comme le Fil (St Étienne) dans lesquelles on a l'habitude
d'aller en tant que public...c'est génial, on se sent en confiance
et pourtant c'était la finale d'un tremplin : c'était aussi la
première fois qu'on avait un beau son, il y avait beaucoup de monde,
on se sentait poussés ! A l'estrade aussi c'était super
chouette, c'est un petit théâtre, il y a des balcons, c'est très
poétique, on a même refusé du monde !»
Poétique...C'est justement le mot
qui qualifie le mieux l'univers du duo et de To Raise a Miniature
Garden. Le piano d'And we die peut en témoigner. Les
envolées lyriques sont touchantes, en équilibre sur un fil à la
limite de se casser. Mais les deux piliers auxquels il est accroché
sont bien trop solides. The Valley qui ouvre l'EP est assez
sombre et pourtant la chanson dégage un certain optimisme. Son clip,
diffusé lors du concert de lancement de l'EP est très coloré mais
un clown au sourire noir et blanc apporte la touche d'obscurité qui
règne dans le morceau.
« Les histoires qu'on raconte
dans l'EP sont très différentes, elles parlent beaucoup des
rapports humains, les mauvais côtés des gens. The Valleyparle de
tout ce qu'on peut faire dans la vie, autant des erreurs que des
belles choses, ça parle d'une vallée avec une maison abandonnée
dans laquelle il n'y a pas de fenêtres, pour ne pas qu'on puisse
voir le ciel qui est fâché à cause des erreurs qu'on a commises.
Les chansons sont inspirées de ce qu'on vit, de ce que je vois
[Paloma]. Des fois j'entends une histoire et même si je ne l'ai pas
vécue, j'ai envie de chanter dessus. »
Le résultat est étonnant,
l'univers est assez décalé, très onirique. On a l'impression
d'être dans un dessin animé dont les personnages ont grandi. Et
pourtant le final de l'EP, Under My Chair ne cesse de répéter
« We are children ». On pense immédiatement à The Do
avec leur chanson Playground Hustle« We
are not crazy ! We're not afraid of you grown-ups ! We'll
go ask the queen of this kingdom if you won't let us play with
screws and hammers ». Un dessin animé dont les
personnages ne veulent pas grandir ? Dans la vidéo, le duo
reste impassible face à un monde tout en action, parfois enfantin,
parfois effrayant, qui les met dans une boîte, dans un carton pour
être plus précis. Des images à la fois attendrissantes et
désarmantes.
Les Noces Funèbres, Tim Burton
« Je suis fan de Tim Burton,
donc tout ce qui est onirique...[Kevin]
-Moi de David Lynch pour le côté
plus sombre. On aime aussi les couleurs, dans notre clip, il y a
beaucoup de couleurs, ça me fait penser à des films acidulés comme
Across the Universe. [Paloma] »
Le cocktail - acide + folk - est
original et fonctionne en live comme sur un canapé. Cependant des
chansons comme Moods (un de mes coups de cœur dans sa version
démo mais aussi sur l'EP) à la fois calme et pleine de
rebondissements et de belles résonances sur les refrains est moins
mise en valeur sur scène.
C'est tout le contraire pour Messy Girl (mon autre coup de cœur ; elle précède Moods
sur l'EP, l'enchaînement des deux est définitivement réussi) qui
est galvanisée par le « tambour » qui résonne dans la
Marquise et donne une dimension chamanique exaltante au concert,
transformant ainsi la coccinelle en une petite fée aux incantations
enchanteresses. Cela nous fait presque regretter l'absence de
percussions plus entraînantes sur certains morceaux.
La complémentarité des deux voix
est marquante, revenons donc un peu sur la genèse de Ladybug and the Wolf et son « osmose » :
« On
s'est rencontrés à St Étienne : on cherchait des musiciens
pour compléter nos projets personnels respectifs, donc chacun dans
notre groupe... et plutôt que de faire le groupe qu'on avait prévu
de faire à la base, on a décidé de faire un nouveau projet. Moi
j'étais en solo et Paloma était avec un guitariste, elle en
cherchait un autre. Donc en gros...chacun cherchait quelqu'un. En se
rencontrant on s'est rendu compte qu'on avait un univers commun donc
on a laissé tomber tout le reste.
-Moi j'ai
quitté mon guitariste et toi, tu as quitté...toi même »
Ladybug - Paloma
Crédit photo : Hervé Aubert
Leur univers commun était constitué
d'une multitude d'influences très différentes allant du jazz à
l'electro en passant évidemment par la folk (expérimentale ou
ancestrale) :
Paloma : Ah ! Pas moi !
C'est bon à voir, mais je ne me sentirais pas de jouer en première
partie de Radiohead, je dirais... Six Organs of Admittance ou
Vetiver, ce sont des groupes de folk expérimentaux, c'est très
nature. Sinon Lady gaga évidemment... (rires) !
Paloma : Ah ouais !!! On
se met d'accord la dessus, Ray Lamontagne !
Dans la scène lyonnaise, Ladybug
and the Wolf ont choisi pour leur première partie deux groupes de
choix et on les en remercie : Nazca (juste bluffant sur scène,
grosse claque, on espère les revoir très vite sur Our Degeneration)
et Joris (vraiment très sympa, deux excellents guitaristes pour un
très bon set!).
Ladybug and the Wolf entend bien
défendre son EP un peu partout et s'insérer par la même occasion
dans la belle dynamique musicale qui anime la région ! Où est
ce qu'ils seront dans 2mois, un an, 5ans...Dix ans ?
« Au zénith...complètement
(rires) !!! Non, mieux, dans un sous-marin pour un concert
sous l'eau ! [Paloma]
-Sinon cet été on va aire des
festivals Nigériens. »
WHAT???!!!
« Oui, le Ligérien, c'est la
région de St Étienne, ça veut dire « de la Loire »,
donc ça c'est à court terme. Après à long terme, idéalement à
la fin de l'année : un album et aussi le Radiant à Caluire,
dans l'idéal des premières parties d'artistes renommés... ce
serait vraiment le pied ! »
The Wolf - Kevin
Crédit photo : Hervé Aubert
Sinon concrètement, ils seront en
1ère partie d'Alela Diane, le 10 Juillet à l'occasion du Festival
des 7 collines à St Étienne !
Question post-concert à la
Marquise : Comment avez vous vécu ce live ?
« On s'est sentis très
à l'aise, bien accueillis par le public qui était réceptif à
notre univers. Le fait d'avoir été précédés par
des artistes talentueux nous a mis tout de suite dedans ! En sortie
de scène nous étions satisfaits et le public n'a pas hésité à
venir nous solliciter, échanger, ce qu'on adore ! »
Paloma : Les 20 premières minutes
sont incroyables, le reste c'est toujours la même chose : c'est
des clichés d'images : la fille avec sa robe de voile dans les
champs de blé avec le soleil derrière...
Le dernier livre que vous avez lu ?
Kevin : L'autobiographie de Johnny
Cash, magnifique !
Paloma : Un livre écrit par le
roi de Jordanie sur le conflit israélo-palestinien vu que je pars
bientôt en Jordanie.
Votre meilleur souvenir de concert
quand vous étiez dans le public ?
Kevin : On était allés voir Jil is lucky au Marché Gare...et il y avait Julien Pras en première
partie, pfffiou ! Nom de dieu !
Paloma : C'était bouleversant du
début à la fin, limite on avait envie de se casser après la
première partie...