26 mai 2012

Claire - Interview


C'est un samedi matin pluvieux qu'on a rencontré Claire. Installées à la terrasse du Paddy's Corner nous n'avons pas vu le temps passer. Nous vous offrons ici le condensé de cette petite discussion fort sympathique !



Claire : Je m'appelle Claire, j'ai 15ans et je fais de la folk, enfin un mélange de folk et de variété. Je suis seule avec ma guitare, je compose et je reprends aussi des artistes que j'aime bien et qui me correspondent.
En fait je chante depuis toujours mais ça fait un an que je sais que c'est ce que je veux faire plus tard...

Our Degeneration : Quand tu dis que tu chantes depuis toujours, c'est une passion que tu as depuis toute petite ?
Claire : En fait, avant de savoir parler je chantonnais déjà, je chantais déjà juste et mes parents sentaient bien que j'avais un goût pour le chant. Mais en étant petite je me disais que chanter c'était bien à coté d'un métier mais que je ne voulais pas faire ça plus tard. Je ne voulais pas dire « plus tard je voudrais être chanteuse » parce que j'avais peur qu'on se moque de moi. Je l'assume vraiment depuis un an.

Our Degeneration : Ta passion pour le chant et la musique t'as sûrement conduite à prendre des cours, quelle expérience musicale as-tu ?
Claire : J'ai fait du solfège pendant huit ans à l'école de musique de Caluire au Radiant. Mon instrument de base c'est le violoncelle. J'en fais toujours un petit peu, mais c'est plus une option maintenant, ça prend beaucoup moins de place dans ma vie que la guitare

Our Degeneration : Pourquoi avoir choisi le violoncelle d'abord ?
Claire :A la base je voulais faire du violon mais ma mère n'a pas voulu à cause du prof. Du coup j'ai choisi le violoncelle. On peut en entendre sur mon EP d'ailleurs. C'est moi qui en joue. On m'a plusieurs fois dit de prendre des musiciens pour que ça soit plus complet sauf que ma musique perdrait son charme. Il y a peu de gens qui chantent tout seul, au bout d'un moment il y a forcément des musiciens qui viennent se rajouter au projet. Je pourrais rajouter un instrument...Sûrement le violoncelle parce que c'est mon instrument mais ce serait dommage parce que le public me verrait chanter et faire de la guitare et quelqu'un d'autre jouer du violoncelle...Alors qu'à la base c'est moi qui en joue.

Our Degeneration : C'est vrai que ça enlèverai de la spontanéité, c'est ce qui fait ton charme. Tu es la toute seule, tu as le cran d'y aller. Les autres débarquent avec leur groupe, c'est plus rassurant d'un coté. C'est un risque que tu prends.
Pour ton EP Spring tu as enregistré où et avec qui ?
Claire : J'ai enregistré dans un petit studio vers la Part Dieu, Audio Pigment. J'ai fait deux jours avec eux. On a fait un jour et demi d'enregistrement et ensuite un après-midi entier au mixage. J'étais là...Et à la fin de la journée j'en pouvais plus. On a enregistré huit chansons.

Our Degeneration : Pourquoi avoir choisi de l'appeler Spring ?
Claire : En fait, j'avais une idée qui ne fonctionnait plus, c'était Rosebud (éclosion) on s'en est rendu compte le soir où je devais envoyer mon dossier, j'étais démoralisée, je me suis dit « mince mon EP je vais l'appeler comment », je ne savais pas du tout ce que j'allais faire. Je suis sortie dans mon jardin avec ma guitare, c'était un jour où il faisait super beau et le printemps était un peu omniprésent dans le jardin du coup je me suis dit que comme les chansons avaient été enregistrées au printemps et que c'était mon premier EP c'était aussi le signe de l'éclosion, puisque c'est là où tout naît. Donc ça allait bien avec le contexte.

Our Degeneration : Tu as choisi de sortir ton EP en prenant comme nom de scène ton propre prénom. Pourquoi ?
Claire : En fait je n'avais pas d'autre idée de nom que le mien, c'était assez évident pour moi. Je me suis dit « qu'est ce que je vais aller faire avec un pseudo », pourtant il y a des trucs sympas à faire avec Claire...Clair/foncé, clair de lune, mais dans la scène française il n'y a pas de Claire toute seule.

Our Degeneration : De quoi est ce que tu t'inspires quand tu composes ? Comment est ce que les idées te viennent ?
Claire : Je prends un peu toujours les mêmes thèmes, mon inspiration n'est pas très large, ça revient toujours aux relations humaines : l'amitié, l'amour, les relations entre frères et sœurs, les séparations. Je n'écris pas sur les guerres, même si j'aimerais bien, ce sujet là ne m'inspire pas. Pour composer les artistes ont souvent une méthode personnelle « j'ai la mélodie et je plaque les accords après ou l'inverse », moi quand je prends ma guitare, les deux viennent en même temps, je commence à chanter et à jouer des accords, la mélodie vient, ensuite soit les paroles viennent spontanément en anglais ou français, soit, quand ça ne vient pas tout de suite avec les rimes et tout le reste, je l'écris et ensuite je la pose sur les accords.

Our Degeneration : Les trois compos qui sont présentes sur ton EP : Mary, Love Song et Older Sister sont toutes en anglais. C'est un choix délibéré ? C'est plus facile pour toi d'écrire en anglais ?
Claire : Carrément, l'anglais c'est une preuve de non courage, c'est plus facile de s'adresser à un public français en anglais à mon âge parce que les trucs qu'on veut dire, on peut pas les donner comme ça à cœur ouvert. On ne veut pas forcément que les gens comprennent tout ce qu'on dit, chaque mot qu'on dit, à part sur certaines chansons, celles en français que j'ai composé par exemple. Par contre si les paroles intéressent le public, ils peuvent me les demander je les leur donnerai sans problème, mais sur le moment ça fait un peu peur de voir la réaction des gens directement par rapport à des paroles personnelles.

Our Degeneration : Tu t'inspires uniquement de choses qui te sont arrivées ? De tes propres expériences ?
Claire : Oui, c'est des thèmes qui me tiennent à cœur, des choses que je ne dis pas aux gens, même à mes proches. En les mettant en anglais ça me permet de les dire.

Our Degeneration : Sur ton EP et dans les autres titres que tu as enregistré, tu as deux reprises : Adele et Coeur de Pirate. Ces deux artistes t'influencent-elles quand tu composes ?
Claire : Adèle, ne m'influence pas, mais ses chansons correspondent à mon timbre de voix, je n'ai aucun mal à les chanter, elles sont dans ma tessiture.
Pour Cœur de Pirate, c'est une énorme influence même si elle chante en français. Je l'apprécie autant pour sa personne que pour sa musique, cette reprise c'était significatif, je trouve que c'est la plus belle de ses chansons, c'est un hommage à ma période Cœur de Pirate.

Our Degeneration : Tu écris en anglais mais tu as pour influence majeure une artiste qui chante en français. Tu as d'autres groupes ou artistes qui t'inspirent qui sont plus dans l'univers folk anglais ?
Claire : Quand j'écris je ne me rends pas compte que j'écris comme tel ou tel artiste mais dans mon subconscient je me suis inspirée de groupes comme les Cramberries dont j'avais fait une reprise au Citron. J'écoute beaucoup ce groupe et on le retrouve dans mes chansons. Après j'aime bien Angus et Julia Stone qui jouent des ballades, Cocoon aussi, j'écris peut-être en anglais mais je m'inspire plus de chanteurs français. Par exemple Camelia Jordana, au niveau des paroles et des musiques j'aime beaucoup son style. J'aime aussi des chanteuses comme Lily Allen.

Our Degeneration : Tu cites presque uniquement des groupes avec des voix féminines (Cocoon et Angus et Julia Stone exceptés puisqu'ils sont deux à chanter).Tu as toi même une voix assez unique, qui ne laisse pas insensible. Comment est ce que tu réagis par rapport aux critiques (positives ou négatives) des gens ?
Claire : Quand les gens me font des compliments ça fait toujours plaisir, il y en a qui me soutiennent vraiment, ça me fait chaud au cœur, il y en qui me dise que j'irai loin. Quand on veut faire ça de sa vie et qu'il y a des gens plus âgés, des professionnels qui te disent ça, c'est un peu le but qui est atteint.
Pour les commentaires négatifs, il y en a sur le fait que mes chansons sont un peu cuculs, mais sur ma voix, il n'y a pas trop de commentaires négatifs. Après on aime ou on aime pas, mais ceux qui n'aiment pas respectent quand même, ils ne me disent pas que je chante mal mais plutôt qu'ils n'aiment pas mon style. Sur le fait que mes chansons sont cuculs, j'assume. En fait je me dis que j'ai 15 ans et que je ne peux pas faire de la grande écriture, j'ai pas 40 000 expériences à raconter, c'est assez limité, j'ai pas vécu 50 ans, mais je me dis qu'en grandissant j'aurai plus de choses à dire et ça deviendra moins cucul.

Our Degeneration : Tu prends beaucoup de recul par rapport à tes chansons. Quand on traduit tes paroles on se rend quand même compte qu'il y a bien pire et que cucul n'est pas le mot approprié. Après il est vrai que dans le style et dans les thèmes, tes chansons se ressemblent, c'est ce qui créé ton style sur scène et en studio finalement. Ce que je trouve assez énorme avec toi c'est que l'énergie intimiste que tu transmets sur scène, tu arrives à l'exprimer dans tes enregistrements ce qui n'est pas le cas de tous les jeunes groupes qui enregistrent. Quand on est jeune, le live est plus facile puisqu'il y a une réponse en face, en général tes potes sont dans la salle. Peu de gens ont la capacité de transmettre la même énergie dans leurs enregistrements. Il leur manque l'expérience du studio. C'est cette expérience que tu recherches en multipliant les projets ? Qu'est-ce que tu as prévu après la sortie de ton EP ?
Claire : J'aimerais bien, pendant les deux années lycée qui me reste, développer ma passion, faire des concerts, me faire connaître et le but c'est qu'à la fin, j'ai assez d'expérience pour me lancer en faisant un truc pas trop prenant à coté genre une fac d'anglais. Je sais bien que c'est pas facile et que je vais pas réussir comme ça d'un coup. Donc si je ne réussis pas à percer, la musique sera toujours là dans ma vie, mais je pourrai faire un autre métier.

Our Degeneration : Tu te vois où dans 5ans ?
Claire : Attends ça fait que j'aurais 20 ans... J'aimerais bien ne plus être à Lyon, je ne peux pas rester dans mon petit cocon. Donc Paris...ou pas. Et j'espère qu'à 20 ans, soit je serais lancée soit je serais dans des études d'anglais avec ma musique en option.

Our Degeneration : Et dans tes projets immédiats, qu'est ce que tu as prévu ? La fête de la musique par exemple ?
Claire : Je fais la fête de la musique à Bourg-en-Bresse, c'est un choix bizarre, tous mes copains m'ont dit « mais pourquoi tu vas faire la fête de la musique à Bourg-en-Bresse, c'est dans l'Ain ! » (rires). Je fais des concerts régulièrement dans Lyon et dans la banlieue, donc mes potes peuvent venir me voir quand ils le veulent. Comme la fête de la musique c'est un événements auquel beaucoup de gens assistent, je devais changer de ville... Je ne sais pas pourquoi mais je me suis inscrite à la fête de la musique là-bas. C'est bien, c'est pas loin de Lyon et en même temps ça change de département donc ça peut me faire connaître, je ne serai pas perdue là-bas je connais des gens. C'est la perspective de me faire connaître dans une autre ville qui me motive, si je veux percer il faut que je sorte de Lyon à un moment !

OD : La dernière chanson que tu as écoutée ?
Claire : City Lights Cry de armistice je ne peux pas m'en lasser, je l'ai écoutée en me réveillant.
OD : Le dernier album que tu as acheté ou téléchargé illégalement ?
Claire : L'EP de armistice et l'EP de Ornette (ndlr : EP qu'on vous recommande vivement!)
OD : Le dernier film que tu as vu ?
Claire : Euh...Sur la piste du Marsupilami... (rires)
OD : Le dernier livre que tu as lu ?
Claire : On ne badine pas avec l'amour (de Musset).
OD : Un souvenir de concert qui t'as particulièrement marquée ?
Claire : Luce parce que j'ai pu discuter avec elle après, elle ne se prenait pas la tête c'était super sympa !
OD : Un de tes concerts qui t'as plus marquée que les autres ?
Claire : Le premier au Citron, avant mes concerts étaient assez intimistes et là c'était plein. Tu étais là il me semble. C'est là que je me suis dit vraiment que c'est ce que je voulais faire.

Propos recueillis par Mathilde

17 mai 2012

Chanson de la semaine #16

Première chanson de la semaine commune avec le webzine LOST SONG.

Léon
Mon Pays Imaginaire
2012

Le chanteur des Welling Walrus (groupe electro/pop/rock/pailleté lyonnais) se lance en solo dans un registre plus proche de celui de groupes français comme Dionysos, Tryo ou Mr Roux que des influences des WW.
Mathieu Rothwiller (oui, c'est son ptit nom) créé ainsi l'univers des 4 P.
WTF?!
Psyché, Peter Pan, Pinocchio

Vous allez vite comprendre :
Mathilde


 LOST SONG : Pour notre premier Song of the Week commun avec le blog lyonnais Our Degeneration, quoi de mieux que de vous présenter un jeune artiste, justement lyonnais lui aussi ?

Voici donc le premier clip de LEON, un nouveau projet solo de Mathieu Rothwiller, que vous connaissez sûrement déjà comme chanteur des Welling Walrus. Retrouvez-le à présent dans cette aventure haute en couleur avec un premier clip non sans rappeler l'univers de notre enfance.
Découvrez tout l'univers de LEON sur sa page Facebook.

15 mai 2012

Chronique - Claire - EP


Spring
EP 4 titres
Claire

Sortie dans quelques jours!

Le printemps. Chaque année, c'est un peu la même chose, tout le monde l'attend. Il nous fait croire qu'il arrive, s'en va en coup de vent et revient, changé en été.

Le printemps (du latin primus, premier, et tempus, temps). Les premiers temps donc. Les premiers pas. Ceux de Claire, jeune chanteuse à la voix angélique. Forte de ses récentes expériences scéniques, elle se lance en studio et sort son printemps à elle.
C'est la petite fleur qui éclot, immaculée, toute fraîche. Une petite fleur candide. Vous la trouvez « cucul » avec ses chansons d'amours adolescentes? Et bien pas nous. Qui serions nous pour critiquer une jeune fille confiante qui a décidé de faire ce qu'elle aimait et d'en vivre?
Seule avec sa guitare, son violoncelle parfois et quelques discrètes percussions, elle diffuse à travers son EP de quatre titres, des mélodies, intactes de prétention, à la fois mélancoliques et pleines d'espoirs intactes. Si elle avoue ne pas avoir la maturité pour écrire des chansons engagées, elle en a en revanche assez pour assumer ses choix.
Son printemps à elle, c'est celui de l'aube, du réveil, de la naissance. Ce sont les premiers chants d'oiseaux qui procurent un calme apaisant. Tout cela, elle l'illumine de sa voix ingénue, sa jolie voie de cristal qui fait frissonner même les insensibles. Ses envolées, son vibrato, ses fêlures, sa justesse, sa capacité à transformer les consonnes en voyelles (et inversement): tout contribue à ajouter au charme folk-romantique qui se dégage de l'EP.
Trois compositions qui chantent l'amour, « les relations humaines » comme elle aime les appeler et une reprise de Cœur de pirate, chanteuse qui compte beaucoup pour Claire. Cette reprise, comme ses autres chansons, elle l'habite à son échelle de jeune fille qui se construit, qui commence à voir ou elle va et qui s'y rend en trottinant tranquillement.

Mathilde

Claire revient très bientôt sur Our Degeneration avec une interview et des vidéos acoustiques !
Keep in touch !

9 mai 2012

Fake Oddity - Frederic Bobin - Alex Beaupain -- Festival Changez d'air


Changez d'air


(Samedi 5 mai 2012
St Genis les Ollières)

La douzième édition du festival Changez d'air s'est tenue il y a maintenant une petite semaine à St Genis les Ollières (environ dix minutes à partir de Lyon). C'est à la soirée du samedi, qui accueillait Fake Oddity, Frederic Bobin et Alex Beaupain, que nous avons assisté.

"Changez d'air". C'est maintenant chose faite. Fini les salles de concert de la grande ville, ambiance pseudo-branchée. Bienvenue à St Genis les Ollières. Oui, on est loin du centre de l'agglomération et encore plus de la Jet Set parisienne et pourtant... Et pourtant, l'année prochaine on retournera avec plaisir s'immerger dans l'ambiance éclectique du festival. Un public varié dans une petite salle à l'acoustique irréprochable. Une programmation idéale d'artistes majoritairement français. Que demander de plus?
Rendez vous l'année prochaine.
Mais en attendant : Petit résumé du concert du samedi 5 mai.

C'est Fake Oddity qui commence la soirée. Groupe lyonnais, composé de quatre charmants jeunes hommes : Atmosphère Dandy au programme.
La pop folk de leur séduisant dernier album, French Beauté, diffusée dans la salle ne tarde pas à faire son petit effet. On se dandine tranquillement dans le public.
Musicalement commun et dans son temps, le groupe se démarque par sa bonne humeur et aussi par une bonne dose d’auto dérision. On pourrait les comparer aux Kooks, en plus joyeux et agréables sur scène. On reconnaît en revanche moins les influences principales qui ont construit le nom du groupe (à savoir Bowie et Radiohead), plus présentes sur leurs précédents albums. Mais on en découvre d'autres comme MGMT (sur des chansons comme Magnificent Tribe), ou encore U2 qui aurait quitté son Irlande natale pour le sud.
Le cocktail (1 voix hétéroclite + 2 guitares qui swinguent + 1 basse possédée + 1 batterie dansante) a rempli la salle de légèreté (tâche nécessaire en vue des thèmes des chansons des deux artistes qui ont suivi).

Frederic Bobin, accompagné de deux bons musiciens, prend la suite du concert. Un set reportage constitué de chansons engagées nous emmène tour à tour à côté d'une usine délocalisée, d'ouvriers oubliés ou de prostitués malmenées. Le chanteur nous livre sa réflexion sur la nature humaine et transforme les sujets du JT en chanson folk-rock française. Avec une ironie non dissimulée et des rimes improbables, il chante les stéréotypes de la société. On retiendra la guitare battante de Vieille Ouvrière et la chanson Étrange bipède.

Pour la fin de cette soirée déjà bien entamée, l'élégant Alex Beaupain surgit sur scène. Accompagné par un clavier et un violoncelle (que rejoindront plus tard une guitare et une batterie), il commence modestement par une chanson, comme il le dira plus tard, très enjouée (Juste ces mots). En vérité, c'est tout le contraire. Alex Beaupain, ce n'est ni du « zouk » ni de la pop optimiste. C'est plutôt l'art d'exprimer la mélancolie, l'amour, l'évasion, la douleur...Tout à la fois.
Chaque chanson est une plongée en apnée dans un univers aux sons planants (dont l'apogée fut la reprise du Pull Marine) et aux paroles obsédantes... Et chaque transition est une bouffée d'air, parce qu'il faut bien détendre un peu l'atmosphère:
Pour écrire de tels hymnes aux larmes, il faut donc une bonne dose d'humour, un ego en forme et un minimum de cynisme : allusions engagées (veille des élections oblige), railleries sur les musiciens (soit dit en passant accompagnateurs exemplaires) ou auto flatteries.
L'écriture est d'une finesse rare, tout n'est que subtilités et poésies. Même Au départ, chanson socialiste est pleine d'images lyriques. Pour ce qui est des arrangements, on pense immédiatement à des grands noms comme Bashung ou Etienne Daho. Mais rien n'est jamais pareil, les sons du piano ou de la basse sont tour à tour electros ou classiques et l'ensemble de l'album Pourquoi battait mon cœur fait battre le nôtre.
Il faudra attendre les premiers extraits de la BO des Chansons d'amour pour que les larmes coulent (Les yeux au ciel). J'avais découvert Alex Beaupain dans La Belle Personne de Christophe Honoré avec ses arrangements à bouleverser tous les petits cœurs de midinettes.
Cette découverte fut suivie de celles des autres films d'Honoré dont les bandes originales étaient aussi de Beaupain. Depuis, l'un n'est plus dissociable de l'autre. On ne peut imaginer les Chansons d'amour ou les Biens Aimés sans la plume de Beaupain...Et en concert, on ne peut entendre un air sans imaginer le film qu'en aurait fait Honoré. Ce lien ajouté à la nonchalance et à l'allure parisienne du chanteur créé le charme et a envoûté la salle jusqu'à un peu plus de minuit.
Mathilde 



 Les Fake Oddity ont bien évolué, et leur nouvel album, "French Beauté", plus folk et abouti que le précédent ("Run fast") témoigne d'une véritable mue sonore, dans les bons sens du terme.
La voix est originale et profonde, les instruments se répondent, s'assemblent, l'ambiance est dansante et maîtrisée."Magnificent Tribe" a des airs de Vampire Weekend, sorte de musique psyché, planante. L'excellente "Jacob's Staff", ponctuée de "Ha ha ha ha" déjantés, nous embarque dans une atmosphère country mâtinée de pop, on se retrouve presque propulsés dans un road-movie aveuglant. L'influence rock, très présente sur "Run fast" est délaissée, au profit d'une musique plus acoustique, plus spontanée, caractérisée par la présence inimitable des membres du groupe.


La voix est assurée, et le regard vif, perçant. Frédéric Bobin et ses deux musiciens livrent une musique sincère et juste, habitée par des images saisissantes et des personnages aux destins contemporains. Des paroles qui dépeignent de façon réaliste un monde en perpétuel mouvement. "Ce siècle avait deux ans" communique une détresse universelle, entre histoire d'amour révolue et pluie d'informations. L'ambiance n'est pas à la rigolade, certes, mais l'énergie du groupe dissipe les sentiments moroses.



Déjà, l'audace. La malice. Du début à la fin du concert, Alex Beaupain ne cessera de jouer avec le public, entre auto dérision, apartés politiques et une once de cynisme. Le tout d'un air pince-sans-rire et effronté. Car, ne l'oublions pas, le concert a lieu la veille du second tour de l'élection présidentielle. La campagne officielle est arrêtée, mais "ça ne nous empêche pas de chanter des chansons", et le groupe d'entamer "Au départ", l'histoire d'un socialisme brisé, en parallèle avec celle d'un couple. "Au départ au départ, un homme une rose à la main"... L'histoire aura prouvé que la rose est encore (un peu) d'actualité.  Revenons-en au fait. 
Impossible de ne pas associer les chansons d'Alex Beaupain à des scènes de film, même quand elles n'en font pas partie. La poésie qui s'en dégage et les images pleines de véracité qui en émergent esquissent un décor, un regard éclairé, un geste rapide, un ralenti. De la musique mélancolique, qui ne sombre pas pour autant dans le pathétique (du moins, pas toujours).
Sur "La beauté du geste", la voix, un rien susurrante, tellement mélodieuse, nous enchante littéralement. Le violoncelle, virtuose, nous donne la chair de poule. Et on voit Ismaël et Erwann évoluer sous nos yeux, comme dans "Les chansons d'amour". 
Alex Beaupain trouve qu'en France on ne parle pas assez de Marine le Pull, il décide alors de se lancer dans la reprise du "Pull marine", dans une version plus sombre, plus émouvante peut-être, que l'originale. 
Les musiciens, hors pair, accompagnent Alex Beaupain avec une aisance déconcertante. Un univers se crée, là, devant nous, le temps se fige, comme dans un rêve. La musique, puis les mots. Si bien assemblés, harmonie parfaite.
Personnage étonnant à la silhouette discrète et au visage presque timide, Alex Beaupain ne se contente pas de se pointer sur scène, de marmonner quelques mercis et de se tirer illico. Il improvise, interpelle et impressionne. Une autre façon de voir les choses, de façon plus humaine peut-être, en essayant de briser la glace... tout en gardant sa place.
En mélangeant les genres, et en passant de chansons à l'allure symphonique à d'autres, plus intimes et étoffées, Alex Beaupain a tout pour devenir un artiste incontournable de la chanson française, si il ne l'est pas déjà...

Léa

See you next year  ! 


J'ai lu (Printemps)


J'ai lu (Printemps) par Mathilde

*A éviter sauf sous la torture
** Mais encore?!
*** Pas mal
**** Carrément ouais!
***** Fantastique, sublimissime...


Les Mots de Jean Paul Sartre ***
L'enfance de Sartre. Sans son père, dans l'appartement de ses grands parents avec sa mère. La découverte de la lecture, l'odeur des livres et puis l'écriture. Sartre retrouve son personnage d'enfant et livre par son intermédiaire une réflexion sur l'influence des événements arrivés à un enfant sur l'adulte. Le jeune Sartre est surprotégé et persuadé que le monde tourne autour de lui. A travers cet enfant c'est chacun de nous que Sartre peint.


Les Caractères de La Bruyère **
A part si on est féru de classicisme ou juste suicidaire, je ne vois sincèrement pas comment on peut tenir la lecture de ces 600pages. Le livre est constitué d'une petite partie composée d'anecdotes toujours d'actualité dans lesquelles on peut éventuellement se reconnaître et d'une énorme partie de répétitions, de caractères ennuyeux dans un style dépassé. L'étude est certes plus intéressante que la lecture mais le tout reste profondément soporifique.

Truisme de Marie Darrieussecq ***
Après Clèves (voir J'ai lu AutomneHiver) et son histoire sexuelo-morbide voici l'histoire sexuelo-métamorphose-glauque d'une esthéticienne/prostitué dans une société totalitaire et corrompue, qui se transforme en Truie. Rien de plus fou, et pourtant...On y croit. Les description sont réalistes (à croire que l'auteure a été Truie dans une autre vie) et le message assez perturbant.
Vallons-nous mieux que les porcs?



Une année studieuse de Anne Wiazemsky ****
Petite fille de François Mauriac, descendante d'une famille princière russe, Anne Wiazemsky raconte sa propre histoire dans Une Année Studieuse. Sa rencontre avec Jean Luc Godart, leur histoire d'amour, les films qu'ils tourneront ensemble, ses études à Nanterre. Tout y est. Racontée très simplement, l'histoire s'éloigne du format tabloïd et transforme des personnages célèbres en héros de roman, intimes du lecteur.

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de pommes de terre /The guernsey literary potatoe peel pie society de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows ***
Roman épistolaire sur la période post seconde guerre mondiale, The Guernsey...etc (oui le titre est long...) met en scène des personnages atypiques. Une écrivain fofolle, les habitants farfelus d'une petite île d'Angleterre, des éditeurs cyniques...
L'auteure traite un sujet difficile en y mettant assez d'humour pour accrocher le lecteur. Les lettres s’enchaînent et donnent au roman un aspect vivant et énergique.



Les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos *****
« On s'ennuie de tout, mon ange, c'est une loi de la nature ; ce n'est pas ma faute. »
Des lettres encore. 18ème siècle, siècle des Lumières...Et du libertinage. Manipulations, bagatelles (sexe), couvent, amour et folie. 
Les personnages sont fascinants et hallucinants de réalisme. Transposé dans notre époque l'histoire ferait débat. C'est le temps qui nous sépare de ce siècle qui transforme le livre en miroir. Il permet ainsi de réfléchir : Au fond ne sommes nous pas tous des Valmont, des Merteuil, des Tourvel, des Danceny ou des Volange?

8 mai 2012

Jack White - Blunderbuss


2012



On l'attendait depuis trop longtemps. Le projet solo de Jack White. Après les White Stripes, les Raconteurs, les Dead Weather et autres nombreuses collaborations le voilà enfin. Mélange de toutes ses expériences précédentes, quintessence de la quintessence (non, non, on ne s'emballe pas).
Vous aussi vous en avez marre des voix modifiées, des tubes commerciaux...Et bien vous allez être servis ! Blunderbuss c'est un peu l'authenticité en musique. Le retour aux sources primaires : le blues, la country (genre Lucky Luke), le rock. C'est de la saturation sonore agréable.
Album de rupture (mais si vous savez! avec sa mannequin de femme Karen Elson...à l'époque il avait produit son premier album The Ghost Who Walks, litanie vampiresque aux accents gothiques) qui fait plus excès de fureur que de tristesse ou de nostalgie.
Rock acéré, colérique. C'est le bordel organisé de Jack White. Le son qu'on aime. D'autres diront qu'il va vers de nouveaux univers, plus de piano, plus de ci, plus de ça. Stop aux fioritures. Ça reste du Jack White. Même les ballades sont amères, la guitare criante et la voix...La voix, un truc à vous remuez les entrailles, à faire palpiter le sang plus vite dans les veines. C'est la jubilation. (Non, non, ceci n'est pas excessif...)
Rappelez vous Another Way to die, BO du dernier James Bond. Alicia Keys et Jack White. Et bien Blunderbuss lui ressemble, en moins commercial et plus étoffé, surtout la superbe Weep Themselves to Sleep, marche harmonique vers l'apocalypse, le paroxysme et le reste.
On danse sur I'm shakin' (avec les chœurs de son groupe entièrement féminin) plus proche cette fois ci des White Stripes (comme le début de l'album avec les singles Missing Pieces, Sixteen Saltines ou Freedom at 21).
Les demis ballades Love Interruption, On and on and on et Blunderbuss mais surtout Hip (Eponymous) Poor Boy sont de véritables perles à vous redonner le sourire en deux minutes.
Trash Tongue Talker, marquée par l’influence des Stones (à quand le projet commun?) atteint presque le niveau du groupe universellement connu.
Vous l'aurez compris, on aime Jack White, mais pas seulement pour sa musique. On l'aime surtout pour le concept. Le groupe entièrement féminin ou entièrement masculin selon son humeur, sa maison de disque, son magasin de vinyles à Nashville, sa setlist aléatoire, son humanité et sa modestie...Rien que ça !
Mathilde

4 mai 2012

Chanson de la semaine #15


Happy Pills
Norah Jones
Little Broken Heart
2012, 30/04


Elle est revenue avant hier, la jolie New Yorkaise, avec un album tout-beau-tout-frais. Little Broken Heart. Elle et son petit cœur cassé ont décidé de passer à autre chose.
Happy Pills? Une chanson de rupture. Une chanson qui parle liberté et petits cachets magiques.
On la savait habituée aux collaborations dans d'autres styles que le sien et c'est sans surprise qu'on la voit s'éloigner (un peu mais pas trop) de son univers premier, le jazz, pour aller vers des sons plus modernes, plus pop. Oui c'est ça, de la Pop langoureuse, avec des arrangements aux accents jazzy, une voix qui s'envole et un clip vintage à souhait.
Une ode à la légèreté.
Mathilde

La chanson ne paie pas de mine à la première écoute mais une énergie apaisante s'en dégage. Norah Jones avance, frondeuse, et si la mélodie se caractérise plutôt par une douceur et une légèreté presque enfantine, le sujet n'en demeure pas moins sérieux : "I'm going to get you out of my head". Puis la fin, brutale : "Get out". Fin de l'histoire. Le clip, plutôt sophistiqué, reproduit fidèlement les émotions émanant des paroles. Seul regret peut-être : les images parfois trop lisses ou ordinaires. 
Léa