28 mars 2013

Chronique Hivernale

Pour un début de printemps timide.


C'était le 30 novembre et ça commençait mal. The Black Keys à la Halle Tony Garnier à 20h30. 19H30, le métro arrive...et soudain, une vision : ma place consciencieusement bien posée sur mon bureau. Chez moi.
0° au thermomètre + sprint de 10minutes = pneumonie.
On débarque pendant la première chanson de The Maccabees.
Le chanteur avait sorti le pyjama pour l'occasion. L'effet fut assez réussi. Les chansons planantes nous ont transportés dans un univers onirique qui évoque des groupes comme Keane, The Killers. Cependant The Maccabees se détache de ces groupe en apportant une pop plus rock que variété. Peu expansif sur scène mais efficace, le groupe ne réussit pourtant pas à nous faire oublier ce qui arrive après et c'est toute la Halle qui trépigne d'impatience.
Une demie heure plus tard on comprend la fébrilité qui anime 12 000personnes. Dès les premières notes de Howlin' for you on commence à se déhancher, à chanter. Jamais je n'avais autant dansé pendant un concert. L'euphorie faisait bouger nos pieds et nos épaules, chanter en cœur les hymnes du groupe. Impossible de réécouter les versions studio sans fermer les yeux et revoir ces lumières traverser l'air saturé de la salle ou encore ces énormes boules à facettes descendant pour le rappel qui ont ensorcelé le public.
Préférant d'habitude les concerts un peu plus intimistes dans des salles plus petites, j'ai fait exception cette fois-ci. Aucun regret : rien que le refrain de Lonely Boy entonné par 12 000 personnes en valait la peine ! Concert jouissif et inoubliable !

C'était le 8 décembre et tout se déroulait à merveille. Arrivées à 10h30, ouverture du musée à 11h, 420 places pour l'expo. 371, 372. Dans les tubes du centre Pompidou on voit la file d'attente qui s'étire et encercle la place. Avoir moins de 18ans un samedi matin pour voir la rétrospective Dalí donne un sentiment de puissance... Qui disparaît très vite. Faire 1m60 un samedi matin à la rétrospective Dalí c'est la garantie de ne voir que le haut des tableaux lorsqu'ils sont assez grands. En jouant des coudes on parvient à accéder aux œuvres. Au final les impressions sont mitigées. Certaines toiles sont particulièrement frappantes, complètement folles et délirantes, d'autres laissent complètement impassible. N'étant pas une spécialiste de l'artiste et l'expo étant terminée...Je ne m'essayerai pas à des élucubrations ennuyeuses sur le surréalisme.
La maison de Dalí ou le musée qui lui est dédié à Figueres sont plus intéressants, plus variés. Et puis contrairement à Paris, en Espagne, il fait beau !

Un jour en décembre, ou peut être était-ce en novembre. Je ne sais plus. Il y a eu ce concert/spectacle, Un Cabaret de chansons françaises à l'ENSATT (École National des Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre). Les étudiants avaient pour l'occasion chauffé leurs cordes vocales pour reprendre les succès d'antan : Barbara, Boris Vian, Boby Lapointe, Léo Ferré, Trenet, Claude Nougaro et autres. Une présentation spontanée avant un passage dans l'émission de Philippe Meyer sur France Inter (La prochaine fois je vous chanterai). Le côté informel de la salle, la mise en scène épurée et modeste, les chanteurs et chanteuses ingénues ont fait leur effet. « Dis quand reviendras tu », « Fais moi mal Johnny », autant de vieux succès revivifiés par de jeunes comédiens dirigés par Catherine Molmerret.

La Fausse Suivante © Didier Grappe
Les dates se confondent lorsqu'il s'agit de parler de George Dandin de Molière, mise en scène au théâtre de la Croix Rousse par Jacques Osinski. Un ascenseur qui s'ouvre « façon David Lynch » disent les acteurs, pour le côté intemporel de Molière. Peut être est ce moi qui vient d'un autre temps, car je n'ai pas compris.
Dans ce même théâtre il y a aussi eu Broadway Melody, comédie musicale pleine de paillettes, de froufrous. Très peu pour moi merci.
Pour relever le niveau, début janvier, ce devait être le 15,
j'ai assisté à une représentation de La Fausse Suivante de Marivaux. Nadia Vonderheyden a réussi une mise en scène poétique et réflexive sur l'art du théâtre en lui même et le port du masque. Si le mariage par intérêt n'est plus tellement d'actualité, voir triompher la fausse suivante reste une jubilation féministe assez agréable. On aura retenu la musique. Anachronique à faire exploser les sonotones des quinquagénaires.

Le 23 février, on était au Citron pour voir Kimo, Claire et surtout Ben is Brooklyn...Mais on vous reparlera plus amplement de ce dernier plus tard. Croyez moi, ça vaut la peine d'attendre ! En attendant, c'est le moment d'aller squatter son Tumblr, son facebook et d'écouter quelques titres pour vous mettre dans l'ambiance.
On note la reprise sympathique de Life's going down d'Izia par Kimo et la constance de Claire, toujours aussi prompte à annoncer le printemps (interview et chronique ici).

Mathilde

25 mars 2013

Unibox - Interview

Au cours d'une escapade parisienne, on a retrouvé Valentine et Baptiste du groupe Unibox au Studio Bleu 10ème. Interview à l'image du premier EP du groupe sorti en janvier : légère et chaleureuse.

Unibox, à leurs débuts, c'est une histoire d'insomnie : « Je ne dormais pas beaucoup la nuit et pour m'occuper, je composais beaucoup avec mon ordinateur. » (Valentine).
D’où ce murmure incessant qui berce l'EP :
« J'enregistrais la nuit et il ne fallait pas que je réveille mon frère, donc je suis partie la dessus et puis j'ai fait écouter pour sortir de cette bulle insomniaque et les retours ont été plutôt intéressants, j'arrivais tout d'un coup à faire entrer les gens dans ma bulle, j'arrivais à capter les gens différemment. Je trouve cette façon de parler très intéressante » (Valentine)
A partir de ce moment, la bulle s'est agrandie pour devenir une joyeuse « fanfare acoustique » de huit musiciens, pour se rétrécir à nouveau un an plus tard et former une « boîte ».
« A l'origine, le nom vient d'un tag dans le métro, après le concept de boîte, c'est rigolo on peut mettre plein de choses à l'intérieur, et puis ce n'est qu'une seule boîte, on retrouve notre cocon, notre bulle... sauf que c'est une bulle carrée » (Valentine)
« Et ça il y a peu de gens qui arrivent le faire... et puis c'est dans l'air du temps, les box (rires) » (Baptiste)
Une bulle carrée à six faces donc : Valentine (claviers et voix), Baptiste (batterie, dépannage, mandoline...), Loïc (guitare), Théo (basse), Adeline et Alice (auteures des textes).
« On a réduit l'ampleur pour être beaucoup plus fort en intensité, proposer des sons beaucoup plus travaillés » (Valentine)
« A quatre tu as beaucoup plus de latitude pour bosser les sons » (Baptiste)

Un changement n'arrive jamais seul, le groupe passe ainsi de l'anglais au français, « Parce qu'on est pour la langue française (rires). » (Valentine)
« C'est un peu la facilité l'anglais...et puis être meilleur que les anglais sur de l'anglais c'est pas évident. » (Baptiste).
Mais de quels anglais parlons-nous au juste ? «Il y a Neil Young, JJ Cale qui peuvent se rapprocher de nous dans les sons rythmiques qu'on recherche à la batterie ou à la basse, des sons très mats, très doux. Et puis après il y a les standards : Beatles et tout ça...Mais si on parle de français, il y a un artiste que j'aime beaucoup en ce moment c'est Bertrand Belin, c'est le type de son que l'on recherche, il y aussi LE groupe à la mode en ce moment à Paris, FAUVE.
Unibox créé son univers, un univers de mots qui nous évoque entre autres Camille, Jane Birkin, Gainsbourg (le père mais aussi et surtout la fille), Mc Solaar : « Je suis plus MC Solaar que Grand corps malade que je n'écoute pas trop. » (Valentine). Des chansons comme Caroline non ? « C'est marrant que tu en parles parce que c'est une reprise qu'on est en train de bosser en ce moment. »
Les mots ce sont Adeline et Alice qui les écrivent : « On leur envoie les instrus avant, on décide des sujets, des couleurs, du style. On choisit l'auteure en fonction de la prod (elles écrivent séparément), ensuite on fait des allers-retours, elles nous expliquent comment elles ont conçu la chanson pour que l'intensité soit la même. On a du vécu en commun, c'est plus facile, elles connaissent ma sensibilité, elles savent comment je vais toucher les gens avec. » (Valentine)

La singularité d'Unibox réside avant tout dans le murmure de la voix. Oscillant entre slam et chant, il se pose toujours légèrement sur des arrangements épurés, « très aériens ». Et il sonne juste, chaque syllabe résonne.
« MC Solaar fait très attention au flow, je suis très sensible à ce genre de choses, pour ça j'ai beaucoup travaillé avec Baptiste, Loïc le guitariste et notre ingé' son. C'est très dur d'avoir un ton juste. » (Valentine)
« La manière dont elle place les mots est assez instinctive, après on a travaillé en studio quand on a enregistré cet hiver, pour équilibrer sur la métrique de la musique. Quand il y a plus de chant, la mélodie conditionne le placement des mots, là tout doit passer par le rythme, c'est une autre manière d'aborder les choses. » (Baptiste)
A la première écoute, on est dans l'attente, on pense que la voix va s'emballer. Et arrivé à la dernière note, on comprend qu'on est conditionné par une certaine vision de la musique qui exige une voix chantée lorsqu'on entend une instrumentation pop folk. Alors on réécoute et on trouve la mélodie que la voix suggère, le rythme. Et au fur et à mesure de l'écoute, on commence à percevoir une foule de petits détails...
« On travaille beaucoup sur la petite touche, c'est ce que je trouve super intéressant dans ce qu'on a fait avec l'ingénieur du son, on a passé des heures à travailler le son (et à boire des coups... ), sur les petits détails qui ne s'entendent pas forcément à la première écoute. Un morceau pour le terminer ça nous prend des mois, il passe par plusieurs stades.» (Baptiste)
On entend parfois un piano façon Yann Tiersen (sur La fille de l'air, Suis moi...même les paroles de Les grains rappelle Amélie Poulain), des rythmes jazzy, mais aussi des petits moments électros (De toi à moi).
« Sur les prochains morceaux, l'idée c'est de mettre un peu plus de boucles électros. » (Baptiste)
« Des petites touches, des petites paillettes, on est pas très expansifs, on est dans l'énergie retenue. » (Valentine)
Ce sont ces petites paillettes qui font la magie de l'EP, musicalement carré, poétiquement rond. Le son est chaleureux. « On veut que les gens se sentent chez eux ». Quand on leur demande de décrire leur son ou lorsqu'on lit leur biographie, ce sont les mots « boisé », « organique » qui reviennent. On retrouve ce même bois aux couleurs chaudes sur la pochette.
« Le terme organique vient du studio, c'est pour l'opposer aux sons numérique... Tu vois le son des marimbas ? C'est boisé, c'est du vrai son... D'ailleurs il faudrait qu'on ait des marimbas sur le prochain morceau, après la mandoline ça fera bien... C'est du son plus proche de l'humain.» (Baptiste)
« On a enregistré dans une vieille maison avec un vieux parquet, avec des poutres, et le son avait une couleur très particulière, c'était le mot, on cherche un son chaud. » (Valentine)
« Donc pour résumer, vous faîtes de la musique BIO... » (Our Degeneration)
« Ah ! C'est un super concept ça, un album au bilan carbone très faible. » (Valentine
« Musique équitable, un EP acheté, un paquet de café offert ! » (Our Degeneration)



Unibox est donc un EP à écouter tranquillement pour s'imprégner des sons, des couleurs et des images que la musique amène. Mais la perspective du live titille notre curiosité...
« On veut d'abord que le public s'approprie la musique personnellement et qu'il la redécouvre d'une autre manière sur scène. Le choix de la salle est très important, il faut que le son soit bon pour murmurer, on cherche un coin où c'est tranquille. On réfléchit à un concept de concert cosy, les concerts en appartement, où les gens sont vraiment assis dans leur canap' ! » (Valentine)
« Sinon on va installer des canapés dans les salles de concert (rires) ! Il faut arriver à créer un cocon sur scène mais avec assez d'énergie, pas forcément pour que les gens dansent mais pour créer une ambiance. » (Baptiste)



Dans les mois qui viennent, Unibox entend bien défendre son EP. (Peut être un passage par Lyon...?)
« Il faut refaire de la scène, aller voir les gens ! » (Baptiste)
« C'est là que la musique se passe ! On attend de voir les retours et puis on aime bien tester les chansons sur scène. » (Valentine)
Et pour ce qui est des futurs enregistrements, ça a également l'air d'être bien parti !
«  On souhaite partir soit sur un deuxième EP, soit sur un album. Le premier EP, l'objectif c'était d'avoir un objet, maintenant le projet ne demande qu'à évoluer ! On aimerait construire un vrai visuel. Et puis on a les compos pour repartir sur un... double album best of (rires) !» (Baptiste)
« C'est fou, Baptiste arrive toutes les semaines avec une nouvelle compo... » (Valentine)
« Moi la perspective de retourner en studio (soupir de contentement)...c'est Disney Land un studio ! » (Baptiste)


Les questions traditionnelles Our Degeneration

La dernière chanson que vous avez écoutée ?
Valentine : Saycet 

Le dernier album que vous avez acheté ou téléchargé (illégalement...ou pas) ?
Baptiste : Alt-J, An Awesome Wave
Valentine : La BO d'un documentaire.

Le dernier film que vous avez vu :
Baptiste : Argo de Ben Affleck

Le dernier livre que vous avez lu ?
Valentine : Une BD : Joséphine de Pénélope Bagieu

Un souvenir de concert ?
Baptiste : Paul McCartney il y a un an à Bercy.
Valentine : Un concert Noomiz je pense.


Mathilde

10 mars 2013

Alone with everybody – Chronique

Isolation Row
Sortie le 22 mars 2013

Avec les premiers rayons de soleil, en même temps que le thermomètre se réveille de son hibernation sort un album idéal pour entrer en douceur dans le printemps (sortie le 22mars).
L'ouverture de l'album d'Alone with everybody fait rester un peu plus la mélancolie hivernale grâce à une pop caressante. Celle-ci évoque les paysages britanniques encore embrumés au petit matin ou encore la BO du filmgallois Submarine (composée par Alex Turner).
A brief breath of spring marque un tournant, une illumination dans l'album. La sensation printanière se confirme avec la (très/trop) courte You don't deserve it et enfin à la dernière chanson, ultime ballade : « des effluves de printemps arrivant », My love grows, berceuse aux échos radiophoniques dont l'intensité rappelle celle d'Antony and theJohnsons.
Les amoureux de folk, pop-folk (Beatles ou plus récemment et plus mélancoliques : Kings of Convenience... avec l'album Riot on anempty street coécrit par Feist) ou encore du Velvet, seront rassasiés et même agréablement surpris. Eyes blurred with tears baigne dans un univers très beatlesien tout comme A little while, subtile allusion à Let it be?
Le duo (un frère, une sœur ; Camille et Louisa ; chant/guitare, clavier/chœurs) pose une ambiance intimiste et planante. Lorsqu'elles s'entremêlent, les voix ne deviennent qu'une et, accompagnées par des arrangements réservés et sans prétention, elles nous installent confortablement dans un cocon de douceur.


Mathilde