4 août 2012

Laurence Anyways - Xavier Dolan



Comment exprimer cette sensation de plénitude qui fait qu'on ressort des étoiles dans les yeux après 2h40 d'explosions d'images ?
Laurence Anyways exsude la liberté autant dans la mise en scène que dans l'histoire de Laurence, homme qui veut être femme, et de tous les personnages qui l'accompagnent dans sa métamorphose.
Le film est un spectacle complet : la musique (toujours aussi éclectique que dans les films précédents) accompagne les scènes les plus théâtrales. A se demander même si par moment, le film n'est pas un clip vidéo, concentré d'images cinématographiquement incorrectes.
L’esthétisme est travaillé à la perfection, les plans au ralentis sont toujours aussi spectaculaires.
Le spectateur est subjugué par l'univers vintage/kitsch poussé à l'excès (rencontre avec les vieilles chanteuses) mais aussi par les couleurs qui illuminent tous les détails du film.

Laurence, professeur de littérature en fac, trente ans, essaye de vivre mieux que les autres avec sa compagne, Fred en contestant les codes de la société. Jusqu'au jour où il décide de suivre son instinct et de devenir femme. Il bouleverse alors son couple, sa mère, son travail ; sa vie, et devient celle qu'il devait être. Métamorphosé en trans' façon Almodovar, Laurence reste Laurence : Laurence Anyways.
C'est la conquête de son nouveau « elle » et la reconquête de Fred qui commence.
Plus que le transsexualisme, l'amour et ses difficultés est le centre du film.
Les acteurs sont formidables, Melvil Poupaud...est très belle, Suzanne Clément est électrique dans son désespoir, Monia Chokri hilarante dans son rôle de lesbienne punk qui essaye d'avoir le monopole de la folie et Nathalie Baye très convaincante dans son rôle de mère.

Mathilde


Après J’ai tué ma mère et Les amours imaginaires, Xavier Dolan frappe encore. En plein cœur. On retrouve tout ce qui fait la singularité du jeune cinéaste : ralentis, gros plans insignifiants, musique électrisante, costumes somptueux. Cette fois-ci, on est subjugués. Les yeux rivés sur l’écran. Comme dans ses films précédents, la musique est indissociable des images. Ici, s’enchevêtrent Beethoven et Vivaldi, Depeche Mode et The Cure, Fever Ray, Duran Duran… La limite entre clip et film se brouille alors, et de micro-scènes semblent s’insérer dans l’intrigue principale. Dolan a su mêler adroitement images et réflexion, instaurant un équilibre rassurant, le parti pris esthétique n’obscurcissant aucunement la trame. Melvil Poupaud est fascinant et se fond dans son rôle avec une aisance déconcertante. Avec Fred, interprétée par Suzanne Clément, déjà remarquable dans le rôle d’une prof de français dans J’ai tué ma mère, Laurence forme un couple tranchant, spontané. Les rires fusent, l’énergie déborde, il y a dix ans. Puis les regards. Des autres. Laurence décide de devenir une femme et sa transformation sera suivie de près par son entourage. Sa femme, sa mère. Ses collègues, ses élèves. Sa traversée du lycée et sa silhouette glissant sur le sol ; les regards méprisants-étonnés-moqueurs qui se posent sur sa nuque. Rien n’est laissé au hasard, le moindre bruissement, le moindre froissement d’étoffe apparaît comme savamment étudié, mis en scène, parfois jusqu'à outrance.
Laurence évolue, se métamorphose, l'amour aussi. Long, le film n'en demeure pas moins captivant, tant les dialogues sont tranchants et les acteurs époustouflants.
Xavier Dolan confirme, une fois de plus, son talent. De quoi son prochain long-métrage aura-t-il l’air ? Renouvellera-t-il les thèmes qui lui sont chers ? Car Laurence Anyways semble clore un cycle, et être à l’aube d’un nouveau départ, d’une mutation.

Léa

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