9 mai 2012

Fake Oddity - Frederic Bobin - Alex Beaupain -- Festival Changez d'air


Changez d'air


(Samedi 5 mai 2012
St Genis les Ollières)

La douzième édition du festival Changez d'air s'est tenue il y a maintenant une petite semaine à St Genis les Ollières (environ dix minutes à partir de Lyon). C'est à la soirée du samedi, qui accueillait Fake Oddity, Frederic Bobin et Alex Beaupain, que nous avons assisté.

"Changez d'air". C'est maintenant chose faite. Fini les salles de concert de la grande ville, ambiance pseudo-branchée. Bienvenue à St Genis les Ollières. Oui, on est loin du centre de l'agglomération et encore plus de la Jet Set parisienne et pourtant... Et pourtant, l'année prochaine on retournera avec plaisir s'immerger dans l'ambiance éclectique du festival. Un public varié dans une petite salle à l'acoustique irréprochable. Une programmation idéale d'artistes majoritairement français. Que demander de plus?
Rendez vous l'année prochaine.
Mais en attendant : Petit résumé du concert du samedi 5 mai.

C'est Fake Oddity qui commence la soirée. Groupe lyonnais, composé de quatre charmants jeunes hommes : Atmosphère Dandy au programme.
La pop folk de leur séduisant dernier album, French Beauté, diffusée dans la salle ne tarde pas à faire son petit effet. On se dandine tranquillement dans le public.
Musicalement commun et dans son temps, le groupe se démarque par sa bonne humeur et aussi par une bonne dose d’auto dérision. On pourrait les comparer aux Kooks, en plus joyeux et agréables sur scène. On reconnaît en revanche moins les influences principales qui ont construit le nom du groupe (à savoir Bowie et Radiohead), plus présentes sur leurs précédents albums. Mais on en découvre d'autres comme MGMT (sur des chansons comme Magnificent Tribe), ou encore U2 qui aurait quitté son Irlande natale pour le sud.
Le cocktail (1 voix hétéroclite + 2 guitares qui swinguent + 1 basse possédée + 1 batterie dansante) a rempli la salle de légèreté (tâche nécessaire en vue des thèmes des chansons des deux artistes qui ont suivi).

Frederic Bobin, accompagné de deux bons musiciens, prend la suite du concert. Un set reportage constitué de chansons engagées nous emmène tour à tour à côté d'une usine délocalisée, d'ouvriers oubliés ou de prostitués malmenées. Le chanteur nous livre sa réflexion sur la nature humaine et transforme les sujets du JT en chanson folk-rock française. Avec une ironie non dissimulée et des rimes improbables, il chante les stéréotypes de la société. On retiendra la guitare battante de Vieille Ouvrière et la chanson Étrange bipède.

Pour la fin de cette soirée déjà bien entamée, l'élégant Alex Beaupain surgit sur scène. Accompagné par un clavier et un violoncelle (que rejoindront plus tard une guitare et une batterie), il commence modestement par une chanson, comme il le dira plus tard, très enjouée (Juste ces mots). En vérité, c'est tout le contraire. Alex Beaupain, ce n'est ni du « zouk » ni de la pop optimiste. C'est plutôt l'art d'exprimer la mélancolie, l'amour, l'évasion, la douleur...Tout à la fois.
Chaque chanson est une plongée en apnée dans un univers aux sons planants (dont l'apogée fut la reprise du Pull Marine) et aux paroles obsédantes... Et chaque transition est une bouffée d'air, parce qu'il faut bien détendre un peu l'atmosphère:
Pour écrire de tels hymnes aux larmes, il faut donc une bonne dose d'humour, un ego en forme et un minimum de cynisme : allusions engagées (veille des élections oblige), railleries sur les musiciens (soit dit en passant accompagnateurs exemplaires) ou auto flatteries.
L'écriture est d'une finesse rare, tout n'est que subtilités et poésies. Même Au départ, chanson socialiste est pleine d'images lyriques. Pour ce qui est des arrangements, on pense immédiatement à des grands noms comme Bashung ou Etienne Daho. Mais rien n'est jamais pareil, les sons du piano ou de la basse sont tour à tour electros ou classiques et l'ensemble de l'album Pourquoi battait mon cœur fait battre le nôtre.
Il faudra attendre les premiers extraits de la BO des Chansons d'amour pour que les larmes coulent (Les yeux au ciel). J'avais découvert Alex Beaupain dans La Belle Personne de Christophe Honoré avec ses arrangements à bouleverser tous les petits cœurs de midinettes.
Cette découverte fut suivie de celles des autres films d'Honoré dont les bandes originales étaient aussi de Beaupain. Depuis, l'un n'est plus dissociable de l'autre. On ne peut imaginer les Chansons d'amour ou les Biens Aimés sans la plume de Beaupain...Et en concert, on ne peut entendre un air sans imaginer le film qu'en aurait fait Honoré. Ce lien ajouté à la nonchalance et à l'allure parisienne du chanteur créé le charme et a envoûté la salle jusqu'à un peu plus de minuit.
Mathilde 



 Les Fake Oddity ont bien évolué, et leur nouvel album, "French Beauté", plus folk et abouti que le précédent ("Run fast") témoigne d'une véritable mue sonore, dans les bons sens du terme.
La voix est originale et profonde, les instruments se répondent, s'assemblent, l'ambiance est dansante et maîtrisée."Magnificent Tribe" a des airs de Vampire Weekend, sorte de musique psyché, planante. L'excellente "Jacob's Staff", ponctuée de "Ha ha ha ha" déjantés, nous embarque dans une atmosphère country mâtinée de pop, on se retrouve presque propulsés dans un road-movie aveuglant. L'influence rock, très présente sur "Run fast" est délaissée, au profit d'une musique plus acoustique, plus spontanée, caractérisée par la présence inimitable des membres du groupe.


La voix est assurée, et le regard vif, perçant. Frédéric Bobin et ses deux musiciens livrent une musique sincère et juste, habitée par des images saisissantes et des personnages aux destins contemporains. Des paroles qui dépeignent de façon réaliste un monde en perpétuel mouvement. "Ce siècle avait deux ans" communique une détresse universelle, entre histoire d'amour révolue et pluie d'informations. L'ambiance n'est pas à la rigolade, certes, mais l'énergie du groupe dissipe les sentiments moroses.



Déjà, l'audace. La malice. Du début à la fin du concert, Alex Beaupain ne cessera de jouer avec le public, entre auto dérision, apartés politiques et une once de cynisme. Le tout d'un air pince-sans-rire et effronté. Car, ne l'oublions pas, le concert a lieu la veille du second tour de l'élection présidentielle. La campagne officielle est arrêtée, mais "ça ne nous empêche pas de chanter des chansons", et le groupe d'entamer "Au départ", l'histoire d'un socialisme brisé, en parallèle avec celle d'un couple. "Au départ au départ, un homme une rose à la main"... L'histoire aura prouvé que la rose est encore (un peu) d'actualité.  Revenons-en au fait. 
Impossible de ne pas associer les chansons d'Alex Beaupain à des scènes de film, même quand elles n'en font pas partie. La poésie qui s'en dégage et les images pleines de véracité qui en émergent esquissent un décor, un regard éclairé, un geste rapide, un ralenti. De la musique mélancolique, qui ne sombre pas pour autant dans le pathétique (du moins, pas toujours).
Sur "La beauté du geste", la voix, un rien susurrante, tellement mélodieuse, nous enchante littéralement. Le violoncelle, virtuose, nous donne la chair de poule. Et on voit Ismaël et Erwann évoluer sous nos yeux, comme dans "Les chansons d'amour". 
Alex Beaupain trouve qu'en France on ne parle pas assez de Marine le Pull, il décide alors de se lancer dans la reprise du "Pull marine", dans une version plus sombre, plus émouvante peut-être, que l'originale. 
Les musiciens, hors pair, accompagnent Alex Beaupain avec une aisance déconcertante. Un univers se crée, là, devant nous, le temps se fige, comme dans un rêve. La musique, puis les mots. Si bien assemblés, harmonie parfaite.
Personnage étonnant à la silhouette discrète et au visage presque timide, Alex Beaupain ne se contente pas de se pointer sur scène, de marmonner quelques mercis et de se tirer illico. Il improvise, interpelle et impressionne. Une autre façon de voir les choses, de façon plus humaine peut-être, en essayant de briser la glace... tout en gardant sa place.
En mélangeant les genres, et en passant de chansons à l'allure symphonique à d'autres, plus intimes et étoffées, Alex Beaupain a tout pour devenir un artiste incontournable de la chanson française, si il ne l'est pas déjà...

Léa

See you next year  ! 


1 commentaire:

  1. You has a great blog. I'm very interesting to stopping here and leaves you a comment. Good work.

    Lets keep writing and share your information to us.

    Nb: Dont forget to leave your comment back for us.

    RépondreSupprimer