25 octobre 2012

J'ai lu ( Eté - Automne )

J'ai lu ( Été - Automne ) par Mathilde
*A éviter sauf sous la torture
** Mais encore?!
*** Pas mal
**** Carrément ouais!
***** Fantastique, sublimissime...


Chroniques de Bob Dylan *****
En août dernier, Life de Keith Richards était le « livre rock » le plus vendu selon la FNAC, Chroniques de Dylan était alors 10ème. En septembre, Keith Richards était détrôné par Just Kids de Patti Smith...Tandis que Chroniques sortait du top 10... WTF ?!
Alors qu'il m'a été impossible d'aller au déjà du deuxième chapitre de Life (écriture pompeuse, prétentieuse, maniérée et surtout d'un ennui absolu), les cinq chroniques qui constituent le premier des trois tomes de l'autobiographie du folksinger sont presque passées trop vite. Elles racontent cinq épisodes de la vie de Dylan, dispersés dans le temps, de ses débuts à New York, aux enregistrements de divers albums en repassant par sa jeunesse, l'avant New York. Histoire de la construction d'un homme.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la musique, fil conducteur du livre, n'est pas présenté comme l'élément central de l'histoire (les nombreux livres dédiés à Dylan suffisent à expliquer les chansons, les paroles et le reste), Dylan est plus modeste et presque plus timide que jamais. Le succès est à peine évoqué, en revanche tous les petits détails (les cabines téléphoniques de NY, les références à la politique, aux autres groupes de l'époque) nous plongent dans une ambiance très particulière, celle des années 60-70-80. La réflexion est poussée, l'écriture est libre et poétique.
« Le bonheur ne se trouvait pas au bout de la route, quelle qu'elle soit, car il était lui-même la route. Elle m'a aussi recommandé d'être gentil, car la vie est peuplée de gens qui mènent une dure bataille. » Notes sur une partition (1ère chronique)
« ...mais mes concerts ne semblaient jamais rendre justice à l'esprit des chansons- balles lancées sans effet. » Oh Mercy (4ème chronique)

« Dans le Midwest, quand j'avais l'impression d'être jeune à perpétuité, la radio occupait largement mes pensées. » La terre perdue (2ème chronique)




Écriture, Mémoires d'un métier de Stephen King *****
« Pourquoi voulais-je écrire sur l'écriture ? Qu'est ce qui me faisait penser que j'avais quelque chose d'intéressant à dire sur le sujet ? […] Ou bien, pour l'exprimer autrement, je me refusais à écrire un livre, même un petit livre comme celui-ci, qui me donnerait l'impression d'être un cuistre littéraire ou un trou du cul transcendantal. »
« Ce livre n'est pas bien long, pour la simple raison que la plupart des livres qui parlent d'écriture sont pleins de conneries. Les romanciers, moi y compris, ne comprennent pas très bien ce qu'ils font, ni pourquoi ça marche quand c'est bon, ni pourquoi ça ne marche pas quand ça ne l'est pas. J'imagine qu'il y aura d'autant moins de conneries ici que le livre sera court. »

Écrire, on se demande souvent comment ça marche pour les auteurs à succès comme Stephen King (350 millions d'exemplaires vendus). Et bien voilà une réponse, partielle certes, mais une réponse. Une réponse personnelle, sincère et même assez hilarante. La première partie (CV) est une autobiographie, résumé des débuts littéraires (à l'age de 5ans) de l'auteur : ses premières publications, le succès. Pleine d'anecdotes franchement drôles, la partie CV permet de rentrer dans le livre en douceur.
Puis Qu'est ce qu'écrire (« De la télépathie bien entendu », télépathie entre l'auteur et le lecteur) et Boîte à outils donnent conseils et « petits trucs » utiles pour écrire (la grammaire, le vocabulaire : « Comme le disait la pute au matelot intimidé : « L'important, c''est pas ce que tu as, mon chou, mais comment tu t'en sers. » », le sujet, la page blanche, la thématique, le brouillon, les dialogues etc) toujours sur un ton léger et très direct.
Ce n'est pas une ligne de conduite à suivre pour tout apprenti écrivain mais un angle d'approche sur ce que pourrait être l'écriture si on s'y mettait sérieusement. L'amour de King pour son métier (et pour sa femme) est le fil rouge de ce petit manuel, on sent qu'il s'éclate et on réfléchit alors... Pourquoi j'écris ? Pourquoi j'aime écrire ? Pourquoi je veux écrire ?
La dernière partie, De la vie : un post scriptum, raconte l'accident de voiture dont l'auteur a été victime et comment celui-ci a influencé son écriture. Ce petit épilogue s'insère parfaitement dans le reste du livre : sincérité, expérience personnelle et modestie sont toujours au menu.
Écrire c'est un « travail solitaire qui peut être éprouvant, un peu comme traverser l'Atlantique dans une baignoire ».

5 leçons sur la psychanalyse de Sigmund Freud ****L’embêtant avec la philosophie de Freud, donc avec la psychanalyse, c'est qu'après avoir compris un minimum ce qu'il veut dire, tu te demandes sérieusement si tu dois aller consulter. C'est assez flippant en y réfléchissant tout ça : l'inconscient, l'omniprésence de la sexualité dans nos pensées, nos rêves, nos lapsus...Mais non pas moins intéressant ! Finalement, ça peut nous servir à nous poser des questions (existentielles ou pas d'ailleurs), tant mieux ! Une belle ouverture sur la pensée psychanalytique et autres bizarreries de ce genre. Incontournable !


L'existentialisme est un humanisme de Jean-Paul Sartre **
Je ne sais pas si j'ai tout compris, aussi, je ne me livrerai pas une analyse détaillée de l’œuvre... Ni même d'ailleurs à un résumé. Pour faire court et simple, en quelques mots à peine, Sartre explique sa philosophie : l'existentialisme, et décrit en quoi elle est humaniste.
Non, mais en vérité, il y a bien pire. Le livre pourrait faire 500pages, il n'en fait que moins d'une centaine et la lecture demande tellement d'attention et de concentration que l'aspect soporifique du titre est presque oublié. Et parfois on comprend même des choses... Et sur la plage, on a carrément l'air d'un intellectuel (ou d'un fou, à vous de voir) à côté de la fille sur la serviette voisine qui cache honteusement la couverture de Voici.
Il y a quand même plus funky comme lecture d'été, et pourtant, j'aime bien Sartre !
 

Zazie dans le métro de Raymond Queneau ****On nous a menti ! Zazie, pas une fois elle n'y entre dans ce fameux métro. C'est pas si grave, ce n'est pas comme si c'était la première fois qu'un roman nous mentait. Et puis au final qu'elle y aille ou qu'elle n'y aille pas dans ce métro, ce n'est pas très important.
Lorsqu'elle arrive à Paris, la jeune provinciale (Zazie) est fascinée par la capitale (et son métropolitain, mais ça on l'avait compris). C'est un peu la même fascination que j'avais ressenti en ouvrant le livre pour la première fois à environ 8-9ans. Néologismes, situations pittoresques, personnages extravagants et attachants, enchaînement hasardeux ; comme le dirait mon prof de littérature (oui, parce que Zazie est au programme cette année) : « un livre qui commence par un tel mot ne peut être qu'un éclat de rire ».
Un éclat de rire intelligent, une ode tendre à la tolérance et à la différence.




L'étranger d'Albert Camus ***Étrange cette histoire de meurtre sous le soleil éblouissant d'Algérie. Bizarre, cet homme qui n'éprouve aucun chagrin après la mort de sa mère et aucun regret après le meurtre qu'il a commis. Et pourtant, le lecteur en étant constamment placé côté personnage principal en arrive presque à comprendre...Paradoxe de l’absurde, ou seulement paradoxe de Camus ? Plongé dans une ambiance assez perturbante on en ressort perplexe, presque dérangé.


La métamorphose de Franz Kafka ***Imaginez, se réveiller un matin, impossible de se lever (jusqu'ici, ça ne doit pas être trop dur). Vous êtes devenu une sorte de cafard (on a déjà atteint une première limite de l'imagination). Maintenant pensez la suite : vous vous cachez dans la chambre, vous effrayez votre famille, vous la dégoûtez même. Vous êtes seul, horriblement seul.
Un concept intéressant que cette nouvelle. Entre dégoût et fascination on suit l'histoire de Gregor Samsa et de sa famille, impuissante face à la vermine qui a remplacé le jeune homme. Un livre trop sérieux et trop culte pour prendre sa lecture à la légère.

 

21 octobre 2012

Chanson de la semaine #26



Quelle énergie, quel culot ! Chanson coup de poing !
Fiona Apple est pourtant loin d'être une brute. Si sa voix sort de ses tripes (et c'est toute sa rage qui résonne dans le refrain), les arrangements ne sont jamais lourds. Ils ont beau être simples à s'en mordre les doigts, la chanson est plus une boule de nerf qu'un tas de muscles.
La batterie à la fois tambour et coup de canon va et vient dans les nuances, subtile ou énervée, tandis que le piano et la guitare sont tout entier dévoués à la voix.
Crescendo avant les refrains, plénitude, et puis...Un cri du cœur, SEEK ME OUT !
Daredevil, c'est le casse cou. Le risque, Fiona Apple plonge dedans et c'est réussi :
Une maîtrise parfaite du cri mélodique. Les mots claquent, chaque syllabe atteint sa cible. C'est le paroxysme, la tension est à son comble ! Et aussi soudainement qu'il s'est brisé, le calme revient. Un dernier refrain pour la route et la chanson s'efface d'elle même laissant place au silence.
Daredevil n'est que liberté, une liberté exubérante : And I will try hard to hold onto you with open arms. 

S'agripper à l'amour...Les bras grands ouverts ! Si seulement !

Mathilde


14 octobre 2012

Panic Station - Chronique EP





Une deuxième escapade parisienne avec le groupe Panic Station qui sort son EP éponyme demain.

TRACKLIST :
-DEVIL IN ME
-KATE
-EVERYDAY
-THANK YOU


Respecter les traditions a parfois du bon. En l’occurrence, pour trois parisiens, s'inspirer de groupes anglo-saxons est souvent bénéfique.
Le pari est d'utiliser à bon escient ces références, ne pas en abuser pour ne pas tomber dans le plagiat et ne pas cacher ses influences.

Ici, elles sont plutôt claires.
"Devil in me" suit définitivement la lignée des Franz Ferdinand dans les couplets : la voix radiophonisée et le son de guitare si facilement identifiables du groupe anglais, arrangés à la sauce Panic Station, sonnent comme il le faut. Tandis que le refrain tend plus à être un hymne d'Oasis. 
Le tout est assez enlevé pour donner la pêche : un premier morceau à sa place, un premier morceau qui cependant, éclipse un peu les trois suivants. Pas de plagiat, une prise de risque contrôlée : la meilleure chanson de l'EP!
"Kate" est plus américaine, côté Strokes ou Foo Fighters alors qu'"Everyday" sonne plus...française. Le refrain est un brin redondant et illustre assez bien le propos "Everyday, I try to change for you and I'm loosing my mind" répété un nombre de fois...assez élevé. Moins de variété. La structure efficace des deux premiers morceaux est plus floue. Un petit peu trop d'énervement et pas assez de subtilité. Dommage!
Pour finir, une ballade pop rock façon Killers ou Keane et Oasis sur les refrains : "Thank you". Les influences ne sont qu'évoquées et s'effacent peu à peu pour mieux se mélanger les unes aux autres. 
On a tendance à rabâcher que tout a été fait dans le genre pop-rock... Mais finalement, le sceau personnel de Panic Station ne serait-il pas constitué de bribes d'influences aussi différentes les unes que les autres que des voyageurs, pressés, paniqués, dans une gare?

En tout cas, le quai de la pochette n'est définitivement pas celui du métro parisien mais celui de l'Eurostar.

Mathilde

11 octobre 2012

Chanson de la semaine #25

The Revolution will not be televised
Gil Scott Heron
Pieces of a Man 
1971




A la croisée des genres, dans une Amérique qui caricaturise sa culture au profit de la guerre froide engagée avec l'URSS, on trouve Gil Scott Heron. Ce grand noir s'inscrit dès 1960 comme le défenseur des afro-américains hésitants encore à devenir des citoyens à part entière. Influencé par des musiques totalement diverses, notamment jazz, blues et rock, il est dans les premiers à pratiquer le spoken word, les paroles scandées, ce qui deviendra une dizaine d'années plus tard le rap. Dans cette seconde version de « The revolution will not be televised », enregistrée en 1974, il dénonce la consommation de masse, l'aliénation des américains, la politique du président Nixon, la confusion d'une société, les médias menteurs, et encore bien d'autres objets. Outre des dizaines de références, la musique est fascinante de par son paradoxe entre d'un côté la ligne grave et calme de la basse accompagnée de la batterie, et de l'autre la folie de cette flûte qu'on ne peut plus arrêter, le tout se mêlant à la voie saccadée et pleine de force du chanteur. Une musique qui ne donne qu'une envie : bouger plutôt que de rester devant l'écran. 

Silvio de Vision jeune