5 mai 2013

Ladybug and the Wolf - Interview


Il en faut peu pour faire de la folk. Ladybug and the Wolf sont deux et l'intensité n'en est pas pour autant diminuée. La formule semble être la bonne. Tout comme pour The Do, Cocoon, Princess Chelsea ou encore The Moldy Peaches, les voix s'entremêlent subtilement et sculptent une mélodie aux formes délicates. « On est que deux sur scène...et pour tout en fait ! On est dans une bulle ensemble. Il y a des trucs chimiques qui passent, on ne se regarde pas souvent,il n'y a pas besoin ! ».
Sur scène, la configuration est atypique : un décor forestier, une robe noire et des cils excentriques pour la coccinelle.
« Notre nom nous représente, nos personnalités sont assez identifiables à ces deux animaux. Ça rappelle les grands espaces, la forêt, les plaines, la montagne. On aime pas être enfermés, c'est notre habitat naturel. ».

Un portique de feuilles auquel sont pendus différents instruments dessine une auréole autour de Paloma (chant, guitare, piano, percussions...xylophone) et la lumière plonge la « fosse » de la Marquise dans une ambiance feutrée. Le loup (Kevin : guitare, chant, piano, harmonica) veille sur elle avec sa voix surprenante dans les graves et remarquable lorsqu'elle s'envole.
Le public est assis, attentif.

La Marquise, 13 avril 2013 - Ladybug and the Wolf
Crédit Photo : Hervé Aubert
C'était le 13 avril, l'EP To Raise a Miniature Garden sortait le 15.
Cet EP justement, parlons en ! De la folk, parfois pop, jamais seulement trois accords plaqués au hasard. On applaudit les contre chants originaux, les voix qui donnent envie de regarder dans le vide et de partir loin...en les emmenant avec nous évidemment !
« On fait de la folk indépendante, la comparaison avec Cocoon ça va, celle que tu fais avec The Do : très bien, The Moldy Peaches, encore mieux ! Mais avec d'autres groupes qui ont juste une guitare et qui font de la « folk »... il y en a tellement. Nous le but c'est de travailler un peu plus la musique, faire des trucs plus underground pas seulement un enchaînement d'accords majeurs. »
La Marquise c'est plutôt underground non (rires) ?
« Non la Marquise c'est underwater (rires) !On aime être proches des gens, voir leurs visages, c'était aussi le cas à l'Isle d'Abeau, ils étaient assis, posés dans leur fauteuil, on se dit qu'on les berce, qu'on les calme. Après des salles comme le Fil (St Étienne) dans lesquelles on a l'habitude d'aller en tant que public...c'est génial, on se sent en confiance et pourtant c'était la finale d'un tremplin : c'était aussi la première fois qu'on avait un beau son, il y avait beaucoup de monde, on se sentait poussés ! A l'estrade aussi c'était super chouette, c'est un petit théâtre, il y a des balcons, c'est très poétique, on a même refusé du monde !»
Poétique...C'est justement le mot qui qualifie le mieux l'univers du duo et de To Raise a Miniature Garden. Le piano d'And we die peut en témoigner. Les envolées lyriques sont touchantes, en équilibre sur un fil à la limite de se casser. Mais les deux piliers auxquels il est accroché sont bien trop solides. The Valley qui ouvre l'EP est assez sombre et pourtant la chanson dégage un certain optimisme. Son clip, diffusé lors du concert de lancement de l'EP est très coloré mais un clown au sourire noir et blanc apporte la touche d'obscurité qui règne dans le morceau.



« Les histoires qu'on raconte dans l'EP sont très différentes, elles parlent beaucoup des rapports humains, les mauvais côtés des gens. The Valley parle de tout ce qu'on peut faire dans la vie, autant des erreurs que des belles choses, ça parle d'une vallée avec une maison abandonnée dans laquelle il n'y a pas de fenêtres, pour ne pas qu'on puisse voir le ciel qui est fâché à cause des erreurs qu'on a commises. Les chansons sont inspirées de ce qu'on vit, de ce que je vois [Paloma]. Des fois j'entends une histoire et même si je ne l'ai pas vécue, j'ai envie de chanter dessus. »
Le résultat est étonnant, l'univers est assez décalé, très onirique. On a l'impression d'être dans un dessin animé dont les personnages ont grandi. Et pourtant le final de l'EP, Under My Chair ne cesse de répéter « We are children ». On pense immédiatement à The Do avec leur chanson Playground Hustle « We are not crazy ! We're not afraid of you grown-ups ! We'll go ask the queen of this kingdom if you won't let us play with screws and hammers ». Un dessin animé dont les personnages ne veulent pas grandir ? Dans la vidéo, le duo reste impassible face à un monde tout en action, parfois enfantin, parfois effrayant, qui les met dans une boîte, dans un carton pour être plus précis. Des images à la fois attendrissantes et désarmantes.
Les Noces Funèbres, Tim Burton
« Je suis fan de Tim Burton, donc tout ce qui est onirique...[Kevin]
-Moi de David Lynch pour le côté plus sombre. On aime aussi les couleurs, dans notre clip, il y a beaucoup de couleurs, ça me fait penser à des films acidulés comme Across the Universe.  [Paloma] »
Le cocktail - acide + folk - est original et fonctionne en live comme sur un canapé. Cependant des chansons comme Moods (un de mes coups de cœur dans sa version démo mais aussi sur l'EP) à la fois calme et pleine de rebondissements et de belles résonances sur les refrains est moins mise en valeur sur scène.
C'est tout le contraire pour Messy Girl (mon autre coup de cœur ; elle précède Moods sur l'EP, l'enchaînement des deux est définitivement réussi) qui est galvanisée par le « tambour » qui résonne dans la Marquise et donne une dimension chamanique exaltante au concert, transformant ainsi la coccinelle en une petite fée aux incantations enchanteresses. Cela nous fait presque regretter l'absence de percussions plus entraînantes sur certains morceaux.

La complémentarité des deux voix est marquante, revenons donc un peu sur la genèse de Ladybug and the Wolf et son « osmose » :
« On s'est rencontrés à St Étienne : on cherchait des musiciens pour compléter nos projets personnels respectifs, donc chacun dans notre groupe... et plutôt que de faire le groupe qu'on avait prévu de faire à la base, on a décidé de faire un nouveau projet. Moi j'étais en solo et Paloma était avec un guitariste, elle en cherchait un autre. Donc en gros...chacun cherchait quelqu'un. En se rencontrant on s'est rendu compte qu'on avait un univers commun donc on a laissé tomber tout le reste.
-Moi j'ai quitté mon guitariste et toi, tu as quitté...toi même »
Ladybug - Paloma
Crédit photo : Hervé Aubert
Leur univers commun était constitué d'une multitude d'influences très différentes allant du jazz à l'electro en passant évidemment par la folk (expérimentale ou ancestrale) :
Kevin : Sigur Ros...
Paloma : Electric Guest...
Kevin : Damien Saez...
Paloma : Devendra Banhart, bon ok, c'est pas très electro, c'est folk electro expérimentale...
Kevin : M83... Et...Bob Dylan, très important Bob Dylan !
Ce serait idéal de faire la première partie de...
Kevin : Radiohead
Paloma : Ah ! Pas moi ! C'est bon à voir, mais je ne me sentirais pas de jouer en première partie de Radiohead, je dirais... Six Organs of Admittance ou Vetiver, ce sont des groupes de folk expérimentaux, c'est très nature. Sinon Lady gaga évidemment... (rires) !
Kevin : Ray Lamontagne sinon...
Paloma : Ah ouais !!! On se met d'accord la dessus, Ray Lamontagne !

Dans la scène lyonnaise, Ladybug and the Wolf ont choisi pour leur première partie deux groupes de choix et on les en remercie : Nazca (juste bluffant sur scène, grosse claque, on espère les revoir très vite sur Our Degeneration) et Joris (vraiment très sympa, deux excellents guitaristes pour un très bon set!).
« On les aime beaucoup [Nazca]. J'adore leurs costumes. Joris aussi c'est génial ! Récemment dans la scène locale, j'ai aussi aimé Tachka [ndlr en concert le 23mai au festival qu'on adore :Changez d'air], Charlie and the soap opera...et puis à une autre échelle : Woodkid [chronique de son dernier album à retrouver ici]! »

Ladybug and the Wolf entend bien défendre son EP un peu partout et s'insérer par la même occasion dans la belle dynamique musicale qui anime la région ! Où est ce qu'ils seront dans 2mois, un an, 5ans...Dix ans ?
« Au zénith...complètement (rires) !!! Non, mieux, dans un sous-marin pour un concert sous l'eau ! [Paloma]
-Sinon cet été on va aire des festivals Nigériens. »
WHAT???!!!
« Oui, le Ligérien, c'est la région de St Étienne, ça veut dire « de la Loire », donc ça c'est à court terme. Après à long terme, idéalement à la fin de l'année : un album et aussi le Radiant à Caluire, dans l'idéal des premières parties d'artistes renommés... ce serait vraiment le pied ! »
The Wolf - Kevin
Crédit photo : Hervé Aubert
Sinon concrètement, ils seront en 1ère partie d'Alela Diane, le 10 Juillet à l'occasion du Festival des 7 collines à St Étienne !

Question post-concert à la Marquise : Comment avez vous vécu ce live ?
« On s'est sentis très à l'aise, bien accueillis par le public qui était réceptif à notre univers. Le fait d'avoir été précédés par des artistes talentueux nous a mis tout de suite dedans ! En sortie de scène nous étions satisfaits et le public n'a pas hésité à venir nous solliciter, échanger, ce qu'on adore ! »





Les questions traditionnelles Our Degeneration

La dernière chanson que vous avez écoutée ?
Kevin : Paolo Nutini, le dernier album.

Le dernier album que vous avez acheté ou téléchargé (illégalement ou pas) ?
Paloma : Devendra Banhart, on me l'a offert ça compte ?
Kevin : Damien Saez, pas le dernier, le triple !

Le dernier film que vous avez vu ?
Paloma : Love Actually [de Richard Curtis]...mais c'était nul alors BlancaNieves [de Pablo Berger], il est génial !
Kevin: Harry Potter et les Reliques de la Mort 1ere partie [de David Yates] et au cinéma... A la merveille [de Terrence Malick].
Paloma : Les 20 premières minutes sont incroyables, le reste c'est toujours la même chose : c'est des clichés d'images : la fille avec sa robe de voile dans les champs de blé avec le soleil derrière...

Le dernier livre que vous avez lu ?
Kevin : L'autobiographie de Johnny Cash, magnifique !
Paloma : Un livre écrit par le roi de Jordanie sur le conflit israélo-palestinien vu que je pars bientôt en Jordanie.

Votre meilleur souvenir de concert quand vous étiez dans le public ?
Kevin : On était allés voir Jil is lucky au Marché Gare...et il y avait Julien Pras en première partie, pfffiou ! Nom de dieu !
Paloma : C'était bouleversant du début à la fin, limite on avait envie de se casser après la première partie...
Kevin : On a pas dit un mot, du début à la fin !

Des choses à ajouter ?
Paloma et Kevin : Camembert !

Toutes les infos pour se procurer leur EP sur leur page facebook : https://www.facebook.com/ladybugandthewolf?fref=ts

Mathilde

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