25 avril 2013

Playme - Interview


Un mois après la sortie de leur EP Draw The Line, ils joueront demain et après demain sur la scène du Berry au Printemps de Bourges. On était à leur Release Party à La Marquise le 29 mars et une semaine avant, on les interviewait dans leur studio.


Doucement mais sûrement, l'electro rock envahit nos radios, nos oreilles. Les grands s'y mettent : Muse, The Strokes ; Daft Punk y reste... Playme y plonge.
« Au niveau artistique, le rock avec ses instruments à l'ancienne, ça fait 40-50ans qu'il y a des mecs qui bossent dessus, donc presque tout a été trouvé. L'avantage de l'electro c'est que c'est encore assez récent, il y a énormément d'évolutions au niveau des technologies et des instruments donc on peut vraiment arriver avec un son frais et nouveau. Ce qu'on entend à la radio, c'est très surproduit alors quand tu as un groupe de rock traditionnel après, ça fait bizarre, on dirait qu'il manque une couche d'arrangements, ce qui est facile à faire quand tu investis dans des machines, les gens s'y retrouvent plus quand ils entendent ce qu'ils ont l'habitude d'écouter à la radio. C'est un gros pari à l'heure actuelle de faire du rock pur parce que ça marche pas vraiment en France, c'est difficile de percer. Nous on aime l'electro, donc on y va naturellement, mais après, même pour vendre soit tu fais de l'electro soit de la chanson française avec une guitare folk... Enfin il faut se dépêcher il y a Daft Punk qui ressort un album ! »
Playme s'est formé en 2011 « pour le fun », « le concept c'était de faire un concert de reprises pour une soirée étudiante, on a bien sympathisé, on a commencé à réfléchir à un projet, on a fait stock de 10-12 compos qui ont alimenté pendant un an un set d'une heure » sur des tremplins, aux 24h de l'INSA, sur la scène du Crédit Mutuel au Printemps de Bourges ou dans des petites salles. «  Il y a deux ans on était jeunes en tant que projet, en tant que groupe, on savait pas où on allait et quelle direction artistique donner au projet « on est des potes, on fait de la musique, c'est marrant, tu plaques un accord c'est super », maintenant c'est différent... »

Après six mois d'enfermement après le boulot, de 20h à 2h du mat', 5 jours sur 7, Playme a sorti son premier EP il y a un mois. On en retient une belle énergie. Une basse et une batterie très rock. Le reste plus electro. La fusion n'est pas encore totale, on remarque souvent dans les morceaux deux parties distinctes : des débuts pop-rock et des fins qui s'étirent en sons plus artificiels issus de machines aux boutons fluo clignotants (Lights Out, DTL). Influencés par les débuts de Muse, Draw the Line fait plus penser aux derniers albums du trio britannique.
A la Marquise le groupe enchaîne son set. Précis, cohérents, on remarque une belle hégémonie sur scène, sans exubérance, sans timidité non plus. Le risque de l'electro statique en concert est dépassé. « On fait de l'electro en temps réel, sur scène on est en direct. » Les machines sont là, mais discrètes. C'est sur scène et non dans les versions studio qu'on remarque la maîtrise de la voix.
« On est d'abord un groupe de live, on aime montrer l'énergie et la puissance, retourner les tripes des gens par l'harmonie ET par les riffs. L'objectif est de faire bouger les gens. Ce qu'on aimerait faire c'est animer une soirée pour les jeunes, parce que pour écouter du rock en ce moment il n'y a personne aux petits concerts...à la marquise par exemple, mais par contre tu vas à côté, à l'Ayers Boat, c'est plein. Bon ils écoutent de la dubstep, mais au moins ils dansent.
Nous notre objectif c'est de faire de la musique qui puisse plaire aux jeunes dans une boîte, faire un son plus moderne, un truc sur lequel tu peux danser à deux heures du mat'. On aimerait entendre notre musique en boite de nuit, Playme c'est le jukebox, tu appuies sur play et tu entends pleins de styles de musique différents, c'est ce qu'on essaye de faire.
Draw the line, ça ne veut pas dire « trace la ligne », c'est « fais la part des choses », ça correspond à la vision qu'on a du projet, on vient d'un univers rock et on veut faire un truc plus electro, faire la part des choses entre deux univers, pour n'en faire qu'un seul au final. »

Et la scène, ce n'est pas fini. Comme après toute sortie d'EP qui se respecte, la prochaine étape avant l'enregistrement de l'album (fin 2013, sortie 2014), c'est le live. Playme retourne au Printemps de Bourges les 26 et 27 avril. Sélectionnés au tremplin du 10 avril pour jouer sur la scène Pression Live des 24h de l'INSA (selon eux, lors de l'interview ce n'était « pas gagné »...et bien si!), ils sont programmés pour la soirée du samedi 18 mai en compagnie de Deluxe, The Supermen Lovers, The Architect et Yalta Club.

Brice (guitare, chant, piano, machines) et Martin (basse, machines, back vocals) que l'on a rencontré sont issus d'univers musicaux assez éloignés de leur style : formation classique et jazz au conservatoire, solfège, harmonie : « C'est pleins de connaissances assez utile même...et surtout quand tu fais de l'electro, ça permet de donner une couleur particulière ! »
Mais lorsqu'on aborde la fameuse question des influences, on retrouve l'univers de Playme : Rage Against The Machine, « pour le concept du rock dans ta gueule », Phoenix pour le côté français, Housse de Racket, Skip The Use, Shaka Ponk pour le live, Muse évidemment : « Ça reste de la très bonne musique même si leur grandiloquence est critiquable. C'est plus trop du rock, c'est du stadium rock, les compos sont trop conçues pour des scènes immenses. », Daft Punk pour le côté hybride rock-electro « Quand tu écoutes leurs mélodies, c'est du rock avec des instruments electro, c'est conçu et composé comme du rock, les batteries sont énormes mais c'est pas des gros beats» mais aussi Nasser : « Ils font plus ou moins ce qu'on voudrait faire, eux c'est plus brutal, c'est du rock electro boîte de nuit, à minuit-une heure du mat', tout le monde danse ! ».

Lights out est de loin la plus dansante de l'EP, la seconde place est attribuée à la plus calme mais non moins groovy A Hard-nosed woman (la femme intraitable).
« Lights out, c'est une chanson un peu épileptique : le morceau grossit jusqu'au point culminant. Moi ça me faisait penser à des couleurs qui virevoltent autour de toi, ça m'a fait penser à un voyage que j'avais fait à Tokyo : tu es au milieu de plein de monde, tu comprends rien, mais tu as l'impression d'être tout seul. » (Martin)
-J'avais la même image, en fait on s'est rencontré en cours de japonais... » (Brice)
-La différence c'est que je parle bien et lui non (rires). »
Après une suite de digressions en japonais (qui m'ont laissée, il faut l'avouer, assez perplexe et très impressionnée), on continue à parler paroles... A la première écoute, on se rend très vite compte que l'objectif principal n'est pas de faire passer un message. Du moins pas à travers les paroles mais grâce à la musique. On saisit quelques bouts de phrases, quelques mots d'anglais...
« On cherche pas à raconter des histoires, surtout pas des histoires politiques, on cherche quelque chose de joli dans la forme, dans la musique...accompagné de paroles. L'anglais est intentionnel, aujourd'hui en France, si tu fais une chanson super avec des paroles en français, l'auditeur lambda va écouter d'abord les paroles et la musique va passer à côté. Si les paroles ne sont pas bien écrites, c'est radical... Nous on ne veut pas que les parole passent avant la musique. »

Dialogue final (paroles, projets, passion):
« C'est assez amusant d'écrire les paroles, au moment d'écrire les lignes de chant, Brice se retrouve à chanter du yaourt en anglais, « je veux une phrase de 7syllabes qui finit par [ey] ». Euh... ok. (Martin)
-Les [i] en anglais c'est horrible... (Brice)
-L'anglais c'est plus libre comme langue, comme sonorités, si tu prononces bien l'anglais c'est que tu n'articules pas (rires) ! Radiohead par exemple, quand tu écoutes Thom Yorke tu te dis « mais qu'est ce qu'il bave ?! »... 
-C'est l'exemple typique pour nous au niveau influence pour les paroles : on comprend rien mais quand on y regarde de plus près c'est bien écrit, très imagé, c'est intéressant !
- La dominante c'est la musique, on fait de la musique pour la musique ! La cerise sur le gâteau c'est de faire des paroles qui sont cohérentes avec la musique, on veut pas du "I love you machin chose". Je m'inspire aussi de ma vie personnelle pour écrire, d'images, de couleurs. 
Paint, une chanson qui n'est pas dans l'EP mais qu'on joue sur scène c'est un peu notre histoire. On est tous les deux issus d'une grande école d'ingénieur en mode...chiant. Au bout d'un moment tu te dis « j'ai fait quoi dans ma vie? ». T'étais bon à l'école, tu te retrouves sur les rails, en prépa, en école, tout ça pour se retrouver à 35ans avec le rêve américain : la femme, les enfants, un chien et un scénic, ça me faisait déprimer...
-Paint by numbers c'est un jeu pour gamin, tu as un dessin divisé en parties et chaque partie a un numéro qui correspond à une couleur, et quand tu colories ça te fait le dessin final.
-En gros tu dois colorier les bonnes cases avec les bonnes couleurs. C'est un piège : « Hey petit enfant, tu es créatif alors qu'en fait, tu n'as rien fait du tout » donc ça faisait un parallèle avec ma vie personnelle. Après les paroles sont imagées, c'est abstrait. Le concept du 35ans, scénic et chien c'est la solution facile, on se pose pas de questions, tu sais qu'à la fin du mois le chèque tombe mais au final...ça donne pas envie
-Du coup on a besoin de ça, du groupe, on y est tout le temps, on est claqués mais on vit un truc sympa, moi je ne pourrai pas vivre sans ce petit truc à côté, qui te fait vivre. On a investi dedans donc on va essayer d'emmener ça loin. Après à l'heure actuelle c'est avant tout une passion c'est pas un moyen de gagner de l'argent, c'est un moyen de vivre un truc cool, sur scène. 
Ça fait 8mois qu'on essaye de faire de l'electro...qu'on geek dessus comme des porcs, on compose différemment depuis...
On fait de la compo en live maintenant, avant on remaniais mes compos (Brice) ou alors on se prenait la tête devant le pc.
-On cherche l'énergie !
-Ça nous permet de trouver une symbiose directement ! »

Les questions traditionnelles Our Degeneration

La dernière chanson que vous avez écoutée ?
Martin : Retrosexual de Nasser
Brice : Nasser aussi, Come on... Ah j'ai écouté les Salmon Fishers hier aussi !!!

Le dernier album que vous avec acheté ou téléchargé (illégalement ou pas) ?
Martin : Straightener, un groupe de rock japonais en bien...pas manga ! Ça lorgne un peu vers le hip hop alternatif.
Brice : Muse, le dernier...ou Orelsan, ça a été le même syndrome que Housse de racket, en studio j'aimais pas du tout et en live j'étais sur le cul !
Martin : C'est du rap hybride, on peut presque le citer comme influence, il y a des sons qui viennent de l'espace, un côté electro, il a vraiment un groupe sur scène, il est dément...c'est du rap du futur !
Brice : Ça prend aux tripes !

Le dernier film que vous avez vu ?
Brice : Cloud Atlas de Andy et Lana Wachowski, je l'ai trouvé moyen...
Martin : The Murderer (The Yellow sea) de Na Hong Jin, un thriller coréen.

Le dernier livre que vous avez lu ?
Brice : Les cerfs-volants de Kaboul de Khaled Hosseini
Martin : 1Q84 de Haruki Murakami, en japonais...Tu commences tu te dis « je sais pas ce que je lis », à la 200ème page « je comprends encore moins ce que je lis » et à la fin « ah c'est vraiment pas mal », puis tu réfléchis. C'est bien les bouquins qui te retournent l'esprit, j'aime bien quand tu lis et au premier abord tu ne comprends pas, et puis tu réfléchis et tu comprends qu'il voulait dire un truc différent de ce qui est écrit, ça marche pareil quand j'écris les paroles j'aime le côté où tu as quelques chose en plus, du second ou du troisième degré. Tu dois réfléchir sur le texte pour le faire apparaître.

Votre meilleur souvenir de concert quand vous étiez dans le public ?
Martin : Shaka Ponk aux 24h de l'INSA, je ne connaissais pas, ils n'étaient pas connus par rapport à maintenant. C'était juste avant la sortie de leur album, je m'attendais pas à une telle énergie, un tel visuel...
Brice : Muse en 2003 à Vienne, grosse baffe, je me suis mis à la guitare grâce à ça !

Ndlr : Samuel (batterie et machine) n'était pas présent.

Mathilde


14 avril 2013

FAUVE - Chronique


FAUVE est une secte ! Du moins ils en ont le magnétisme.
Ils mettent des mots sur ce qu'on aimerait pouvoir sortir, dire, crier. Sur ce qu'on ne sort pas, sur ce qu'on n'ose pas dire, sur ce qu'on ne criera sûrement pas.
Et ça paraît si simple, c'est limpide, rapide comme une décharge électrique.
C'est une machine dont les rouages ont des visages sans noms, une voix qui devient très vite une obsession.
Une machine tellement anti-hype, aux antipodes de tous les codes que paradoxalement, elle ne peut que devenir un phénomène. Malheureusement.
FAUVE c'est le groupe que tu aimerais garder pour toi, mais que tu ne peux pas t’empêcher de faire écouter aux autres. Ah les autres... Pour partager. Parce que ça en vaut la peine.
I am Jack's cold sweat quand ils me parlent des Nuits Fauves. FAUVE est un Fight-club musical, tellement révolté, révoltant qu'il déclenche cette fascination. Cette sensation qui te prend au ventre, qui te donne des frissons dans la colonne vertébrale.
Ils sont très différents, et pourtant dans la même veine que Popular de Nada Surf, parfois Benjamin Biolay ou Bashung. On pourrait en citer d'autres mais ça ne sert à rien. Pour une fois, savoir à qui ils ressemblent n'importe pas, savoir si d'autres l'ont fait avant importe peu. De temps en temps il faut seulement reconnaître qu'il est possible d'aimer juste comme ça, en tombant dessus par hasard, par curiosité ; sans avoir besoin de lire sur FAUVE, sans avoir besoin d'écouter ce qu'on dit sur FAUVE, juste en se laissant flotter.
C'est une vengeance contre l'absurde, une ode à la vie, une provocation lancée à la mort. Il serait excessif de dire que dans leurs paroles réside toute une génération, mais on a cette impression de déjà vu incessante, celle qui fait tomber les masques, qui fait palpiter plus vite le sang dans les veines, qui nous déshabille tout entier et qui rentre dans notre intimité.
On suit cette voix les yeux fermés quand elle nous parle de vivre, vraiment. Qu'il est facile de suivre. Comme c'est agréable. « On a souvent envie de jouer au rebelle. » Mais au final qu'est ce qu'on fait ? Rien. Eux ont décidé de parler, sur un fond planant qui mélange les styles sans vraiment en avoir un particulier.
Difficile de décrire plus. Il faut l'écouter pour le penser. Et quand la chanson se termine, plus rien, l'éclair de génie qui nous a traversé s'est tiré, aussi vite qu'il était venu.

"Bonsoir"

Parce qu'il est urgent de vivre et qu'eux nous font vivre un peu plus.

Désespoir ! Il n'y a plus de place au Marché Gare.

Mathilde



Qu'ajouter après cette description, que dis-je, cette ode
Mélangeant à merveille poésie et musique, FAUVE créé un style indescriptible, bourré d'émotions et si touchant qu'on ne peut qu'en vouloir plus, encore plus, toujours plus. FAUVE, ce sont d'anciens vers retrouvés sur un papier au fond d'un casier. Pleins d'amour, intemporels, et si proches. C'est le mal du siècle, c'était demain et ce sera hier. C'est simple pour dire des choses complexes. Mais surtout, FAUVE, ça ne se raconte pas. 
-replay-replay-replay-

Silvio



8 avril 2013

Billie - Interview


« Je ne sais pas si on peut encore appeler ça une interview... »

Naturellement bavardes, il ne nous aura fallu que quelques minutes pour que l'on comprenne que l'entrevue allait se métamorphoser en une succession de digressions. On commence en douceur avec une version acoustique de La fille de Peter Pan.



Billie est une effrontée au sourire franc, une chanteuse naturelle. Sa voix rentre par une oreille, ne ressort pas par l'autre ; cristalline sans être enfantine, elle est conteuse d'histoires intergénérationnelles.
Sur scène elle est charmeuse, bombe sensuelle. On regretterait presque de ne pas avoir connu les années 80 d'où elle semble revenir avec ses cheveux fous ramenés en banane et ses synthés vintages.
En première partie de Babx jeudi dernier elle a littéralement envoûté la salle du Marché Gare, accompagnée par Théodora King au violoncelle et Teddy Elbaz aux claviers et aux machines : bel aperçu d'un album qui sortira en novembre prochain ! 
La profondeur du cello complète à merveille les boucles électroniques : « Je dis souvent que je fais de la chanson électrique, je suis obligée d'être « branchée » pendant les concerts. C'est un tout un peu bizarre, une sauce que j'ai eu en tête : je prends un violoncelle qui est un instrument classique, j'ajoute des synthés electros... et avec tout ça on va faire une espèce de chanson New Wave. C'est à la fois sombre et solaire, je suis moi même plutôt solaire, pas renfermée du tout. Mes textes ne sont pas spécialement tristes mais il y a ces accords un peu sombres, le violoncelle et puis des beats qui envoient !»
En mélangeant New Wave, chanson française, électro, Billie rappelle tour à tour Camille, Emilie Simon, Kate Bush, Blondie, Olivia Ruiz, Dionysos ou encore Babet, et ce sans jamais perdre sa singularité.
« J'ai commencé la musique quand j'ai vu Camille sur scène, l'album Le fil, grosse révélation, j'ai vu qu'on pouvait faire de la nouveauté avec de la chanson française. Celle ci a souvent une étiquette peu flatteuse. Camille a une écriture très légère, très ludique, moi ça me parle. »
Outre toutes ces chanteuses ou groupes, Billie aime aussi Taxi Girl, Elliet Jacno, les Cure... « J'aime beaucoup Bowie et Depeche Mode aussi. D'ailleurs ça fait plaisir qu'ils ressortent des albums, le dernier clipde David Bowie est vraiment beau et Depeche Mode c'est toujours aussi classe... Je n'attends plus que les Cure sortent un album ! »
Mais la véritable source d'inspiration de cette chanteuse lyonnaise, ce sont les contes, la mythologie, les histoires magiques en tout genre : « Les contes de Grimm, de Perrault, ça parle aux gens, ce sont des images que toutes les générations ont vu, La fille de Peter Pan, ça fonctionne avec les enfants et aussi avec la génération de mes parents. 
Sangtimentale c'est l'histoire d'une vampire amoureuse qui ne peut peut pas vivre sa passion au grand jour.
J'ai été influencée par Tim Burton pendant très longtemps tout comme Mathias Malzieu le chanteur de Dionysos que j'ai rencontré il y a peu ! Quand j'étais morte c'est l'histoire d'une jeune fille qui trouve que sa vie quand elle était morte était vachement plus simple que sa vie de vivante, ça rappelle des univers comme celui de BeetlejuicePour La fille de Peter Pan j'avais relu le livre, il est beaucoup plus glauque que le Walt Disney : les enfants dans les jardins de Kensington sont très flippés parce que les fées sont des espèces d'horreurs qui tuent les enfants, pas comme la fée clochette. Peter Pan est vraiment déprimé comme gamin, il ne veut vraiment pas grandir, c'est pas une petite blagounette. C'est cet univers terrifiant que j'aimais bien, ce serait intéressant de voir Tim Burton faire un Peter Pan. Moi je l'ai féminisé, c'est une voleuse, je l'ai mélangé avec Arsène lupin et CatWoman. »





Billie créé son histoire ; au fil du concert elle prend différentes formes ; sirène, voleuse, vampire et beaucoup d'autres encore. Elle tisse la toile d'un univers nocturne féerique, fantasmagorique (surtout sur des chansons comme Marilyn). 
« La nuit revient souvent dans mes chansons, dans les contes c'est le moment pendant lequel les choses secrètes se passent. On m'a aussi dit que j'étais romantique, donc je dois parler pas mal d'amour. 

J'essaye que les chansons parlent d'elles même aux gens, j'essaye d'être un vecteur. Avant j'étais très présente, très énergique maintenant je suis plus calme. J'étais traqueuse, je me suis posée. L'album que je fais est très aérien, j'essaye donc de garder mon énergie et mon côté mutin tout en étant une conteuse d'histoire. J'essaye d'en écrire une grande sur tout mon concert, je pars d'un point et je ne finis pas la scène dans le même état d'esprit. »


Chaque chanson est un chapitre, le morceau d'un film. Au Marché Gare la magie opère. Les lumières entoure le trio d'un halo bleuté. "J'ai l'âme bleue, d'un blues en mi", "J'ai l'âme bleue, bleue des galères, sirène de toutes les misères" dit elle dans la chanson presque éponyme L'âme bleue. Bluffante.

Cette couleur on la retrouve également lorsqu'on parle cinéma, quand Billie évoque les films qu'elle aime. La nuit du chasseur de Charles Laughton « De très belles images de nuit, de la fuite des enfants dans leur barque, avec les étoiles, les animaux, et le faux pasteur en ombre chinoise sur les collines derrières. » ; Mulholand Drive de David Lynch « Pour les décors et les couleurs » ou encore Drive de Nicolas Winding Refn, film bleu par excellence.

Les textes de la demoiselle vont droit au cerveau, on en prend plein les yeux !
« J'aime que les gens comprennent tout de suite ce que je raconte. La langue française peut être dansante, elle peut ne pas être chiante. Les Rita Mitsouko par exemple, les textes sont parfois profonds et pourtant tu peux danser toute une soirée dessus. En français, tu vois l'image tout de suite, il y a une certaine immédiateté, après peut être que si j'avais été meilleure en anglais au collège et au lycée, je verrais l'immédiateté dans l'image des autres en anglais (rires). »
La démarche est différente, l'anglais se prête mieux à la répétition, au minimal...
« Après on est toujours étonné : Gainsbourg a beaucoup répété de mots et ça marchait. La chanson Aux enfants de la chance par exemple...Gainsbourg, il est pas mal dans le genre! »
Heureusement que tout le monde n'est pas Gainsbourg en même temps...
« (soupir) Alala j'aimerais quand même bien être Gainsbourg, ça m'irait bien comme boulot... Après, c'est mieux de trouver son propre chemin. Le jour où on te dit « Ah, ça, je l'ai entendu nulle part », tu te dis « ah c'est bon, j'ai trouvé ma voie !»

L'album quant à lui est presque prêt. Ne manque plus qu'un duo à enregistrer et quelques détails à fignoler (la pochette par exemple). Pour ce qui est du label...« Je suis libre comme l'air, j'ai fait mon disque, je l'aime, je n'ai pas très envie de le changer, si le label le prend tant mieux sinon je fais sans, j'ai pleins de cordes à mon arc. Mais si il y a des gens motivés pour travailler dessus, pas de problème! »
Pour patienter jusqu'à novembre, Billie nous offrira d'ici l'été le clip de Dehors « Une chanson sur les sans papiers qui me tient très à cœur. Je l'ai écrite il y a longtemps et elle est hélas toujours d'actualité. J'ai contacté le studio qui a réalisé le clip de Prohom, Je voudrais que..., hyper glauque mais magnifique, en le voyant tu te dis Wow c'est triste mais vraiment très beau ! »


Les questions traditionnelles Our Degeneration

La dernière chanson que tu as écoutée ?
Pull Marine d'Isabelle Adjani (écrite par Gainsbourg)  qu'on a bossé en reprise cette après midi !

Le dernier album que tu as acheté ou téléchargé (illégalement...ou pas) ?
Téléchargé légalement : Lescop

Le dernier film que tu as vu ?

Le dernier livre que tu as lu ?
Soufi, mon amour d'Elif Shafak. Un livre magnifique, une jeune écrivain turque, un recueil de philosophie sur la vie.

La dernière série que tu as vue ?
Walking Dead, Two sons of anarchy m'a éclaté, j'attends la suite de Games of throne, j'ai été longtemps une fan de six feet under... C'est ma préférée.

Ton meilleur souvenir de concert quand tu étais dans le public ?
Dernièrement j'ai vu un concert à la télé, sur arte, David Bowie, monstrueux, rien que l'intro c'était d'une beauté... La grande classe même dans mon salon devant ma télé !

Ton meilleur souvenir de concert quand tu étais sur scène un de tes concerts ?
Je raconte souvent les Transmusicales de Rennes, c'était complètement n'importe quoi, on avait la pression. La veille mal de gorge, je sens que j'ai un début d'angine. Je prends le train le lendemain matin et plus la journée avance plus je perds ma voix, ça va pas du tout.. Le stress commence à monter. Et puis Théo(dora), je sais pas ce qu'elle fout pendant les balances, elle laisse tomber son violoncelle par terre. Elle l'explose... « Ok il est 19h, on joue dans deux heures, j'ai plus de voix, on a pas de violoncelle. On fait quoi ?! ». On cherche un luthier dans tout rennes, on trouve un luthier qui nous trouve un violoncelle. On tremble comme ça (geste)...Le club où on joue est blindé, surblindé, on était tellement dans une énergie...on avait tellement peur, on savait tellement pas ou on allait, qu'on a fait une espèce de concert monstrueux, super rock and roll, tout à l'envie, hyper motivées ! Je braillais tout ce que je pouvais pour essayer de sortir des sons de voix, Théodora essayait de se débrouiller avec un violoncelle qui n'était pas le sien, au final on a fait un super bon concert. C'est la journée qui démarre mal, tu te dis que tu vas jamais y arriver et au final tu fais un truc super bien ! Comme quoi faut pas se décourager, même avec une voix pétée et un violoncelle cassé on peut faire un concert, tout est possible dans la vie !


Mathilde

2 avril 2013

Woodkid - The Golden Age

The Golden Age
03/2013

« Je vois longtemps la mélancolique lessive d'or du couchant.
Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant. » Arthur Rimbaud Enfance IV

La fin… C’est bien de cela dont il est question, dès le début de l’album Woodkid nous plonge dans sa pensine nous offrant un véritable voyage dans son imaginaire d’enfant. L’enfance, royaume d’insouciance où Rimbaud croise Woodkid. « Que les oiseaux et les sources sont loin ! » semble également clamer ce dernier en parlant de son « Golden age ». Le temps passe cependant aussi bien pour le poète que pour l’artiste ; il avance donc, inéluctablement, mais ici, le front du petit valet touche le ciel, transporté par ses instruments.
Nostalgique du passé à jamais perdu Yoann Lemoine nous entraîne dans son univers fantasmé. Un drôle de monde en réalité : l’enfant vit dans son piano, agrémente son paysage de touches noires et blanches. Dans son piano il y a des marteaux qui battent les cordes et écrasent les ennemis. Le temps passe au ralenti, instant de grâce où l’on est porté par la profondeur de sa douce voix grave ; avec en sourdine, la violence innocente de l’enfant jouant aux petits soldats. Les percussions rythment la cadence se faisant tantôt tambours de guerre (Iron) ou mitraillettes poursuivant le jeune garçon (Run Boy Run). Violence ingénue dans les yeux d’un enfant, les cuivres se déchaînent dans le tumulte de la bataille, l’acier croise le fer avec le bois, salués par le tocsin, ce ne peut décidemment qu’être la fin du monde, en avançant. Cette bataille, Yoann Lemoine la livre contre lui-même, ou plutôt contre cet indicible ennemi qu’est le temps ; cet enfant auquel il s’adresse n’est autre que lui, et cet album, un adieu à son passé, une dernière révolte.

C’est donc dans cette atmosphère de fin que Yoann Lemoine a choisi de nous immerger, la fin de l’enfance, la fin d’un monde, ou le début d’une épopée?
Premier album de celui qui se fait appeler Woodkid, mais qui n’en est cependant pas à ses premiers pas : son premier EP avait défrayé la chronique, porté par (ou portant ?) la saga des Assassins et son héro Ezio Auditore qu’il met en scène à la perfection. Il incarne cette puissance dissimulée et cette grâce majestueuse qui fait le credo de ces hommes de l’ombre.

Passionné autant par sa musique que par la façon de la mettre en scène, le jeune Français signe ici un album d’une grande classe, porteur de belles promesses d’avenir.
L’age d’or est-il vraiment derrière ? 

ELIOT

Chanson de la semaine #30

Another Day
Nina Fleury
2013

Elle a fait son petit bout de chemin la demoiselle depuis l'année dernière. Souvenez-vous...
 
C'est le 3 avril qu'est sorti son nouveau titre Another Day. Et part une pure coïncidence, celui s'est retrouvé sur notre boîte mail quelques jours avant sa sortie.

Quelques accords planants, une voix caressante aux échos réverbérés et c'est parti. On replonge avec une facilité déconcertante dans l'univers onirique de la jeune chanteuse. Un début plutôt folk qui bascule rapidement dans un monde plus pop, plus rock qui se rapproche de celui de Dido par exemple. L'ambiance d'Another Day est légèrement plus triste, plus mélancolique que dans mes souvenirs, mais l'énergie est toujours la même, toujours aussi franche!

Un titre sans prétention qui permet d'oublier pendant 3 minutes et 20 secondes les impératifs qui nous poursuivent. Nina Fleury a sa guitare bien sanglée, les pieds sur terre et la voix qui s'envole.




Mathilde