24 mars 2012

Le Sari Vert - Ananda Devi

Dans le cadre des Assises Internationales du Roman (AIR) 2012, la classe de 1ère L2 du Lycée St Exupéry travaille sur Ananda Devi, auteure Mauricienne qui sera présente à une table ronde aux Subsistances.



Nous avons lu le Sari Vert d'Ananda Devi. En voici quelques critiques, rédigées par les élèves de la classe (dont je fais partie), ainsi qu'une biographie de l'auteure.
Consigne : Critique 1300 caractères, biographie 700 caractères.

Les critiques seront publiées sur cet article au fur et à mesure des envois (ceci est un message subliminal destiné à ceux qui n'ont pas encore envoyé leur critique sur mon mail).

Un sondage qui décidera de la critique qui sera publiée dans Lyon Plus est disponible dans la colonne droite du blog. 

Si vous souhaitez le mélange de plusieurs critiques, merci de le publier en commentaire de cet article. Tout autre commentaire (sur les critiques, la photo, la biographie...ou même votre propre critique) est évidemment le bienvenu.

Biographie : 
Ananda Devi, auteur mauricienne née en 1957 publie romans, recueils et nouvelles depuis ses 19ans. Anthropologue passionnée de littérature, c'est tout naturellement qu'elle sonde et parcourt sans aucune gêne les caractères extrêmes des personnages de ses romans. Qu'ils soient hommes ou femmes, jeunes ou vieux, bons ou mauvais, elle les rend unique. Elle communique au lecteur souffrance et chocs dans un style mis à nu, mordant mais poétique. L'île Maurice qu'elle décrit, cœur ou décor de ses romans, est loin de l'image idyllique des cartes postales.
Elle compte désormais parmi les écrivains les plus productifs de sa région. Elle a notamment obtenu le prix des cinq continents de la francophonie.


Mathilde (Our Degeneration)


Critique de Claire F (1185 signes) :

Une fin attendue, des regards noirs de haine, lourds de reproches et une atmosphère morbide. Ainsi ce déroule les derniers jours du Docktor, veillé par Kitty sa fille et Malika sa petite fille. Au fur et à mesure des provocations, des manipulations, et des bribes de souvenirs troubles qui resurgissent, un déferlement de haine s'abat sur cette famille fraichement recomposée. Lorsque le dégout des vivants atteint son comble pour l'homme en décomposition, il se fait tourmenter par les morts et leur regard pâle, dénué de parole. Le Docktor ne craint rien, ni de battre sa femme, ni de voler l' enfance de sa fille, ni de se faire infester par les fourmis... Non, ce que le Docktor craint c'est le regard vide et muet de sa femme greffé dans les yeux de sa fille, le jugeant , lui privé de toute pudeur. Ainsi l'homme toujours respecté désormais nu et dépouillé, ne pouvant plus dissimuler ses horreurs et pensées exécrables qui lui paraissent si naturelles; ne pouvant même plus s'échapper de son pathétique lit de mort maculé de taches. Ce livre soulève de lourds problèmes de fond comme la violence faite aux femmes et l'homophobie, mais cette fois à travers les yeux du bourreau.

Critique d'Astrid M (1316 signes) : 


Dans la maison de sa fille Kitty, à l'île Maurice, le docteur va mourir. L'âge et la maladie ont fait de son corps une prison en décomposition pour son esprit aiguisé : « Le cancer n’a toujours pas eu raison de ta méchanceté » constate sa petite fille Malika. Ses réflexions révèlent un monstre de cruauté, pétrit d'un humour grinçant. Le «Dokter-Dieu», ancien médecin estimé, qui avoue être seulement capable de maintenir, pour un temps indéfini, ses patients tout au bord du gouffre. Cet homme qui semble concentrer tous les traits les plus repoussant de la condition masculine approche de si près la réalité qu'il ne peut paraître invraisemblable. Son monologue intérieur est une apologie de soi qui fait entrevoir cependant ses failles personnelles. Entre lui, sa fille et sa petite fille nait une véritable lutte à l'image de la violence de leurs relations. Dans la petite chambre, chacun ses armes à la main, se dévoile dans un ballet de reproches, d'insultes, de manipulation et de haine mélée d'amour. Et, sur ce huis-clos glaçant, règne la figure mystérieuse de la mère, morte très jeune. Le sari vert, servit par un style fin et efficace illustre les violences faites aux femmes, aux enfants mais aussi la violence d'un système patriarcal et d'une île Maurice très différente de celle des cartes postales.

Critique d'Alice J (1195 signes) :

Un vieux médecin, le  « Dokteur-Dieu » retourne, à l’agonie chez Kitty, sa fille. En sa compagnie et celle de sa petite-fille, cet home antipathique et affreusement dérangeant revient sur son existence. Le lecteur découvre alors son parcours, sa personnalité complexe et détestable. Au milieu de ses nombreux reproches adressés aux deux femmes qui l’entourent, un terrible secret est sur le point d’éclater : les véritables circonstances de sa femme.
Comment rester de marbre devant cet être infect et perturbant ? Ce roman crée un contraste déroutant entre la beauté, la précision de l’écriture et l’atrocité du personnage ? Cet homme exécrable arrive tout de même à partager le lecteur. Il se justifie, excuse son comportement avec arguments et conviction. Il émet peu de regrets et réussit presque à persuader le lecteur que ses actes sont normaux et légitimes…jusqu'à ce que les femmes prennent la parole ou le torturent mentalement. Ces femmes ont subi la monstruosité de cet homme, mais parviennent pourtant difficilement à éveiller la compassion du lecteur, déstabilisé par leurs paroles crues et acérées. Une grande violence morale et physique ressort de ce roman poignant et dérangeant.

 
Critique d'Agathe B (1295 signes) : 

Alors qu'il vit ses derniers jours, rongé par la maladie, le « dokter-dieu » se réfugie chez sa fille Kitty. En quête d'identité, deux femmes, Kitty et sa fille, vont pousser le vieil homme à revivre les meilleurs, comme les pires moments de sa vie. Qui est cette mère que Kitty a à peine connu ? Et surtout pourquoi ? Pourquoi ce mystère autours de sa mort ? Dévoilée dans un style épuré mais captivant, mêlant fantasmes, souvenirs et réalité, sans jamais perdre le lecteur, leur histoire est racontée à travers l'esprit du vieillard, monstrueusement dominateur. Trois femmes hantent ses pensées : son épouse, qu'il a à la fois aimé et haïe, jusqu'à sa disparition brutale ; la jeune Kitty laissée à la merci de son père, comme éternelle déception du docteur qui « l'aimait trop », avec qui la violence était le seul moyen de communication; et enfin sa petite-fille, qui le dégoûte tellement. C'est ainsi que l'auteure mauricienne Ananda Devi, avec le Sari vert, nous plonge au cœur d'un huis-clos sombre et tourmenté, se développe un dialogue violent, alternance de haine, de tendresse, de colère et de peur entre les trois personnages. Le lecteur se retrouve ainsi happé par ce livre, qui dans toute son horreur, fascine et obsède les pensées du lecteur, longtemps après la dernière page.

Critique de Our Degeneration (Mathilde D) (1302 signes) :

« Écoutez-moi si vous le voulez ou bien foutez le camp. »
Brut ?Violent ? Cru ? Non, beaucoup plus. Dès les premières pages Du Sari Vert, Ananda Devi nous plonge au cœur du vice. Un homme, sur son lit de mort. Autrefois docteur le jour et tortionnaire la nuit. Des deux situations, il n'a conservé que la seconde. Ses victimes ? Les trois femmes de sa vie, radicalement différentes. Sa jeune épouse, morte en silence, sa fille translucide et sa petite fille en quête de liberté. C'est au travers des yeux du monstre, dans un huis clos angoissant qu'on entend l'histoire de cette famille. Cruauté pure, humour grinçant, l'auteur nous enferme dans la souffrance quotidienne de milliers de personnes souvent oubliées par les médias. Grâce à un style piquant parfois même presque dérangeant, elle traite aussi bien de la vieillesse que de l'homosexualité, de la violence que de l'amour. Sans aucun tabou, avec une vérité qui fait mal. Le personnage est antipathique mais on ne peut s’empêcher d'être impressionné. L'intrusion dans ses pensées et ses réflexions les plus profondes est troublante et procure une foule de sentiments contradictoires. On se perd entre souvenirs et dialogues, mêlés sans distinction. Et tout au long d'une lecture compulsive, le monstre nous entraîne dans sa descente aux enfers.

Mélange d'Agathe :
1ère version:« Écoutez-moi si vous le voulez ou bien foutez le camp. »
Brut ?Violent ? Cru ? Non, beaucoup plus. Dès les premières pages Du Sari Vert, Ananda Devi nous plonge au cœur du vice, dans un huis clos sombre et tourmenté, où se développe un dialogue violent, alternance de haine, de tendresse, de colère et de peur. Dans la maison de sa fille Kitty, le « dokter-dieu » va mourir. L'âge et la maladie ont fait de son corps une prison en décomposition pour son esprit aiguisé. Docteur le jour, tortionnaire la nuit, des deux situations, il n'a conservé que la seconde. Ses victimes ? Les trois femmes de sa vie, radicalement différentes. Sa jeune épouse, morte en silence, sa fille translucide et sa petite fille en quête de liberté. Dévoilée dans un style épuré mais captivant, mêlant fantasmes, souvenirs et réalité, sans jamais perdre le lecteur, leur histoire est racontée à travers l'esprit du vieillard, monstrueusement dominateur. (Pourtant, à mesure des provocations, des manipulations, et des bribes de souvenirs troubles qui resurgissent, ces femmes n’éveillent que peu la compassion du lecteur, déstabilisé par leurs paroles crues et acérées.) Ce dernier se retrouve ainsi happé par un livre qui dans toute son horreur, fascine et obsède les pensées du lecteur, longtemps après la dernière page.
2ème version (mélange de Mathilde basé sur celui d'Agathe):

« Écoutez-moi si vous le voulez ou bien foutez le camp. »
Brut ?Violent ? Cru ? Non, beaucoup plus. Dès les premières pages Du Sari Vert, Ananda Devi nous plonge au cœur du vice, dans un huis clos tourmenté, où se développe un dialogue violent, alternance de haine, de tendresse, de colère et de peur. Dans la maison de sa fille Kitty, le « dokter-dieu » va mourir. L'âge et la maladie ont fait de son corps une prison en décomposition pour son esprit aiguisé. Ancien médecin le jour et tortionnaire la nuit. Des deux situations, il n'a conservé que la seconde. Ses victimes ? Les trois femmes de sa vie, radicalement différentes. Sa jeune épouse, morte en silence, sa fille translucide et sa petite fille en quête de liberté. Dévoilée dans un style captivant, mêlant fantasmes, souvenirs et réalité, sans jamais perdre le lecteur, leur histoire est racontée à travers l'esprit du vieillard, monstrueusement dominateur.
Le personnage est antipathique, l'intrusion dans ses pensées les plus profondes est troublante et sa manière de transformer les femmes qui l'entourent en monstre procure une foule de sentiments contradictoires. Pitié ? Dédain ? Le lecteur se retrouve ainsi happé par un livre qui dans toute son horreur, fascine et obsède ses pensées, longtemps après la dernière page.

(Mathilde)



2 commentaires:

  1. Mélange d'Agathe

    « Écoutez-moi si vous le voulez ou bien foutez le camp. »
    Brut ?Violent ? Cru ? Non, beaucoup plus. Dès les premières pages Du Sari Vert, Ananda Devi nous plonge au cœur du vice, dans un huis clos sombre et tourmenté, où se développe un dialogue violent, alternance de haine, de tendresse, de colère et de peur. Dans la maison de sa fille Kitty, le « dokter-dieu » va mourir. L'âge et la maladie ont fait de son corps une prison en décomposition pour son esprit aiguisé. Docteur le jour, tortionnaire la nuit, des deux situations, il n'a conservé que la seconde. Ses victimes ? Les trois femmes de sa vie, radicalement différentes. Sa jeune épouse, morte en silence, sa fille translucide et sa petite fille en quête de liberté. Dévoilée dans un style épuré mais captivant, mêlant fantasmes, souvenirs et réalité, sans jamais perdre le lecteur, leur histoire est racontée à travers l'esprit du vieillard, monstrueusement dominateur. (Pourtant, à mesure des provocations, des manipulations, et des bribes de souvenirs troubles qui resurgissent, ces femmes n’éveillent que peu la compassion du lecteur, déstabilisé par leurs paroles crues et acérées.) Ce dernier se retrouve ainsi happé par un livre qui dans toute son horreur, fascine et obsède les pensées du lecteur, longtemps après la dernière page.

    Je pense que la phrase que j'ai mis entre parenthèse dépend des personnes qui ont lu le livre. Et je ne pense pas que toute la classe serait d'accord pour la mettre. N'hésitez pas à donner votre avis!
    Mathilde

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  2. je préfère le deuxième melange d'agathe, mais je pense que la phrase "Cruauté pure, humour grinçant, l'auteur nous enferme dans la souffrance quotidienne de milliers de personnes souvent oubliées par les médias" serait une phrase importante a mettre aussi ?!
    Ameltee

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