28 mai 2013

Chanson de la semaine #32

Taro
Alt - J
An Awesome Wave

Parlons d'abord sans paroles :

Parlons de la quiétude et de la mélancolie qui naissent alors même que l'histoire nous est étrangère. 
S'il fallait décrire cette musique, il faudrait user d'images, de couleurs car les mots manquent.

Quand je l'entends, je me représente un tableau de Monet, sa collection d'estampes, ses ponts japonais et les nénuphars sur les canaux qu'ils enjambent ; tout cela pour le côté asiatique mais pas seulement. C'est aussi pour l'impressionnisme et toutes ces petites taches et détails qui forment l'oeuvre, son tout. Les paysages sont calmes, paisibles en apparence alors qu'ils regorgent d'une explosion de couleurs. 
L'harmonie est la même dans la chanson.
La voix de Joe Newman jongle avec les émois, sur le fil, prête à se briser dans les aiguës, virevoltante sur les Oh, parfois enrhumée, toujours surréaliste. Les envolées lyriques, accompagnées au violoncelle nous précipitent dans un vide onirique jusqu'à la brisure finale (2:32) qui conduit au retour du silence quelques minutes plus tard  : Do not spray into eyes, I have sprayed you into my eyes.
Embellissons maintenant le morceau de son sens.

C'est une beauté à la fois triste et révoltante que l'histoire de Robert Capa et Gerda Taro, photographes de guerre, héros de leur profession. Les seuls clichés du débarquement sont de Capa lui qui avait décidé que débarquer sur Omaha Beach sous les balles allemandes pour couvrir la guerre faisait partie de son job : « For a war correspondent, to miss an invasion is like refusing a date with Lana Turner. »

Dans la chanson c'est à sa femme, Taro, morte en couvrant la guerre d'Espagne en 1937, que Capa s'adresse à travers la voix de Joe Newman, alors qu'il est lui même est à l'agonie après avoir marché sur une mine. Mai 1954. Guerre d'Indochine. 3:10pm. 3,1415 : Π, nombre irrationnel et théorie du chaos s'emmêlent.
L'obsession de photographier l'homme au plus près du danger, en duel avec la mort l'aura mené à sa perte. « If your pictures aren’t good enough, you aren’t close enough. » disaient-ils lui et Taro. 
D'une certaine manière, c'est avec les mots que la chanson photographie la mort de Capa. La poésie remplace photoshop. Sans cacher le moins du monde les horreurs de la guerre, elle magnifie l'amour qui unissait les deux photographes : Capa en trouvant la mort, retrouve Taro, comme si toute son exaltation en photographiant la guerre, sa pulsion lorsqu'il quitte la Jeep pour aller sur le terrain des soldats, l'avaient conduit à ce moment ultime : To Capa, to Capa, Capa dark after nothing. Re-united with his leg and with you, Taro.

Merci à Nicolas !

Mathilde



Paroles
Indochina, Capa jumps Jeep, two feet creep up the road
To photo, to record meat lumps and war
They advance as does his chance – very yellow white flash
A violent wrench grips mass, rips light, tears limbs like rags
Burst so high finally Capa lands
Mine is a watery pit. Painless with immense distance
From medic from colleague, friend, enemy, foe, him five yards from his leg, from you Taro

Do not spray into eyes – I have sprayed you into my eyes
3:10 pm, Capa pends death, quivers, last rattles, last chokes
All colours and cares glaze to grey, shrivelled and stricken to dots
Left hand grasps what the body grasps not – le photographe est mort
3.1415, alive no longer my amour, faded for home May of '54
Doors open like arms my love. Painless with a great closeness
To Capa, to Capa Capa dark after nothing
Re-united with his leg and with you, Taro

Do not spray into eyes – I have sprayed you into my eyes

21 mai 2013

Festival Changez d'Air – Interview du programmateur Francis Richert aussi responsable des Musiques Actuelles du Conservatoire de Lyon + BONUS

Changez d'air : 23, 24 et 25 mai2013 !
L'Escale, 21 avenue de la Libération à Saint Genis les Ollières


Francis Richert est programmateur à Changez d'air, responsable du département Musiques Actuelles amplifiées au Conservatoire de Lyon, intervenant scénique pour les découvertes du Printemps de Bourges (région Rhône-Alpes), musicien professionnel et... La liste serait longue si on devait la terminer.
Autant vous dire qu'on avait beaucoup de questions à lui poser.

Partie 1  : CHANGEZ D'AIR

                           

L'année dernière Our Degeneration avait assisté à la soirée Fake Oddity + Frederic Bobin + Alex Beaupain (article live report ici). L'ambiance et le public éclectique nous avait charmées. Cette année on y retourne, mais cette fois-ci, on fait les choses bien :

Petite histoire du festival : des opportunités, une belle prise de risque et une motivation infaillible:
Francis : Je travaillais dans la commune de St Genis les Ollières : j'étais musicien intervenant avec les enfants. La mairie m'a demandé d'organiser un événement. La première année, j'ai fait un événement  jeune public. La deuxième année l'adjoint aux ressources humaines m'a demandé d'en refaire un "pour les jeunes".
Je n'étais pas encore musicien professionnel à l'époque, c'était il y a 13ans. J'ai organisé ce festival de manière professionnelle. J'avais 25ans... Tu n'as pas du tout la même motivation à cet âge là qu'à 40ans, l’énergie et l'envie nécessaires, le courage pour déplacer des montagnes et la folie pour le faire. Une spontanéité et une naïveté essentielle pour prendre des risques.
Du coup la première année on a eu une belle programmation : Sanseverino et Les Trapettistes, la salle étant pleine, les élus de la commune ont vu l'importance que pouvait représenter un tel événement en une seule édition, ils ont relancé l'année d'après. On a programmé Renan Luce et Prohom (qui travaille aujourd’hui aussi en tant qu’intervenant scène pour les découvertes Printemps de Bourges Rhône-Alpes avec moi).
Au début, on avait peu de budget mais comme le festival a plutôt très bien marché et que les St Genois se sont impliqués dans le projet, ça a fonctionné. Je travaillais avec les enfants donc j'avais déjà un lien avec les parents, on a vite eu du public et on a très vite fidélisé ce public. La mairie m'a ensuite proposé de devenir chargé de mission, je n'étais plus intervenant mais j'ai continué le festival.
Le public a été surpris de voir que les artistes programmés au festival avait par la suite une médiatisation assez conséquente. Chaque année, nous avons réussi à programmer des artistes qui, par la suite étaient relayés par la presse et ont rencontré un succès national (Sansévérino, Renan Luce, Prohom, Brigitte, Rover, Alex Beaupain etc.)
C'est tout l'enjeu pour un programmateur d'un petit lieu : tu es obligé de trouver les artistes avant que leur réputation explose.
Il faut aussi qu'ils aient une actualité ou alors qu'ils soient en tournée. Et ça, avec les soucis qu'il y a dans l'industrie du disque, c'est de plus en plus rare. Actualité, ça veut aussi dire avoir un suivi médiatique suffisant pour qu'en plus des fidèles, il y ait un public qui suit l'artiste. La complexité de remplir une salle de 350 places même à 10 minutes de Lyon, je la ressens chaque année !

Bertrand Belin - Samedi 25 mai - Changez d'Air
Les arcanes de la profession :

Sur un événement ponctuel, il faut penser la programmation assez vite car les options de concert dans les salles lyonnaises se prennent rapidement. Quand tu prévois à long terme, tu prends des risques alors il faut suivre l’actualité mais aussi parier sur le futur succès d'un groupe. La programmation c'est tout le temps, parfois on commence déjà à se demander ce qu'un artiste donnera un ou deux ans avant de le programmer à Changez d'Air. Bertrand Belin par exemple, ça fait dix ans que nous voulons le programmer. [ndlr : Ce dernier sera également en première partie de Nick Cave aux Nuits de Fourvière. Tout comme Théodore, Paul & Gabriel seront en première partie de Claire Diterzi et de Barabara Carlotti] On est en très bon termes avec les Nuits de Fourvière et chaque année ils lèvent l'exclusivité pour qu'un artiste en première partie la bas soit l'une de nos têtes d'affiches.
La difficulté du festival, c'est qu''il n'est pas à Lyon même : c'est difficile pour un producteur de prendre le risque de faire une date en périphérie. C'est le business, mais c'est dommage de parfois être dans des prérogatives d'argent et pas artistiques.

Théodore, Paul & Gabriel - Vendredi 24 mai - Changez d'air
Après, je suis musicien professionnel et je tourne donc je croise pleins de groupes sur ma route. Au delà des qualités artistiques, j'essaye de voir les qualités scéniques, des artistes qui savent communiquer avec le public et mettre une ambiance particulière, c'est ça qu'on recherche ! Comme on connaît les groupes ET le public, c'est plus facile de choisir.
Notre projet culturel consiste à coller à la volonté du public, à celle des élus et aux exigences du lieu. On ne peut pas faire un concert de dub à St Genis, par contre de la chanson française, on peut, le festival est ancré dans ce style. Ça ne veut pas dire qu'on reste constamment dans ce style là, la preuve, depuis quatre ou cinq ans on s'est ouvert sur d'autres esthétiques parce qu'on a réussi à fidéliser notre public !

La programmation 2013, une cohérence surprenante...mais charmante !

Mermonte - Jeudi 23 mai
Le mot de Our Degeneration : Neuf groupes, neuf univers différents et pourtant on retrouve les mêmes ingrédients dans la programmation de cette année (éclectisme, cohérence et curiosité) que dans celle de l'année dernière qui nous avait enchantées.
Pop, chanson, folk, rock et même rap : le menu est alléchant. On ne sait que vous conseiller puisqu'on a nous même envie de tout goûter !


Tachka - Jeudi 23 mai
La soirée du jeudi commencera avec la douce folk de Tachka, jeune lyonnaise d'origine danoise à la voix sucrée. La pop grandiloquente de Mermonte (dix musiciens sur scène) fera la transition entre l'anglais de Tachka et le français de Karimouche. En effet, le groupe rennais est bilingue. On finira joyeusement la soirée avec la pétillante Karimouche et ses folles histoires. La musique oscillera entre le hip hop, la chanson française classique, le slam, le jazz et le rap...

Erwan Pinard - Vendredi 24 mai
Le vendredi, deux énergumènes de la chanson française/lyonnaise ouvriront le bal : Fred Radix, puis Erwan Pinard. Leurs textes sont décalés, drôles et touchants. Suivront les trois jeunes filles de Théodore  Paul & Gabriel qu'on ne présente plus mais qu'on aime comme au premier jour de la sortie de leur album !

Le samedi soir est définitivement un tout. Trois artistes interchangeables mais indispensables !
Yann Destal - Samedi 25 mai
Denis Rivet revient des Inouïs du Printemps de Bourges avec ses chansons singulières qui parlent de lui, de nous, de vous. Yann Destal sera plus pop, avec sa voix enchanteresse et ses arrangements plus électriques. Pour terminer en beauté, un dandy parisien : Bertrand Belin et sa voix plus vieille que lui. Sa poésie mélancolique rappelle un artiste de l'édition 2012 : Alex Beaupain.
On espère donc, à vrai dire on n'en doute pas, que le résultat sera aussi marquant que celui de l'année 2012.


Karimouche - Jeudi 23 mai
Francis : On a choisi des artistes en voulant faire des plateaux cohérents. Mais il y a aussi le problème de la disponibilité des artistes. Karimouche joue a Paris le vendredi, on tenait à la programmer, on a tenu bon, du coup on a basculé Théodore, Paul & Gabriel le vendredi. Le plateau n'était plus celui prévu au départ mais la programmation reste cohérente sur les trois jours, pour l'ensemble du festival. Le public suit, il comprend qu'il y a une logique ! La programmation se fait par coup de cœur mais on doit aussi prendre en compte des facteurs liés au possibilités des artistes.
Fred Radix - Vendredi 24 mai


Pour 2013 on avait pensé à beaucoup d'artistes : Bertrand Belin, Mathieu Boogaerts, Denis Rivet, FAUVE, Mermonte, Marie Pierre Arthur, Karimouche, St Vincent, Théodore, Paul & Gabriel, Fred Radix, Erwan Pinard, Tachka, Yann Destal.
Certains seront sur la scène du festival cette année, d'autres le seront ailleurs. C'est le jeu de la programmation d'un événement ponctuel et en périphérie.






Our Degeneration et les MusiquesActuelles du Conservatoire de Lyon, c'est une longue histoire. Elle commence avec la première interview du blog : Dark Matter, elle continue avec les JÜNE, Nina Fleury et Jesse K mais aussi avec les Freeds.

Francis : Ça fait dix ans que je suis responsable du département musiques actuelles amplifiées / chanson. Ça correspond tout simplement au rock et à la chanson en passant par l'electro...
C'est sous forme d’accompagnement de projets artistiques. Un projet artistique c'est un groupe ou une personne qui écrit ses propres chansons et qui veut en faire quelque chose : les défendre sur scène ou sur disque. Notre travail consiste à les aider à mettre en forme leur projet, au niveau artistique (musicale, écriture) et stratégique (faire connaître le projet). On propose des répétitions accompagnées, au moins une résidence par an, du studio (un ou deux titres enregistrés dans l'année), des concerts (quatre ou cinq par an dans des lieux partenaires) et des rencontres avec des professionnels.
La mission principale du conservatoire c'est aussi d'enseigner la technique et la théorie de la musique, alors en plus du projet artistique qui est le cœur de notre métier, on forme les groupes aux techniques instrumentales et à la MAO.
La difficulté est de faire rentrer ces schémas de travail dans l'institution du conservatoire, non pas à l'échelle locale (Lyon), mais au niveau institutionnel national. La complexité est de faire comprendre qu'on n'est plus dans un schéma classique de répertoire mais sur un schéma d’accompagnement et de compréhension des logiques qui constituent celles des musiques actuelles.
Ceux qui ont le plus de mal à accepter l'évolution, ce sont les groupes qui ne frappent pas spontanément à notre porte, ils y frappent parce que ceux qui constituent l'équipe, c'est à dire Julien, Jérôme et Gilles...et moi, nous sommes très identifiés dans le réseau musiques actuelles. Comme nous sommes issus de ce milieu nous avons une crédibilité et une légitimité qui fait que les groupes viennent, ce qui n'est pas le cas dans d'autres conservatoires.

Bonus : PRINTEMPS DE BOURGES – TOURNÉES - DÉCOUVERTES

Denis rivet - Samedi 25 mai - Changez d'Air

Francis : Je suis aussi intervenant scène à Tagada Tsoin Tsoin , l'antenne Rhône-Alpes du Printemps de Bourges et pour les artistes qui me le demandent. Pour le travail avec un artiste, c'est souvent sous forme de résidence de quelques jours dans une salle de spectacle où l'on travaille le son, l'aspect scénique, les arrangements, l'interprétation, bref, être artiste c'est un métier.
Sinon je suis musicien professionnel depuis cinq ans et je travaille avec les artistes qui m'appellent. J'ai collaboré avec Carmen Maria Vega, Buridane, Mauss, Ronan Siri ou encore Johnny Maalouf...



Les questions traditionnelles Our Degeneration

La dernière chanson que tu as écoutée ?
Hotel California des Eagles en acoustique.

Le dernier album que tu as acheté ou téléchargé (illégalement ou pas) ?
Je n'achète plus d'album depuis longtemps...
En revenant de Bourges j'ai beaucoup écouté Wolves and Moons et Darko.
En ce moment j'écoute Bertrand Belin et Denis Rivet en boucle, d'abord pour des raisons professionnelles : je travaille avec Denis, mais pas uniquement, c'est aussi par plaisir : en week end, en partant avec mes filles il y avait Denis Rivet dans la voiture.
Sinon j'aime toujours autant Blond Redhead et... Radiohead, c'est récurrent

Le dernier film que tu as vu ?
Amour de Mickael Haneke, ça parle de la vieillesse, de l'amour inconditionnel. Je ne sais plus qui dit « Le seul amour qui est gratuit c'est celui qu'on donne à ses enfants ». Dans Amour, Trintignant fait la même chose avec sa femme, c'est un amour tellement gratuit qu'il la conduit à la mort. Par contre c'est lent, mou et un peu trop intellectuel à mon goût mais la démonstration qu'Haneke fait est magnifique.
Sinon j'ai vu Les Croods avec mes filles !

Le dernier livre que tu as lu ?
Jim Harrison, Une Odyssée Américaine. C'est génial mais c'est pareil qu'Amour, c'est une éloge de la lenteur. Il faut prendre le temps de vivre et ne pas courir après le temps. Un paysan se fait quitter par sa femme à 60ans, il vend sa ferme et avec l'argent il traverse l’Amérique en visitant des gens qu'il connaît. Il profite de la vie sans qu'elle soit une vie rapide à la Jim Morrison ou à la Hendrix qui se détruisent en trente ans, c'est le contraire des musiques actuelles, le personnage sait qu'il lui reste vingt ans à vivre et on sent qu'il veut en profiter jusqu'au bout et prendre le temps de savourer chaque instant.

Ton meilleur souvenir de concert quand tu étais dans le public ?
Le meilleur concert que j'ai vu...c'était une place offerte. La chance qu'on a en étant dans le milieu de la musique, c'est qu'on ne paye plus, ou très rarement : ça m'arrive dans des touts petits lieux parce que j'ai envie de faire vivre l'artiste ou dans pour des grosses production pour lesquelles je n'ai pas d'invitations.
C'était Chris Isaac à la salle trois mille, pour la fête des pères. La mère de mes filles me l'a offert,
je suis arrivé en pensant que ça allait être un show à l'américaine...Premier titre show à l'américaine, deuxième show à l'américaine, troisième titre...BIM : il a retourné la salle, il joue avec un côté kitsch mais il a une superbe autodérision, Elvis le faisait très bien, avec son costume à paillettes.
En plus de ça il y a du fond : ses titres c'est toute une génération, il a amené quelque chose à la musique et vingt ans après il garde cette fraîcheur parce qu'il a une autodérision monstrueuse. C'était un des meilleurs concerts de ma vie, parce que c'était lié à un contexte !
J'ai vu The Hives, il y a trois-quatre mois au Transbordeur, c'était la folie, il fallait absolument aller voir The Hives,. Donc j'ai été voir The Hives. Alors ils communiquent avec le public mais c'est tellement un show huilé et calibré pour que ça marche partout dans le monde, peu importe la culture du lieu... Il n'y a pas d'émotions, ça ne me touche pas, c'est juste de l'énergie. Si t'as bu une dizaine de bière et que tu es bien chaud, tu vas aller t'éclater dans la fosse et c'est super.
Les groupes qui font moins attention au business et qui sont plus dans l'artistique ça se sent directement. Un groupe qui a dévié parce que la machine s'emballe et parce qu'on y voit un potentiel international, ça ne touche pas. Il y en a qui le font avec plus de spontanéité et de naïveté, mais c'est moins médiatisé, il se passe quelque chose. Les majors signent pour du buzz...La durée de vie d'un artiste maintenant c'est trois ou quatre ans, sauf exception : des majors signent parfois sur une carrière, mais de moins en moins.

Mathilde

19 mai 2013

J'ai vu (Début 2013)


J'ai vu (Début 2013) par Mathilde

*A éviter sauf sous la torture
** Mais encore?!
*** Pas mal
**** Carrément ouais!
***** Fantastique, sublimissime...

SORTIS RÉCEMMENT

Les Amants Passagers de Pedro Almodovar 2013 ****(*)
Loin d'être le meilleur long métrage de Pedro Almodovar, Les Amants Passagers reste une réussite totale. Son atout principal : le rire. On sent que le réalisateur s'est fait plaisir, sans se prendre au sérieux et en se moquant un petit peu des spectateurs. Une comédie est toujours plus appréciable lorsqu'elle est bien réalisée, magnifiquement bien jouée et quand elle s'éloigne des clichés romantiques/pathétiques/ridicules. Les acteurs sont flamboyants, mention spéciale pour les trois stewards, grandes folles dévergondées qui offrent au film l'une de ses plus belles scènes : la danse. 
La musique d'ouverture, La lettre à Élise de Beethoven hispanisée annonce le ton : un film folklorique dans la lignée de Femmes au bord de la crise de nerf ou d'autres comédies d'Almodovar qui s'amuse à s'auto citer en faisant référence à ces propres films dès qu'il le peut.
C'est The look deMetronomy, qui est en fond sonore pour les dernières minutes du film : bain de mousse, coming out à la pelle et bien sur, comme tout au long de l'histoire : du sexe à gogo !
Mais peut être faudrait-il dire deux mots de l'histoire :
Une panne technique pousse les pilotes du vol 2549 de la compagnie Península à annuler l’atterrissage au Mexique et à tourner dans le ciel d'Espagne en attendant qu'une piste soit libre pour effectuer une manœuvre qui risque de coûter la vie aux passagers. Les stewards et les pilotes, tous plus ou moins homosexuels, attachants et hilarants, essayent donc d'offrir aux passagers de la classe d'affaire (la classe éco est droguée et endormie pour l'occasion) un vol le plus agréable possible.
Une star du bondage paranoïaque (Cecilia Roth absolument grandiose), une pucelle trentenaire et sensitive (Lola Duenas), un couple de jeune marié, un mexicain mystérieux, un Don Juan et un homme d'affaire poursuivi par la justice et abandonné par sa fille occupent les siège de la business class. Cocktail explosif : L'Agua de Valencia, aphrodisiaque des années 70 auquel est ajoutée une bonne dose de drogue (mescalina) et d'euphorie, est servie aux passagers, aux stewards ET aux pilotes.
Alcool, drogue et autel de prière bouddhiste kitsch sont les seuls accessoires au milieu d'un avion minimisé mais chatoyant et de costumes simples aux couleurs hispaniques.
Ça sent la joie et le soleil !

L'Amérique est un autre monde. Trop de trop tue le trop. Harmony Korine tue tout.
Il tue le mythe du Spring Break et celui des jeunes filles immaculées de Disney Chanel. Elles ne sont même pas belles, dévaluées et résumées à des chiffres : James Franco (meilleur acteur du film, belle performance) les achète en les faisant sortir de prison, Disney les achète pour vendre ses Teen movies. Au contraire, Korine les sous paye, les sous traite. Dans une interview, Selena Gomez dit avoir travaillé dans des conditions aux antipodes des tournages de Disney : bouffe dégueu, pas de loge personnelle...Et oui ma jolie, le cinéma Trash indépendant américain (terme discutable...vu le budget du film et la campagne publicitaire sur les bus de Paris, on peut remettre en question le mot indépendant) paye moins que jouer dans...on ne sait pas trop quoi d'ailleurs.
Les seuls moments pendant lesquels les quatre héroïnes, cocaïnées de pacotille, sont belles et touchantes, c'est lorsqu'elles craquent, lorsqu'elles trouvent ça trop dur, que c'est trop, trop trash pour leur CV. Seules Brit (Ashley Benson, sûrement la meilleure actrice des quatre avec Rachel Korine) et Candy (Vanessa Hudgens) vont jusqu'au bout. Harmony Korine pousse le vice à son maximum, la dernière scène a quelque chose de tragique après tant d'actions. Sauf que le spectateur est déjà sorti du film quand Cotty (Rachel Korine) prend le bus. 1H32 c'est presque trop pour un concentré d'image acidulées, maillots de bain couleurs stabilos, boostés par des musique barbares et des drogues plus ou moins légères.
Au final on ne sait pas qui de la perplexité ou de l'insensibilité totale l'emporte après un tel bombardements d'American dream devenu bad trip total.

En sortant du cinéma, un seul sentiment m'habite : la perplexité.
Trop d'effets visuels, pas assez d'émotions disent les critiques. Non. Perplexité. Les effets visuels sont très beaux, surréalistes, assez Nouvelle Vague mais avec les moyens qu'offre le XXIème siècle. Alors n'est-ce pas plutôt ça la question : Le film ne reflète-t-il pas plus la désespérance et l'absurdité de nos jours plutôt que celle de l'époque de Jean Sol Partre, du jazz et autres fantaisies ? Les émotions sont là mais ne provoquent pas de réaction exagérées chez le spectateur. Le casting est alléchant, trop peut être, mais les acteurs s'adaptent au film, au livre, à Michel Gondry. L'univers est poétique, les dialogues automatiques, tout comme les personnages derrière les machines à écrire, fil rouge d'une histoire en décomposition.
L'adaptation de la période (je n'ai pas la prétention de dire l'adaptation du livre ne l'ayant pas lu) est réussie dans le sens où l'observation de la société est transposée et efficace, même plus de 50ans après la parution du roman (le regard critique sur la religion ou le thème du temps qui passe inéluctablement dont on ne se lasse presque pas par exemple). Et enfin l'amour de Colin et Chloé, intemporel, imparfait, tour à tour superficiel ou à l'état pur, reste touchant jusqu'au rétrécissement ultime de leur appartement, de leur vie.
Chronique revisitée à paraître après la lecture de l’Écume des jours de Boris Vian.

SÉRIE (catégorie exceptionnelle)

La série qui peut ruiner votre vie sociale, votre travail ou au contraire vous permettre de combler votre absence de vie sociale et de faire des pauses lors d'intenses révisions !
Alicia Florrick est la femme de Peter Florrick, procureur du comté de Cook (Chicago, Illinois). Ce dernier, plus ou moins piégé par ses adversaires, l'a trompé avec une prostituée. Tout comme Hillary Clinton, Alicia soutient son mari malgré les preuves irréfutables. Mais, femme au foyer depuis 13ans, elle décide de reprendre sa carrière d'avocate pendant que son mari purge sa peine afin de subvenir aux besoins de ses deux adolescents. Elle rejoint ainsi Lockart, Gardner & Stern, cabinet de son ancien camarade de Georgetown et ancien amour de jeunesse Will Gardner. En compétition avec Cary, jeune (beau) premier tout juste sorti de la fac de droit, elle défend ses clients et s'implique personnellement et émotionnellement dans chacune des affaires...
Bref, je pourrais vous raconter les 4 saisons, mais ça ne serait pas drôle, ça gâcherait le suspens. The Good Wife a quelque chose de spécial, des acteurs talentueux (Julianna Marguiles (Urgences), Chris Noth (Sex and the City), Matt Czuchry, Archie Panjabi dans le rôle de la troublante enquêtrice du cabinet, personnage le plus mystérieux et magnétique de la série... et tous les autres).
Mais The Good Wife permet aussi d'apprendre et de comprendre la justice (au combien incompréhensible) américaine mais aussi d’appréhender des sujets d'actualité (2 mois de décalage entre le tournage et la sortie de l'épisode) avec une approche différente. Elle permet également de comprendre la société américaine puisqu'en plus de couvrir le domaine de la justice, la série parle aussi de politique, de campagne électorale mais aussi de thèmes comme la religion (l'héroïne est athée, contrairement à la majorité des américains et à son mari).
On est pris dans le tourbillon des procès, des campagnes électorales, des histoires d'amour (inévitables). C'est la série qui a réunit, pour la première fois depuis longtemps, toute la famille sur le canapé de 20h à minuit... On se met alors à rêver de « civil court » dans lesquelles les personnages crient « OBJECTION your honor ! ».

FIVE STARS

Wes Anderson prouve avec ce conte extravagant que l'amour est possible à tout âge, qu'il peut être déraisonnable, passionnel et désespéré même quand on a 12ans. Sam et Suzy, deux enfants un peu déséquilibrés s'aiment et fuguent à travers une île ou deux de la Nouvelle Angleterre.
AVIS A LA POPULATION : Deux enfants disparus : Sam est orphelin, scout et peintre à ses heures perdues. Il porte un uniforme scout, un chapeau auquel est accrochée une queue d'animal à fourrure. Suzy porte une robe rose, des chaussettes montantes blanches, une valise jaune remplie de livres volés à la bibliothèque et un panier dans lequel repose un petit chat. Ils sont armés et potentiellement dangereux !
L'univers d'Anderson est fascinant, plein de détails farfelus. Les décors sont magiques et donnent envie de retourner en enfance, de partir en camp et d'habiter la grande maison de la famille Bishop (Bill Murray, père excentrique et Frances McDormand, mère infidèle et légèrement névrosée sont excellents). Les deux jeunes acteurs sont remarquables, ils sont à la fois très naïfs et tellement adultes dans leurs discours. Souvent les rôles sont inversés, les enfants agissent comme les parents et ces derniers se chamaillent comme s'ils avaient à nouveau 12ans.
On note également la présence rassurante de Bruce Willis en Capitaine Sharp, ce n'est pas un rôle de sauveur du monde mais presque...
La bande son est tour à tour hilarante (The Young person's guide to the orchestra de Benjamin Britten), touchante (Le temps de l'amour de Françoise Hardy), l'ambiance poétique et onirique n'en est que plus renforcée !

Encore un film qui rend heureux. Starbuck, surnom de David Wozniak lorsqu'il était donneur régulier dans une banque de sperme canadienne, apprend qu'il est père de 533 enfants dont 142 qui veulent connaître son identité. Tout d'abord réticent à l'idée de les connaître (sa copine est enceinte, il va être vraiment père), il ne peut résister à la tentation d'ouvrir l'enveloppe qui contient les profils de ses enfants. Devenu leur ange gardien, ils les suit jusque dans les réunions pendants lesquelles ils préparent le procès qui les opposera puisque david refuse de dévoiler son identité, même au nom du droit fondamental que revendiquent ses enfants : savoir d'où ils viennent.
Père d'un footballeur professionnel, d'un musicien du métro, d'une toxicomane dépressive, d'un jeune handicapé, d'un gothique dérangé...(On ne saurait les énumérer tous) le réalisateur dresse un portrait touchant de chacun d'eux. Le rapport au père n'est pas décortiqué mais simplement montré tel qu'il est, pas indispensable pour certains, vitale pour d'autres.
On sourit, on rit, on pleure presque. C'est un film d'amour, pas entre un homme et une femme (ni entre deux femmes ni entre deux hommes d'ailleurs) mais entre un père et ses enfants, entre les enfants eux mêmes (sans inceste hein!). Une belle leçon de vie, un bon moment à passer et surtout une bonne humeur assurée.

WOODY ALLEN

Prends l'oseille et tire toi de Woody Allen 1972 ****
Une bonne et franche rigolade, tout simplement. On retrouve Woody Allen à ses débuts, pourtant, le générique était déjà le même qu'il y a quelques années, quand il jouait encore dans ses films : film DE Woody Allen, AVEC Woody Allen, écrit PAR Woody Allen...Passons. Virgil est un voleur, il a fait de la prison, plusieurs fois même. Mais il fait 1m65 et possède la carrure d'un violoncelliste maladif. Amoureux d'une blanchisseuse trop belle pour lui, la chance lui sourit enfin, après plusieurs braquages ratés, quand elle accepte de l'épouser, de l'attendre quand il va en prison, de lui faire à manger (très mal d'ailleurs) et un enfant.
Plusieurs braquages s'enchaînent ainsi que plusieurs fuites de prison, plusieurs poursuite à travers les États-Unis. Il est classé ennemi public et devient un héros populaire : M. Tout le monde, l'homme le plus discret et le moins susceptible d'être suspecté est un bandit...de pacotille !
L'humour est au rendez vous, le ridicule du héros est à mourir de rire, il est à la fois hilarant et attachant.

Match Point de Woody Allen 2005 ***(*)
Un Woody Allen tiré aux quatre épingles : costumes et décors de la haute société anglaise. Tenue de tennis immaculée, couples de belles personnes (Scarlett Johansson, Emily Mortimer, Matthew Goode et Honathan Rhys-Meyers), richesse, réussite ; tout un amalgame pour cacher, pour justifier même, un crime d'intérêts déguisé en crime passionnel. Intrigue alambiquée assez ordinaire pour un Woody Allen décidément en forme. L’ambiguïté du héros est troublante, la tension est palpable tout au long du film. On est tenu en haleine.

INCLASSABLES

La Jeune fille à la perle de Peter Webber 2003 ****
Scarlet Johansson incarne à merveille la Joconde du nord aussi appelée la jeune fille au turban ou encore la jeune fille à la perle de l'illustre peintre Johannes Vermeer.
Les décors façon 17ème siècle sont très réalistes alors que l'histoire elle, ne l'est pas. Elle est adaptée du roman de Tracy Chevalier, pure fiction. Et pourtant c'est un beau conte, celui d'une servante sensible à l'art du maître et aux couleurs des nuages. Victime de sa beauté auprès des riches mécènes de Vermeer, auprès du touchant boucher dont elle s'amourache mais également auprès du peintre lui même (Colin Firth) fasciné par son modèle. Ce sont les images reconstruisant les tableaux qui sont les plus impressionnantes de par leur ressemblance avec les originaux. Les couleurs de la peinture sont transportées sur l'écran, rendant ainsi visible des œuvres dispersées dans la plus prestigieux musées d'Europe.

The Importance of Being Earnest d'Anthony Asquith 1952 **
Comédie du grand Oscar Wilde adaptée au cinéma... ou plutôt pièce de théâtre dans un décor authentique, filmée par une caméra. En effet le jeu des acteurs est très différent de celui de l'adaptation la plus récente (avec Colin Firth), très old birtish. On rit mais plus grâce à l'écriture que grâce à la mise en scène.

BLOCKBUSTERS

Avatar de James Cameron 2009 ***
Quoi de mieux pour inaugurer une télé 3D qu'Avatar et Bilbo le Hobbit ?
Moins spectaculaire qu'au cinéma l'histoire de Jake Sully reste captivante et touchante. Les paysages sont à couper le souffle et les cérémonies des Na'vi sont ensorcelantes, on a presque envie d'y être, de communier pour la résurrection de Grace dans son Avatar. C'est dans ces moments où lors des vols à dos de dragons aux noms bizarres que la 3D se révèle être indispensable...

The Hobbit, An Unexpected Journey de Peter Jackson 2012 ***
Premier d'une série de trois, un voyage inattendu permet aux fans du Seigneur des Anneaux un peu de changement sans pour autant être dépaysé. Le film est bourré de références à la fameuse saga. Gollum est toujours aussi effrayant, écœurant et...attendrissant. Le roi des Gobelins est juste immonde, on attend qu'une chose : que les nains lui découpent son quadruple menton plein de verrues. Les Orques sont encore plus laids qu'avant et malheureusement plus intelligents. La quête des petits hommes (nains et hobbit confondus) et du magicien culte (Gandalf) n'est pas aussi entraînante que celle de la Communauté de l'Anneau, mais elle a l'avantage de renouveler le stock de citations à sortir en cas de prise d'otage par des Trolls.

Star Wars Épisode IV - A New Hope de George Lucas 1977 ***(*)
Effets spéciaux vintage et ambiance bon enfant font qu'en voyant Star Wars pour la première fois à 18ans, on se sent à la fois un peu vieux et à la fois rajeunir... Le plus ancien de la série n'a, selon les connaisseurs, presque rien perdu de son charme. Pour les novices, il est plus difficile de ne pas sourire devant la prévisibilité des événements. On peut essayer d'y voir un message, une ode au bien qui se bat contre le mal, mais c'est un peu simpliste. Alors autant mettre l'intellectuel de côté et apprécier le film comme on l'aurait fait si on l'avait vu plus jeune.

17 mai 2013

Salmon Fishers - InRockslab - Interview


POURQUOI OUR DEGENERATION VOTE SALMON FISHERS SUR LES INROCKSLAB :



Parce qu'on aime la chaleur des morceaux, leur esprit, leur public intergénérationnel et l'ambiance pop-tribale des grands espaces !

Parce que l'EP qui sort en septembre et qu'ils promèneront sur scène d'ici là est vraiment...très bon !
On vous en contera plus le moment venu, mais qu'est ce qu'on aimerait vous en parler, vous chuchoter tout ce qu'on y entend... On préfère vous rendre jaloux en vous disant qu'on l'a écouté et que vous avez intérêt à les porter sur la scène du Transbordeur pour en juger !

Parce qu'un jour d'août, après une interview haute en couleurs, les Salmon Fishers ont comparé notre entretien avec celui qu'ils avaient eu avec les Inrockuptibles. C'est donc avec joie et sincérité qu'on essaye d'égaler leur compliment !

Parce qu'ils sont des habitués sur Our Degeneration :

Parce qu'on aime le saumon et que c'est une raison amplement suffisante !


Pour vous rappeler qu'il faut voter tous les jours c'est ici : https://www.facebook.com/events/154655484707450/?fref=ts

Pour voter, c'est ici jusqu'au 31mai : https://www.facebook.com/lesinrocks/app_402700593150701

Pour les suivre sur Facebook c'est ici : https://www.facebook.com/salmonfishersofficial?fref=ts
A vous de jouer!


On a profité de leur sélection sur les InRockslab pour aller leur poser quelques questions...

Le Printemps de Bourges, c'était comment ?
C'était rock'n roll ! Mais au soleil, avec un bon public. On a passé un bon moment sur scène.


Racontez nous un petit peu l'enregistrement de l'EP.
L'enregistrement lui-même s'est fait en septembre 2012 et en deux parties : cinq jours de pré-production et cinq jours d'arrangements et d'enregistrements définitifs. Nous travaillions à la composition des morceaux depuis presque 6 mois! Arrivés en pré-prod avec quelques maquettes faites maison lors d'une résidence isolée au fin fond de l'Ardèche, on a d'abord sélectionné les 5 morceaux à travailler et à enregistrer. 
La session à Mikrokosm s'est très bien passée, les deux semaines de battement entre la pré-prod et l'enregistrement, qui ont été bénéfiques pour prendre du recul et réfléchir aux arrangements des morceaux. On a essayé de fournir nos meilleurs idées dans cet EP et nous avons eu d'excellentes conditions de travail pour cela à Mikrokosm.


Où est ce qu'on pourra voir les Salmon Fishers dans les prochains mois ?
D'abord le 1er juin à Fareins (dans l'Ain), au festival DVPM.
Au Transbordeur, on l'espère, avec les Inrocks, le 27 juin (grâce à vos votes !) !
Sinon, on vous dit "à la rentrée!"

Sortie d'EP en septembre, sortie de la première chanson le 10 juin... Quels sont les autres projets de Salmon Fishers ?
L'EP sort, mais surtout, chaque titre sera illustré par un clip. Ces clips pourront se voir en un tout ou individuellement, comme l'EP peut s'écouter par titres ou globalement. Le but est de faire voyager le spectateur dans des univers très différents, mais en gardant une identité commune, de faire sortir des émotions aussi variées que celles que l'on peut avoir tout au long d'une vie. On vous en dit pas plus pour le moment !


Les Inrockslab, ça représente quoi pour vous ? Pourquoi est ce qu'il faut voter Salmon Fishers ?
Pour nous, c'est un moyen d’accroître notre visibilité professionnelle auprès d'un réseau reconnu, à un moment où on lance notre carrière avec un nouvel EP que l'on revendique pleinement, que l'on va pousser nationalement. C'est le meilleur moyen d'avoir un maximum de regards braqués sur notre projet.
C'est une grande chance d'être sélectionné et de se retrouver au milieu d'un tremplin avec des groupes de la région de ce niveau! Nous avons nous-même découvert des formations de Lyon que nous ne connaissions pas et qui décoiffent!


Un message pour les gens qui vont voter pour vous ?
Hm... Mangez, écoutez, observez du saumon? C'est bon pour votre santé!

Mathilde

16 mai 2013

June & Lula - Yellow Leaves - Chronique


Il y a des jours où ouvrir sa boîte aux lettres revient à ouvrir un coffre rempli de trésors. Le trésor en question c'est l'album Yellow Leaves de June & Lula qui sort dans 11jours exactement !
Une bouffée d'air qui donne envie de se réveiller de bonne humeur le matin et d'aller faire un tour dehors... Sauf qu'il pleut, alors au lieu d'aller gambader, on écoute un petit peu plus en détail la folk-bluesy bondissante de June & Lula.

C'est le deuxième album des demoiselles ; moins acoustiques, plus arrangés, les morceaux se teintent d'une couleur plus pop sans perdre une goutte de légèreté.
Les deux voix féminines s'entrecroisent pour rendre le vieux blues et la folk 60's/70's plus aériens, plus modernes. Souvent mêlées, plus rarement elles se répondent (Old Man Town), la complémentarité toujours au maximum. Tour à tour caressantes, mordantes, parfois énervées ou riantes, elles nous emmènent d'histoire en histoire. Celles de personnages singuliers : clown, vagabonds, Suzanne, Roms. Femme ou homme, peu importe. Ils sont tourmentés, malmenés mais avec tant d'ingénuité qu'une chaleur optimiste se dégage de l'ensemble.
Les modulations font sourire, on passe du majeur au mineur le temps d'un soupir. La pochette est noire mais les deux jeunes filles sont lumineuses!

Brigitte ; Théodore, Paul et Gabriel ; June & Lula... autant de prénoms qui redonnent leurs lettres de noblesse à la pop et à la folk française.
Sailor et Lula (David Lynch)... et pourquoi pas Rita et Betty de Mulholland Drive ? DailyElle rapprochait bien le clip de Revert to The Wild de L'amour pour tous, thème qui tient aux cœurs de Céline et Tressy (June et Lula) depuis leur premier album (Mygirl, Lonely guys blues).



Sur Yellow Leaves, Céline et Tressy se sont entourées de quelques invités de marque :
Sanseverino à la guitare sur la très joyeuse Clap your hands. Celle-ci rafraîchit l'ambiance après quelques chansons plus noires (les ballades parfois engagées : Naked woman très électrique et mélancolique, Silent man, Interlude de Suzanne et Billy).
Sont aussi présents Freddy Koella et Dick Annegarn dont la voix sur Billy ressemble à celle, très touchante, d'Antony and the Jonhsons. La chanson parle des Roms mais paradoxalement, elle ressemble plus à un vieux blues de western. Quant à No more dont Dick Annegarn fait les chœurs, elle jongle avec le jazz, le gospel et le swing. S'ensuit immédiatement après : Flying Hat, dans la même lignée jazzy avec son rythme syncopé et sa clarinette. Elle éclaire une fin d'album assez sombre dans les thèmes abordés, habitée par la mort (Near the stars, Final de Suzanne, The moon talked through the wind), l'automne (Yellow leaves, berceuse éponyme très touchante). Pourtant, une fois l'écho des dernières notes disparu, pas de tristesse, juste un petit espoir amené par deux voix complices.



Mathilde

13 mai 2013

Chanson de la semaine #45 - Our Degeneration a 2ans, l'histoire du nom avec The Who... MY GENERATION!


My Generation
The Who
1965 



1965, le guitariste des Who compose My Generation : « I hope I die before I get old ». 20ans et déjà la peur de vieillir dans le ventre. Et pourtant, dans ce tube bluesy, avec sa batterie effrénée, son bégaiement compulsif, ses questions/réponses entre basse et guitare, il y a un énorme élan d'optimisme, une insouciance communicative.
C'est dans cet esprit que nous avons créé Our Degeneration : moins de 20ans, génération internet 2.0, l'envie de dire à tout le monde ce qu'on aime, de partager, encore et toujours.

Mais alors pourquoi Our DEgeneration ?
Woodstock, 1969, The Who chante My Generation : un public éclectique, un contexte politique dégénéré, plus de limites et surtout, plus de différences. Un mélange indescriptible. 
"My g-g-g-generation", le bégaiement fait son effet, le public reprend en cœur : On entend Degeneration! 
Et puis il y avait le souvenir de cet art dégénéré, celui qui était condamné par le régime nazi, chassé par la force d'un pays tellement aveuglé qu'il n'osait plus trouver la beauté là où elle était la plus intense : chez Picasso, Chagall, Kandinsky, Klee, Bartok, Schöneberg, Billy Wilder et chez tellement d'autres encore !

Mais revenons à notre chanson de départ...
Séparées de celle-ci par presque 50ans d'histoire(s), on s'éloignait déjà un petit peu de notre temps alors même que notre nom n'était pas clairement défini.
Puis, en écoutant The Who en boucle, on s'est très vite rendu compte qu'on ne voulait pas seulement écrire sur UNE génération (la nôtre) mais sur TOUTES les générations : en partant de nos grands parents (parfois de nos arrières grands parents) pour aller jusqu'à nos petites sœurs. Sans distinction, sans classement et en n'hésitant jamais à les mêler, sans avoir peur des contrastes et de l’éclectisme de nos goûts.
Bob Dylan, Freud, Stephen King et Sartre dans le même article, c'est possible (c'est ici) !
Ne pas parler uniquement de l'actualité culturelle immédiate (risque d'internet) mais toujours écrire avec légèreté et modernité peu importe l'âge du sujet... C'est un petit peu ça le but suprême!

My Degeneration (premier nom) est très vite devenu Our Degeneration pour la simple (et sûrement bonne) raison que nous étions deux et que vous êtes beaucoup, de plus en plus même! Alors MERCI!

(Pour nous envoyer vos articles, l'adresse n'a quant à elle jamais changé : mydegeneration.contact@gmail.com )

LOVE
Mathilde

5 mai 2013

Ladybug and the Wolf - Interview


Il en faut peu pour faire de la folk. Ladybug and the Wolf sont deux et l'intensité n'en est pas pour autant diminuée. La formule semble être la bonne. Tout comme pour The Do, Cocoon, Princess Chelsea ou encore The Moldy Peaches, les voix s'entremêlent subtilement et sculptent une mélodie aux formes délicates. « On est que deux sur scène...et pour tout en fait ! On est dans une bulle ensemble. Il y a des trucs chimiques qui passent, on ne se regarde pas souvent,il n'y a pas besoin ! ».
Sur scène, la configuration est atypique : un décor forestier, une robe noire et des cils excentriques pour la coccinelle.
« Notre nom nous représente, nos personnalités sont assez identifiables à ces deux animaux. Ça rappelle les grands espaces, la forêt, les plaines, la montagne. On aime pas être enfermés, c'est notre habitat naturel. ».

Un portique de feuilles auquel sont pendus différents instruments dessine une auréole autour de Paloma (chant, guitare, piano, percussions...xylophone) et la lumière plonge la « fosse » de la Marquise dans une ambiance feutrée. Le loup (Kevin : guitare, chant, piano, harmonica) veille sur elle avec sa voix surprenante dans les graves et remarquable lorsqu'elle s'envole.
Le public est assis, attentif.

La Marquise, 13 avril 2013 - Ladybug and the Wolf
Crédit Photo : Hervé Aubert
C'était le 13 avril, l'EP To Raise a Miniature Garden sortait le 15.
Cet EP justement, parlons en ! De la folk, parfois pop, jamais seulement trois accords plaqués au hasard. On applaudit les contre chants originaux, les voix qui donnent envie de regarder dans le vide et de partir loin...en les emmenant avec nous évidemment !
« On fait de la folk indépendante, la comparaison avec Cocoon ça va, celle que tu fais avec The Do : très bien, The Moldy Peaches, encore mieux ! Mais avec d'autres groupes qui ont juste une guitare et qui font de la « folk »... il y en a tellement. Nous le but c'est de travailler un peu plus la musique, faire des trucs plus underground pas seulement un enchaînement d'accords majeurs. »
La Marquise c'est plutôt underground non (rires) ?
« Non la Marquise c'est underwater (rires) !On aime être proches des gens, voir leurs visages, c'était aussi le cas à l'Isle d'Abeau, ils étaient assis, posés dans leur fauteuil, on se dit qu'on les berce, qu'on les calme. Après des salles comme le Fil (St Étienne) dans lesquelles on a l'habitude d'aller en tant que public...c'est génial, on se sent en confiance et pourtant c'était la finale d'un tremplin : c'était aussi la première fois qu'on avait un beau son, il y avait beaucoup de monde, on se sentait poussés ! A l'estrade aussi c'était super chouette, c'est un petit théâtre, il y a des balcons, c'est très poétique, on a même refusé du monde !»
Poétique...C'est justement le mot qui qualifie le mieux l'univers du duo et de To Raise a Miniature Garden. Le piano d'And we die peut en témoigner. Les envolées lyriques sont touchantes, en équilibre sur un fil à la limite de se casser. Mais les deux piliers auxquels il est accroché sont bien trop solides. The Valley qui ouvre l'EP est assez sombre et pourtant la chanson dégage un certain optimisme. Son clip, diffusé lors du concert de lancement de l'EP est très coloré mais un clown au sourire noir et blanc apporte la touche d'obscurité qui règne dans le morceau.



« Les histoires qu'on raconte dans l'EP sont très différentes, elles parlent beaucoup des rapports humains, les mauvais côtés des gens. The Valley parle de tout ce qu'on peut faire dans la vie, autant des erreurs que des belles choses, ça parle d'une vallée avec une maison abandonnée dans laquelle il n'y a pas de fenêtres, pour ne pas qu'on puisse voir le ciel qui est fâché à cause des erreurs qu'on a commises. Les chansons sont inspirées de ce qu'on vit, de ce que je vois [Paloma]. Des fois j'entends une histoire et même si je ne l'ai pas vécue, j'ai envie de chanter dessus. »
Le résultat est étonnant, l'univers est assez décalé, très onirique. On a l'impression d'être dans un dessin animé dont les personnages ont grandi. Et pourtant le final de l'EP, Under My Chair ne cesse de répéter « We are children ». On pense immédiatement à The Do avec leur chanson Playground Hustle « We are not crazy ! We're not afraid of you grown-ups ! We'll go ask the queen of this kingdom if you won't let us play with screws and hammers ». Un dessin animé dont les personnages ne veulent pas grandir ? Dans la vidéo, le duo reste impassible face à un monde tout en action, parfois enfantin, parfois effrayant, qui les met dans une boîte, dans un carton pour être plus précis. Des images à la fois attendrissantes et désarmantes.
Les Noces Funèbres, Tim Burton
« Je suis fan de Tim Burton, donc tout ce qui est onirique...[Kevin]
-Moi de David Lynch pour le côté plus sombre. On aime aussi les couleurs, dans notre clip, il y a beaucoup de couleurs, ça me fait penser à des films acidulés comme Across the Universe.  [Paloma] »
Le cocktail - acide + folk - est original et fonctionne en live comme sur un canapé. Cependant des chansons comme Moods (un de mes coups de cœur dans sa version démo mais aussi sur l'EP) à la fois calme et pleine de rebondissements et de belles résonances sur les refrains est moins mise en valeur sur scène.
C'est tout le contraire pour Messy Girl (mon autre coup de cœur ; elle précède Moods sur l'EP, l'enchaînement des deux est définitivement réussi) qui est galvanisée par le « tambour » qui résonne dans la Marquise et donne une dimension chamanique exaltante au concert, transformant ainsi la coccinelle en une petite fée aux incantations enchanteresses. Cela nous fait presque regretter l'absence de percussions plus entraînantes sur certains morceaux.

La complémentarité des deux voix est marquante, revenons donc un peu sur la genèse de Ladybug and the Wolf et son « osmose » :
« On s'est rencontrés à St Étienne : on cherchait des musiciens pour compléter nos projets personnels respectifs, donc chacun dans notre groupe... et plutôt que de faire le groupe qu'on avait prévu de faire à la base, on a décidé de faire un nouveau projet. Moi j'étais en solo et Paloma était avec un guitariste, elle en cherchait un autre. Donc en gros...chacun cherchait quelqu'un. En se rencontrant on s'est rendu compte qu'on avait un univers commun donc on a laissé tomber tout le reste.
-Moi j'ai quitté mon guitariste et toi, tu as quitté...toi même »
Ladybug - Paloma
Crédit photo : Hervé Aubert
Leur univers commun était constitué d'une multitude d'influences très différentes allant du jazz à l'electro en passant évidemment par la folk (expérimentale ou ancestrale) :
Kevin : Sigur Ros...
Paloma : Electric Guest...
Kevin : Damien Saez...
Paloma : Devendra Banhart, bon ok, c'est pas très electro, c'est folk electro expérimentale...
Kevin : M83... Et...Bob Dylan, très important Bob Dylan !
Ce serait idéal de faire la première partie de...
Kevin : Radiohead
Paloma : Ah ! Pas moi ! C'est bon à voir, mais je ne me sentirais pas de jouer en première partie de Radiohead, je dirais... Six Organs of Admittance ou Vetiver, ce sont des groupes de folk expérimentaux, c'est très nature. Sinon Lady gaga évidemment... (rires) !
Kevin : Ray Lamontagne sinon...
Paloma : Ah ouais !!! On se met d'accord la dessus, Ray Lamontagne !

Dans la scène lyonnaise, Ladybug and the Wolf ont choisi pour leur première partie deux groupes de choix et on les en remercie : Nazca (juste bluffant sur scène, grosse claque, on espère les revoir très vite sur Our Degeneration) et Joris (vraiment très sympa, deux excellents guitaristes pour un très bon set!).
« On les aime beaucoup [Nazca]. J'adore leurs costumes. Joris aussi c'est génial ! Récemment dans la scène locale, j'ai aussi aimé Tachka [ndlr en concert le 23mai au festival qu'on adore :Changez d'air], Charlie and the soap opera...et puis à une autre échelle : Woodkid [chronique de son dernier album à retrouver ici]! »

Ladybug and the Wolf entend bien défendre son EP un peu partout et s'insérer par la même occasion dans la belle dynamique musicale qui anime la région ! Où est ce qu'ils seront dans 2mois, un an, 5ans...Dix ans ?
« Au zénith...complètement (rires) !!! Non, mieux, dans un sous-marin pour un concert sous l'eau ! [Paloma]
-Sinon cet été on va aire des festivals Nigériens. »
WHAT???!!!
« Oui, le Ligérien, c'est la région de St Étienne, ça veut dire « de la Loire », donc ça c'est à court terme. Après à long terme, idéalement à la fin de l'année : un album et aussi le Radiant à Caluire, dans l'idéal des premières parties d'artistes renommés... ce serait vraiment le pied ! »
The Wolf - Kevin
Crédit photo : Hervé Aubert
Sinon concrètement, ils seront en 1ère partie d'Alela Diane, le 10 Juillet à l'occasion du Festival des 7 collines à St Étienne !

Question post-concert à la Marquise : Comment avez vous vécu ce live ?
« On s'est sentis très à l'aise, bien accueillis par le public qui était réceptif à notre univers. Le fait d'avoir été précédés par des artistes talentueux nous a mis tout de suite dedans ! En sortie de scène nous étions satisfaits et le public n'a pas hésité à venir nous solliciter, échanger, ce qu'on adore ! »





Les questions traditionnelles Our Degeneration

La dernière chanson que vous avez écoutée ?
Kevin : Paolo Nutini, le dernier album.

Le dernier album que vous avez acheté ou téléchargé (illégalement ou pas) ?
Paloma : Devendra Banhart, on me l'a offert ça compte ?
Kevin : Damien Saez, pas le dernier, le triple !

Le dernier film que vous avez vu ?
Paloma : Love Actually [de Richard Curtis]...mais c'était nul alors BlancaNieves [de Pablo Berger], il est génial !
Kevin: Harry Potter et les Reliques de la Mort 1ere partie [de David Yates] et au cinéma... A la merveille [de Terrence Malick].
Paloma : Les 20 premières minutes sont incroyables, le reste c'est toujours la même chose : c'est des clichés d'images : la fille avec sa robe de voile dans les champs de blé avec le soleil derrière...

Le dernier livre que vous avez lu ?
Kevin : L'autobiographie de Johnny Cash, magnifique !
Paloma : Un livre écrit par le roi de Jordanie sur le conflit israélo-palestinien vu que je pars bientôt en Jordanie.

Votre meilleur souvenir de concert quand vous étiez dans le public ?
Kevin : On était allés voir Jil is lucky au Marché Gare...et il y avait Julien Pras en première partie, pfffiou ! Nom de dieu !
Paloma : C'était bouleversant du début à la fin, limite on avait envie de se casser après la première partie...
Kevin : On a pas dit un mot, du début à la fin !

Des choses à ajouter ?
Paloma et Kevin : Camembert !

Toutes les infos pour se procurer leur EP sur leur page facebook : https://www.facebook.com/ladybugandthewolf?fref=ts

Mathilde